Duel dans l’allée centrale à 30.000 pieds d’altitude

« Quand entre en jeu la possession des armes à feu, les Américains raisonnent selon leur justice. » Je n’ai pas résisté à la tentation de détourner cette phrase d’Umberto Ecco. Chaque citoyen américain, au nom du 2 e amendement de la constitution des États-Unis, a le droit d’acheter librement des armes à feu pour « contribuer à la sécurité d’un état libre. » Donc, par définition pour pouvoir se défendre ou défendre son pays. »

Des patriotes enfouraillés

357 millions d’armes à feu circulent aux États-Unis. Soit en moyenne 85 pour 100 habitants. Des armes qui tuent. Excusez le pléonasme. Mais les dernières statistiques font état de 33 000 morts par an. Un véritable génocide.

Statistique paradoxale, la moitié des citoyens suisses sont armés et le taux de mortalité par arme à feu est l’un des plus faibles au monde. Chacun interprétera ces chiffres comme il le voudra. Mais vous ne m’enlèverez pas de l’idée état, que l’état d’esprit y est pour quelque chose.

Depuis le 1er janvier de cette année il y a déjà eu 34 tueries de masse aux États-Unis. Des chiffres terribles, qui ne risquent pas de changer à court voire à moyen terme.

La N.R.A vieille (National Riffle Association) veille et effectue un lobbying forcené pour éviter tout changement risquant de de perturber les résultats financiers de l’industrie de l’armement. Pourtant, un changement important voit le jour. De nombreux jeunes américains se mobilisent pour tenter de mettre un terme à ce drame national en limitant ou en contrôlant la circulation des armes.

Mais quel rapport avec le voyage me direz-vous ?

Il y en a un, très évident et méconnu. Depuis 15 ans, des milliers de pilotes de ligne américains transportent des armes de poing dans le cockpit des avions. Ils sont officiellement formés pour les utiliser le plus efficacement possible.

Chaque année depuis 2003, les compagnies aériennes américaines forment leurs pilotes au maniement des armes au centre FFDO à Artesia au Nouveau-Mexique. Une formation gratuite, non rémunérée basée sur le volontariat. Une arme est offerte à chaque participant au stage.

Cette formation a pour ambition d’apprendre aux pilotes la meilleure manière de neutraliser (comprendre abattre) les terroristes qui chercheraient à détourner leur avion.

Les pilotes portent leurs armes à la hanche dans le cockpit.

Comme dans les westerns, ce pourrait être un remake du duel dans l’allée centrale de l’avion. L’affrontement final version américaine, supposé clôturer l’éternel combat entre le bien et le mal.

Mais également une manière de laver l’affront subi il y a 17 ans lorsque quatre avions américains furent détournés en 74 minutes avec toutes les conséquences dramatiques que l’on connaît.

L’histoire aurait été sans doute différente si les services de sécurité avaient vu les lumières rouges des portiques clignoter lorsque les terroristes sont passés sous les portiques des détecteurs d’armes. Mais on ne refait pas l’histoire. Et en Amérique, prévention, ne rime pas toujours avec action.

En espérant que les passagers ne subiront aucun dommage collatéral, comme des balles perdues par exemple.

François Teyssier

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