Au moment où la population polonaise descend dans les rues pour manifester contre les excès dictatoriaux d’un gouvernement nationaliste, la ville de Gdansk n’est pas en reste et Lech Walesa a même repris la parole là où il y a bientôt 40 ans, il a créé avec d’autres ouvriers le mouvement Solidarnosc, devant la porte n°2 de l’ancien chantier naval Lénine qui devint un symbole de la lutte contre le régime communiste dans les années 1980.
Le Centre Européen de Solidarité.
S’il ne reste rien sur le site de l’activité historique du chantier naval, il n’en est pas moins le lieu d’une incontournable visite d’autant qu’en 2014 y a été inauguré un musée consacré à l’histoire du Mouvement polonais pour la solidarité fondé en 1980 pendant la grève du chantier naval de Gdansk.
Planté juste à côté de la fameuse grille où l’icône de la Vierge côtoie le drapeau de Solidarnosc, un bâtiment monumental d’acier rouillé abrite un espace d’exposition permanente et un centre de recherches permettant aux scientifiques de consulter les archives.
Au-delà de la reconstitution de l’histoire du mouvement Solidarnosc, le centre montre aussi combien la naissance de ce premier syndicat sous l’ère communiste a contribué à la fin du joug soviétique en Pologne mais aussi dans les autres pays de l’Europe de l’Est.
Les accords de la Table ronde signés le 5 avril 1989 restaurent les droits à des élections libres qui s’avèreront être un véritable plébiscite pour l’opposition politique représentée par Solidarnosc. Un vent de libéralisation souffle alors en Europe centrale et orientale et aboutira à la chute du mur de Berlin quelques mois plus tard.
La reconstitution des événements au travers de décors authentiques, la multiplication de témoignages et l’utilisation d’outils technologiques interactifs offrent une visite au coeur d’une agora de l’Europe moderne où sont mis en avant les éternels idéaux de liberté, de justice et de solidarité, encore d’actualité aujourd’hui. www.ecs.gda.pl
Le Musée de la Seconde Guerre mondiale.
Sait-on que c’est à Gdansk, sur la péninsule de Westerplatte, que la marine allemande tira les premiers coups de canon de la Seconde Guerre mondiale le 1er septembre 1939 ?
Une petite garnison polonaise résista âprement sept jours durant, ce qui dopa le moral de la population polonaise et après la guerre, le site marqué par une croix et un petit cimetière devint un symbole de la résistance polonaise contre l’envahisseur.
Pas étonnant donc que ce soit à Gdansk que fut inauguré en mars 2017 un espace de 6800m2 entièrement dédié à la seconde guerre mondiale. Avec sa façade angulaire couleur brique rouge, le musée n’est pas sans évoquer un gigantesque obus planté dans le sol.
Tout se passe en sous-sol, de quoi plonger le visiteur dans des ambiances évocatrices des événements qui ponctuèrent ce conflit. La scénographie originale a été conçue par l’entreprise belge Tempora, spécialisée dans l’organisation d’expositions culturelles.
Le plus grand intérêt de ce musée est de présenter le conflit en prenant pour épicentre les pays d’Europe centrale, des territoires parmi les plus dévastés et martyrisés par cette guerre. La Pologne a ainsi perdu quelque six millions de citoyens entre 1939 et 1945, dont environ trois millions de juifs, soit 17% de sa population, le taux le plus élevé à l’échelle mondiale.
Au travers d’objets (comme la reproduction de la bombe atomique suspendue au-dessus de véritables objets vitrifiés par l’explosion), de témoignages, de films, de reconstitutions de décors sobres parfaitement mis en scène (comme une rue en ruines où trône un char russe), le parcours immerge le visiteur dans le quotidien d’hommes et de femmes qui ont vécu ce conflit.
On ne sort pas indemne de cette visite qui dénonce clairement les manipulations de certains discours en Allemagne mais aussi en Italie, en Espagne, en URSS et au Japon. On réalise encore les multiples répercussions du conflit au lendemain des traités qui partagent l’Europe en 2, l’Est et l’Ouest, sans tenir compte des populations. Les dernières images qui tournent en boucle pointent les dérives du XXIème siècle et on est en droit de s’interroger sur la paix dans le monde menacée par des intérêts souvent très personnels sous des discours nationalistes. www.muzeum1939.pl
Gdansk, perle de la Baltique.
Ville mythique au même titre que Varsovie, Cracovie et Wroclaw, Gdansk est l’œuvre commune des Polonais et des Allemands. Sa situation exceptionnelle à l’embouchure de la Vistule sur la mer Baltique lui a permis de devenir dès le XIVème siècle une ville portuaire stratégique, d’abord pour les puissants marchands de la Hanse Teutonique, ensuite pour les Prussiens qui lui donnèrent le nom de Dantzig.
Complètement détruite et réduite à néant par les bombardements allemands et soviétiques, la ville a été entièrement restaurée en respectant une cohérence architecturale éblouissante qui lui a permis de conserver toute son âme.
Ce havre de beauté gothique avec un tissu urbain se manifeste par de superbes alignements de demeures patriciennes colorées, surmontées de pignons sculptés et ornées de portails imposants. De quoi proposer aux touristes un plongeon dans un monde tout en harmonie.
La Voie Royale qui jadis permettait au Roi de faire des entrées majestueuses dans sa ville offre aujourd’hui un parcours unique entre merveilles historiques et une effervescence magnétique qui se vit en croisant des musiciens et des artistes qui attirent les badauds.
L’ancien port sur la Motlawa est aujourd’hui un port de plaisance dont les quais grouillent de terrasses et de petites échoppes artisanales. Gdansk est résolument festive et cosmopolite, avec un cocktail détonnant d’ouvriers endimanchés et de touristes plan de la ville à la main, de familles joyeuses léchant des glaces et de jeunes gens bronzés sirotant des mojitos. Tous signent le même selfie devant la statue de Neptune ou un des voiliers amarrés sur les quais. Les vacances !
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux
Pratique :
Y aller : www.wizzair.com au départ de Charleroi
Infos : www.pologne.travel et www.visitgdansk.com
Se loger : www.hotelhanza.pl idéalement situé le long de la promenade des quais de la Motlawa.
Beau et très intéressant reportage. Il est toujours instructif de se rappeler l’Histoire pour mieux appréhender le présent ! Bravo à Christiane & Charles. Marc Sprengers, travel writer.