Le Haut-Karabagh est une république auto-proclamée qu’aucun pays membre de l’ONU n’a jusqu’ici reconnu. La France pourtant a dans les cartons de l’Assemblée Nationale un projet de loi pour la reconnaissance de ce petit État, coincé entre l’Arménie et l’Iran, avec quelques kilomètres de frontière commune avec la Turquie. Le pays est grand comme un tiers de la Belgique, et très peu peuplé : seulement 150.000 habitants. Sa capitale est Stepanakert.
Les amateurs d’histoire sauront que le pays faisait dans l’Antiquité partie du royaume de l’Urartu, avant d’être intégré dans une vaste Arménie. Cette grande Arménie a été divisée au 4e siècle quand Romaines et Perses Sassanides se la sont partagée, état de fait qui est à l’origine des conflits entre Arméniens et Perses d’abord, entre Arméniens chrétiens et musulmans d’Iran et de Turquie ensuite.
En 1804 éclate la guerre entre Russes et Perses (ou Iraniens), une guerre qui dure 9 ans et se termine par le traité de paix de Golestan qui attribue le Haut-Karabagh à la Russie. Dans l’Union Soviétique qui succède à l’empire russe, le pays est très disputé entre deux « républiques autonomes », celle de l’Arménie et celle de l’Azerbaïdjan.
L’armée arménienne intervient après le massacre des Arméniens de Chouchi en 1919, et crée une « République arménienne de la montagne », traduction du mot Karabagh. Une indépendance bien éphémère qui se termine en 1921, après que les révolutionnaires russes se soient emparés manu militari de la région et qu’ils en aient chassé les Arméniens.
Lors de la « glasnost » de 1988, le pays, comme ses voisins l’Arméniee et l’Azerbaïdjan, se proclame indépendant, ce que les Azéris contestent violemment, alors qu’il n’y a pourtant que 25% d’Azéris contre 75% d’Arméniens sur ce territoire. Une fois de plus, ce sont les Arméniens qui subissent les pogroms. Entre 1990 et 1992, c’est la guerre ouverte, avec des massacres dans les deux camps.
En 1998, l’ONU arrive à imposer un fragile cessez-le-feu, mais en 2016 la guerre reprend, durant 4 jours, suite à une attaque azerbaidjanaise, relativement bien contenue par l’armée du Haut-Karabagh aidée par l’Arménie.
En 2017, un référendum conforte le pays dans sa volonté d’indépendance, et à une majorité écrasante : le pays change de nom et devint la République d’Artsakh.
En 2020, la population de Stepanakert subit des bombardements ventant d’Azerbaïdjan, avec en sous-main l’aide de la Turquie, l’ennemi ancestral (et religieux) de l’Arménie.
La guerre reprend donc, avec des troupes mercenaires dans lesquelles on trouve des Syriens, de Libyens, des Iraniens, fournis en arme par… Israël ! Comme quoi, l’argent n’a pas d’odeur, même pas celle des camps.
On l’aura compris, le Haut-Karabagh n’est pas à proprement parler une destination touristique… Mais un jour viendra, on l’espère, où tous les peuples du monde vivront en paix, dans le respect des croyances et des cultures. Il faudra beaucoup de temps, mais cela viendra. Alors les touristes pourront goûter aux charmes du climat chaud de l’été, et bien moins froid de l’hiver qu’il ne l’est en Arménie.
En attendant, quelques pays, faux-pays, régions, Etats dans l’Etat, font de leur mieux pour reconnaître le Haut-Karabagh : c’est le cas de l’Ossétie du Sud, par exemple, ou de l’Uruguay, ou encore de Rhode Island et quelques autres Etats américains, et de la Nouvelle Galle du Sud en Australie. Eu Europe, outre le projet de loi français, la province espagnole de Guipuscoa a reconnu le pays, et les Basques ont voté une motion en faveur de la reconnaissance.
Un jour, le Haut-Karabagh sera une destination. Un jour.