Une semaine de vacances à Rennes à pied, en vélo, en bus, en voiture électrique louée pour les excursions hors ville et en train ! Sans oublier le choix d’un hôtel dont la démarche soucieuse de l’environnement a été saluée par l’obtention de l’éco label européen. Pari réussi et en fait très aisé à vivre. En voici les clés !
L’idée est née en décembre dernier quand les médias ont annoncé que la SNCF lançait dès le 16 décembre une nouvelle ligne à grande vitesse entre Bruxelles et Rennes, à raison d’une liaison aller-retour quotidienne pour chaque jour de la semaine.
Soit 4h30 de voyage très confortable avec une arrivée dans la capitale bretonne en début de soirée et un retour sans doute matinal mais peu dérangeant avec un hôtel à 8 minutes à pied de la gare d’autant que le départ vers 6h30 du matin offre la possibilité de vivre encore sa journée en Belgique.
Rennes du patrimoine
Malgré une population officielle de quelque 215.000 habitants, la ville n’en est pas moins une métropole singulière, d’abord parce qu’elle reste à taille humaine et on la traverse aisément à pied en arpentant les nombreuses rues piétonnes du centre historique.
Elle possède aussi la plus grande concentration de maisons à pans de bois du Grand Ouest qui rythment le fil de la balade d’autant qu’elles sont en général toujours occupées, entre autres par des commerces de bouche et des bars.
Enfin de vastes places souvent fleuries donnent à admirer des édifices emblématiques comme celle du Parlement de Bretagne joyau et symbole de la ville, aujourd’hui palais de justice du département d’Ille-et-Vilaine, ou encore celle de la Mairie où avec sa façade concave, l’hôtel de ville du 18ème siècle semble s’emboîter parfaitement avec celle convexe de l’Opéra qui lui fait face, ou mieux encore la place de la République, dominée par le majestueux palais du Commerce percé d’une arcade au niveau du pavillon central qui ouvre ainsi un passage entre le centre ancien, bourgeois et commerçant largement reconstruit après l’incendie de 1720 qui détruisit 40% de la ville, et les faubourgs sud jadis plus populaires mais aujourd’hui en passe d’afficher de nouveaux lieux contemporains comme les Champs Libres sur la vaste esplanade Charles de Gaulle, un espace culturel atypique et novateur dans une structure de verre et d’acier signée par Christian de Portzamparc.
On peut aussi citer la toute nouvelle gare de Rennes avec son bâtiment aéré tout en longueur surmonté d’un toit translucide en forme de bulles d’air ondulées.
Largement piétonne, la ville concentre aussi une offre de commerces foisonnante avec de nombreuses boutiques indépendantes, autant d’enseignes originales et artisanales. Par ailleurs en été, les Rennais aiment fuir leur ville pour se réfugier à la côte où nombreux sont ceux qui y possèdent une seconde résidence.
Autant de plaisir pour le touriste qui s’approprie d’autant plus facilement les espaces. Mais attention, les terrasses des restaurants sont vite envahies par ceux qui connaissent les lieux tendances ou qui y ont leurs habitudes et il importe de réserver sa place pour en profiter d’autant que Rennes s’avère une véritable étape gastronomique qui va bien au-delà des célèbres crêperies.
Rennes de la nature
Même si le fleuve de la Vilaine est recouvert sur une grande partie de son cours au cœur de la ville ne laissant de son souvenir que le nom des anciens quais qui alignent de beaux immeubles historiques, il attire les promeneurs le long des chemins de halage qui commencent juste au bout de la Place de la République, là où sur un terrain en forme de proue Jean Nouvel a construit un étonnant édifice largement vitré avec des murs végétaux, des pergolas et des balcons revêtus de bois autour d’espaces plantés.
On a choisi de louer un vélo électrique pour suivre un itinéraire qui depuis le quai de la Prévalaye, juste en face de l’immeuble « Jean Nouvel » va nous mener tranquillement d’une écluse à l’autre aux étangs d’Apigné bordés d’une jolie plage de sable bien appréciée durant cet été chaud par les amoureux de la bronzette.
On a poursuivi par une boucle très agréable qui fait le tour des étangs et qui se révèle un parcours santé pour les plus courageux. Au retour une halte au MeM, un lieu de culture aménagé sous un espace forain mais surtout signalé par une jolie guinguette de tables écologiques construites avec de simples palettes en bois éparpillées sous les arbres. On se sent en vacances !
Le lendemain on franchira de la même manière la dizaine de kilomètres du chemin de halage qui longe le canal d’Ille-et-Rance jusqu’à la petite ville de Betton, à découvrir pour son sympathique marché dominical qui s’étire le long de l’eau.
Les chemins de halage de part et d’autre du canal sont bien aménagés pour y pratiquer le vélo ou la course à pied. L’écluse de Saint-Grégoire et son ancien moulin offrent une pause agréable pour y déguster nos fruits achetés au marché.
