La compagnie israélienne avait fait polémique la semaine dernière après avoir cédé aux revendications communautaires de plusieurs passagers juifs ultra-orthodoxes, deux passagères féminines ayant fini par accepter de changer de siège pour éviter à ces messieurs d’être assis à côté d’elles. L’incident avait retardé le départ du vol.
Pas de concession
Suite à la polémique, le CEO de El Al, Gonen Usishkinm, a fait une déclaration publique en précisant que « tout passager qui refuse de s’asseoir à côté d’un autre passager sera immédiatement expulsé de l’avion ».
Depuis plusieurs années, une poignée d’hommes juifs ultra-orthodoxes a perturbé et retardé des vols en refusant de s’asseoir à côté de passagères féminines. Ils citent des règles religieuses strictes, mais le commun des mortels associe ce comportement à de la discrimination envers les femmes.
Décision de justice
L’année dernière, une survivante de la Shoah, Renee Rabinowitz, avait gagné son procès contre la compagnie El Al après qu’on lui avait demandé de changer de siège pour répondre aux exigences d’un homme ultra-orthodoxe sur un vol de décembre 2015. Un tribunal de Jérusalem a depuis établi que El Al n’était pas en droit de demander aux femmes de changer de siège en raison de leur sexe. Le juge a accordé 6 mois à la compagnie pour former son personnel à gérer ce type de situation dans le futur.
Madame Rabinowitz était représentée par le Israel Religious Action Center, le bras armé du mouvement réformiste en Israël. Son directeur exécutif, Anat Hoffman, a ajouté que la compagnie avait encore du travail devant elle pour se conformer aux exigences du juge.
Risque de boycott
L’incident de la semaine dernière avait déjà conduit la compagnie israélienne à s’excuser, mais une autre entreprise israélienne active dans la technologie, l’emblématique et influente NICE, a menacé de boycotter El Al par l’intermédiaire de son CEO Barak Eilam : « Nous ne faisons pas d’affaires avec des entreprises qui discriminent sur base de la race, du genre ou de la religion ».
Hoffman précise : « Nous regrettons que les déclarations du CEO de El Al ne soient pas survenues plus tôt, lorsque ce type de problèmes est apparu il y a déjà plusieurs années et qu’il ait fallu attendre la décision de justice avec le cas de Madame Rabinowitz ».
D’autres voix plus critiques s’interrogent aussi sur le fait que la compagnie ait commencé à prendre et afficher une position claire seulement une fois que l’influente entreprise NICE ait menacé de les boycotter tout en pointant du doigt publiquement leur politique.
Deux leçons dans cette affaire : les intégristes religieux, aussi minoritaires et de quelque bord qu’ils soient, continuent à poser problème, et la réponse de la société civile et du marché s’avère parfois plus efficaces que les moyens légaux.