Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a décidé de donner 10 milliards de dollars pour lutter contre le réchauffement climatique. Certains applaudissent et d’autres critiquent en disant qu’Amazon est un grand pollueur et que Bezos ferait mieux de d’abord nettoyer sa propre maison.
Jeff Bezos, le patron d’Amazon est connu pour être l’homme le plus riche au monde. Avec une fortune personnelle estimée à 115 milliards de dollars, il n’a effectivement pas de souci de fin de mois. Je rappelle aussi que cet homme est parti de rien. Ce n’est pas un héritier. Amazon, cette firme emblématique, il l’a fondée seul avec son épouse. Bravo l’artiste.
Mais aujourd’hui, il fait la Une des médias car il a décidé de donner (je dis bien donner) 10 milliards de dollars à un fonds destiné à lutter contre le réchauffement climatique. C’est un record absolu. Aux Etats-Unis, par exemple, les dons cumulés liés à la lutte contre le réchauffement climatique sont de l’ordre de 500 millions de dollars par an.
Et comme toujours quand quelqu’un fait un beau geste, il y a immédiatement des commentaires négatifs. Le premier, je vous le résume : « Il a donné 10 milliards de dollars, mais il reste quand même l’homme le plus riche du monde ». Oui, et alors, que voulait-on ? Qu’il ne donne rien ?
C’est vrai que ce don ne représente que 7.7% de sa fortune, mais tout de même, ce n’est pas une raison pour amoindrir son geste. D’autant que ce n’est pas la premier. En septembre 2018, Jeff Bezos avait déjà donné 2 milliards de dollars pour aider des familles sans abri et construire un réseau d’écoles Montessori. Ca c’est pour la première critique.
La deuxième est déjà plus justifiée. Au fond, « Jeff rachète les erreurs ou les fautes de Bezos », comme l’écrivent joliment mes confrères du quotidien L’Echo. C’est vrai qu’Amazon est une société très polluante.
Elle ne s’en cache plus puisqu’elle a publié pour la première fois son empreinte carbone : on parle de 44 millions de tonnes de CO2 d’émissions directes, soit 600.000 camions citerne d’essence, ou si vous préférez, l’équivalent de la moitié des émissions de la Belgique, comme l’ont calculé mes confrères de l’Echo. C’est énorme évidemment. Mais là encore, doit-on se braquer sur le constat ou sur ce qui change dans la bonne direction ?
La bonne direction, c’est que Jeff Bezos s’est engagé personnellement à la neutralité carbone d’Amazon à horizon de 2040, soit quand même dix ans avant ce qui est prévu dans les accords de Paris sur le climat (que soit dit en passant personne ou presque ne respecte).
En attendant, Amazon a déjà commandé 100.000 camions de livraisons électriques à Rivian, un constructeur du Michigan, dans lequel Amazon a aussi investi. Greenpeace a réagi à ce don de 10 milliards de dollars en demandant à Bezos de d’abord nettoyer sa propre maison. C’est vrai qu’Amazon pousse à une surconsommation par définition polluante et c’est vrai aussi qu’Amazon n’a pas les meilleures pratiques sociales du monde.
Mais comme toujours, faut-il se braquer sur le verre à moitié vide ou à moitié plein. Je préfère personnellement la deuxième option car d’autres entreprises sont dans le même cas et, elles, ne font aucun don pour sauver notre planète.
Il ne s’agit bien entendu pas de donner le bon Dieu sans confession à Jeff Bezos mais d’au moins saluer son geste. C’est drôle, je ne sais pas si Jeff Bezos est croyant mais au Moyen-Age, on aurait appelé cela le commerce des indulgences.
A l’époque, les personnes qui avaient quelque chose à se reprocher achetaient auprès de l’Eglise une indulgence pour diminuer leur temps au purgatoire.A moins que plus simplement, Jeff Bezos se soit souvenu de ce que disait Andrew Carnergie, un ancien milliardaire américain qui avait réalisé sa fortune dans l’acier. Je le cite : « L’homme qui meurt riche meurt aussi dans la disgrâce. »