Dans cette série consacrée au TO de niche, nous avons rencontré Jean-François Delvaux. Une passion du « hike » née dans les mouvements de jeunesse. Une forme de tourisme participatif pour répondre à ses besoins intérieurs.
La genèse d’un TO différent
C’est au 153 Rue des Palais à Schaerbeek que Jean-François Delvaux a installé son espace de travail. Le bâtiment est composé de bureaux. Des cabinets d’architectes, une association d’avocats… une ruche urbaine où les employés viennent travailler à vélo.
Derrière lui, des étagères parfaitement rangées et sur une planche en bois, deux écrans d’ordinateur.
Pour nous expliquer la naissance de son projet, il nous parle d’abord du Zaïre où son père travaillait. Une époque qui a noué son ADN. Des souvenirs qu’il évoque comme s’il commentait un album photo. Viennent ensuite les mouvements de jeunesse qui lui ont donné le goût de l’organisation et des valeurs humaines. Le liant avait pris: la passion de l’autre et du voyage se sont mélangées.
Après des études d’architecture et deux ans passés en Amérique du Nord, il se lance dans un périple avec des amis.
« Nous avons acheté un van Mercedes et une Peugeot et sommes partis du Maroc au Mali. Un voyage qui ne s’est pas déroulé comme prévu mais qui s’est pourtant super bien passé » nous dit-il.
Toute la philosophie d’Emotion Planet se construit sur ces quelques moments clefs. L’humain, le sens de la vie et des choses ainsi que le souci de l’organisation sont les socles. « Je n’avais pas envie de foncer. Je voulais prendre mon temps et rencontrer les gens ». Son projet démarre comme dans un camp scout où la patrouille part en hike, sous le regard attentif du staff. Un esprit résolument « sac à dos ».
« Il n’y a aucune destination que j’ai choisie »
Après ces expériences de vie, il monte des activités sport et nature en Ardenne. Puis il décide de quitter le vieux continent pour l’Amérique latine. Nous sommes en 2002 quand il pose le pied sur le continent, le projet de voyages alternatifs naît spontanément.
Ce sont d’abord des amis et la famille qui les réalisent . Au fur et à mesure, le cercle d’amis s’agrandit. Des inconnus adhèrent au principe. « Sur la vingtaine de destinations que je propose, il n’y en a aucune que j’ai choisie. La vie me fait rencontrer une personne qui est dans l’état d’esprit et nous la lançons» nous fait-il savoir.
A contre-courant des modes, ce sont les personnalités rencontrées qui inscrivent une destination dans le catalogue. Pas la mode du moment. En 2003, il s’associe à une agence réceptive en Equateur puis fonde temporairement sa structure de 2006 à 2011. Des To belges adhèrent à son concept. Connections, Sud America Tours et Uniclam.
« Les agences veulent souvent du tout cuit dans le bec»
En 2017, ce TO qui a doublé son nombre de clients en deux ans est en phase de travailler avec les agences et les TO. Une relation avec les professionnels qui existe néanmoins étant donné les collaborations effectives avec Bulles Voyage (Huy), Service Voyages, Voyages Copine et Air d’ailleurs (Leuze-en-Hainaut). Une marge classique de 10 à 14 % de remise est reversée. Le panier de base est de 2200 euros.
Parti de 150 voyageurs en 2015, le TO annonce 450 clients pour 2018. Des quidams qui viennent vers lui, à 90 %, sans passer par une AGV.
Son côté alternatif et à contre-courant des modes étonne souvent les professionnels. « Le public des agences demandent souvent du tout cuit dans le bec » nous fait-il remarquer. Pour les salons, c’est tout naturellement Planète Zen et Valériane qui ont ses préférences.
Des destinations proposées via 4 schémas différents
Leur première formule porte le nom de « Découverte ». Durant 15 jours, sa clientèle va faire six tapes au maximum. Un accompagnateur entoure le groupe (maximum 6 à 8 personnes) qui peut, au fil du temps, préférer un hébergement chez l’habitant ou un hôtel sur place. Les suppléments éventuels sont alors réglés auprès du guide. La seconde proposition se nomme « Au gré du vent ».
Ici, l’accompagnateur est proposé mais il n’y a pas de programme prédéfini. Le guide s’occupe de la logistique. Une formule qui n’est pas applicable dans l’ensemble des pays. Leur troisième proposition porte le titre de « En liberté ».
Le TO s’occupe de l’hébergement et de quelques activités axées sur la rencontre. Par contre pas de guide ! Pour la formule « Immersion », le concept est encore différent. Ici, les clients auront la possibilité de vivre la vie des populations locales, de participer à l’économie du village en accompagnant des pêcheurs ou en réalisant de l’artisanat.
Chez Emotion Planet, 5 % des bénéfices sont reversés dans un projet à New Delhi. Une dizaine d’arbres sont plantés par voyageur lors des destinations lointaines. Les clients sont invités à compenser la dépense carbone.
Jean-François Delvaux ne croit pas au style de voyage actuel à moyen terme : « d’un point de vue écologique, c’est intenable » nous fait-il savoir. « Les gros TO belges ne se préoccupent guère de l’humain. Les agences devraient quitter ces structures qui ne les respectent pas ». Les voyageurs de demain iront, d’après lui, vers des destinations beaucoup plus proches et écologiques.
Infos et réservations : www.EmotionPlanet.com