Nous entamons la dernière partie de notre périple au Cap Nord. La route de Narvik ? 300 km en 5h30 avec un ferry. C’est une bonne moyenne sur une route agréable avec par endroits de l’eau transparente sur des plages de sable fin avec des sommets enneigés en toile de fond. Avec le relief omniprésent et les limitations de vitesse strictes, il ne faut pas espérer accomplir plus de 50 à 60 km par heure.
Le Nord de la Norvège intéressera les passionnés d’histoire militaire, notamment français puisque les Chasseurs alpins y ont combattu. Cette zone a en effet été durement attaquée par les Allemands durant la 2e guerre mondiale. Les nazis ont par exemple détruit une bonne partie de la ville de Narvik où nous sommes passés aujourd’hui. Ils voulaient surtout neutraliser le grand approvisionnement en minerai de fer de cette région vers la Grande-Bretagne. Il existe beaucoup de monuments de commémoration aux Alliés.
La faune (semi-)sauvage
Jusqu’à Tromso (300 km), le principal centre d’intérêt est le Polar Park. Les animaux sauvages ne se montrant guère, nous sommes allés vers eux. Nous avons observé de près notamment des élans, bœufs musqués, rennes, ours bruns, lynx, loups, carcajous,…
Nous avions eu droit à une surprise hier soir: des dauphins ont animé les abords du port où nous logions.
Nous bénéficions chaque soir d’interminables couchers de l’astre solaire.
A minuit, le soleil brillait de mille feux et à minuit trente, il arrive que le coq voisin chantait déjà. Quant aux mouettes et autres volatiles des mers, ils ne sont jamais muets !
Nous sommes à présent en Laponie. Nous avons observé quelques rennes, même 2 imprudents dans un tunnel. Le contact avec les Samis s’est malheureusement limité à quelques boutiques en bord de route.
Des maisons rouges partout
Notre itinéraire nous a offert des panoramas somptueux, notamment en bordure des Alpes de Lyngen et sur le petit col de Kvaenagdfellet. En altitude, la végétation se fait rare.
Les maisons restent colorées. Mais pourquoi sont-elles majoritairement rouge sang de bœuf comme vous l’avez vu dans nos photos ? Autrefois, les Norvégiens utilisaient le sang de l’animal comme pigment. Aujourd’hui, pour protéger le bois, ils peignent les planches avec un mélange d’huile et de poudre de roche concassée. La peinture n’est pas absorbée par le bois. À la différence des peintures classiques, cela permet au bois de respirer, d’absorber et d’évacuer l’eau tout en restant protégé.
Alta et ses incroyables gravures préhistoriques
Ce matin, nous avons pris un bain de… Préhistoire en visitant le musée d’Alta, niché dans un site classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. C’est donc là qu’ont été découvertes depuis 1973 plusieurs milliers de gravures sur pierre. Les hommes et femmes préhistoriques ont représenté des animaux, des scènes de la vie quotidienne (chasse, pêche, fêtes,…), ou encore des humains avec même un skieur. Certaines gravures ont été peintes en rouge afin de permettre une meilleure visualisation.
Après cet arrêt incontournable, notre route nous a fait voir des motoneiges devant les maisons, de superbes falaises et surtout un plateau ressemblant à un désert vert.
Nous avons vu des habitations de Lapons: maisons en bois et chalets pas toujours soignés. Nous ne sommes pas au cœur de la Laponie mais on est bien loin de l’image des campements en toile, des costumes colorés et des troupeaux de rennes. Ce sera peut-être pour une autre fois.
Honningsvàg, avant le Cap Nord
La dernière centaine de kilomètres avant d’atteindre par un tunnel pentu la superbe île abritant le Cap Nord est fabuleuse, en bordure de côtes. Honningsvàg s’impose à nos yeux ; cette jolie petite ville est construite autour d’un port de pêche. Aux alentours, la nature est très sauvage, c’est aussi le royaume des rennes sur terre et des crabes royaux en mer, trop présents par rapport à la faune aquatique locale.
Nous sommes passés d’un jour à l’autre sans nous en rendre compte, aveuglés par le lumineux et même chaud soleil de minuit au célèbre Cap Nord. Ce lieu, aux confins de l’Europe du Nord, dégage une atmosphère particulière. Alors que finalement, c’est un simple spectacle que nous offre la nature, au sommet d’un promontoire débouchant sur une haute falaise. Pour la foule présente à cette heure symbolique, c’est l’aboutissement d’un très long voyage, le plus souvent en van et en mobilhome, mais aussi en vélo pour les courageux cyclistes.
Nous vivons un moment intense qui couronne une vingtaine de journées de voyages au terme d’un itinéraire d’exception.
Texte et photos : Frédéric Van Vlodorp
Lire aussi la première et la deuxième partie de notre carnet de bord