La plus grande partie du cours du canal est alimentée par le lit de l’Ille qui à Rennes se jette dans la Vilaine, dans une zone naturelle préservée appelée les Prairies inondables de Saint-Martin. Un espace de biodiversité en passe de réaménagement pour devenir un des poumons verts urbains de Rennes.
Jadis cet axe liquide servait à transporter des marchandises et des hommes mais supplanté par le chemin de fer plus rapide, le canal s’est depuis ouvert aux plaisanciers, aux pêcheurs, aux sportifs de tout poil et aux promeneurs. En fait la nature n’est jamais loin à Rennes.
Déjà au célèbre Marché des Lices qui réunit chaque samedi quelque 300 agriculteurs producteurs, artisans transformateurs alimentaires et fleuristes. Ils y accueillent depuis bientôt 4 siècles (1622) les Rennais qui y cheminent, panier en main et papilles en éveil.
Ce serait le second plus grand marché de France qui rassemble au pied des façades à pans de bois et des hôtels particuliers tout ce que la région fait de mieux en gastronomie. Les étals débordent de générosité et de gourmandise.
Autre lieu de rendez-vous inévitable des Rennais, le parc du Thabor, soit une dizaine d’hectares aménagés en plein centre de la ville. Une roseraie de près de 2000 variétés de roses, des arbres remarquables dont certains affichent deux cents ans, un jardin à la française au pied des serres de l’orangerie, un jardin botanique, une jolie volière, une aire de jeux pour les enfants et un enclos à canards, de quoi attirer les promeneurs jour après jour qui ne s’en privent pas.
Aux alentours de Rennes
Incontournables, les Jardins de Rocambole à quelque 18 km au sud de Rennes méritent le détour. Pour s’y rendre on a choisi la formule de la location d’une voiture électrique, la petite Zoé de chez Renault qui s’est révélée performante, confortable et bien agréable à conduire.
S’égarer dans les jardins potagers et botaniques conçus par Luc Bienvenu sur près de 7000 m2, c’est d’abord s’offrir un voyage éco-artistique voire même poétique. Il faut dire que ce jardinier est aussi un visionnaire passionné de recyclage de différents matériaux qu’il transforme en structures paysagères insolites autour desquelles croissent des parterres de fleurs soigneusement aménagés pour donner l’impression de bouquets sauvages.
Les objets insolites émaillent le parcours comme ce claustra construit avec des fourchettes tordues et blanchies qui devient un arbre à oiseaux entre deux espaces jardins, ou cette famille de hauts personnages façonnés avec des calebasses séchées qui semblent arpenter les lieux à nos côtés. Quelques miroirs cernés de plantes surprennent en ouvrant de nouvelles perspectives.
On est charmé par ce patchwork qui mêle le végétal et le minéral en ouvrant la porte aux rêves. « Pour faire un jardin il faut un morceau de terre et d’éternité », une phrase de Gilles Clément qui sonne ici dans la bouche de Luc comme un adage.
Le lendemain, on a retrouvé notre petite Zoé pour une escapade vers le nord cette fois, à une cinquantaine de km, à Fougères, une des anciennes places fortes du duché breton qui surveillaient l’envahisseur français.
En vain, puisque le mariage de François Ier avec la fille de Anne de Bretagne allait sonner le glas de l’indépendance bretonne. L’imposant château-fort de Fougères reste un imposant témoignage de cette époque d’autant qu’il a conservé une douzaine de tours qui se reflètent dans l’eau des douves.
La plus belle vue panoramique sur le quartier médiéval de la ville dominé par l’imposante enceinte de la forteresse qui aligne coursive, tourelles et créneaux se découvre depuis le belvédère du jardin public créé au pied de l’église St-Léonard doté de gargouilles en forme de canons tournés vers la campagne environnante.
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux
Infos pratiques
Y aller : Autant rejoindre la capitale bretonne en TGV au départ de Bruxelles depuis qu’en décembre dernier une ligne directe Bruxelles Midi-Rennes a été ouverte avec un voyage quotidien https://be.oui.sncf.
Depuis Rennes rien de tel que la location d’une petite Zoé électrique pour partir en excursion https://rennesmetropole.citiz.coop. Le coût pour deux journées avec une assurance tout risques, 85 euros.
Enfin Rennes a été la première ville du monde à s’équiper d’un vélo en libre-service informatisé. C’était en 1998 et aujourd’hui le principe reste le même avec le Vélo STAR, une solution souple pour visiter la ville et ses environs www.levelostar.fr .
Sites à consulter : www.tourisme-rennes.com; www.ot-fougeres.fr; www.jardinsrocambole.fr;
Lieux culturels insolites : La Criée, un centre d’art contemporain implanté dans le bâtiment du marché central construit en 1923 www.la-criee.org; le FRAC, fonds régional d’art contemporain de Bretagne, un des plus importants en France www.fracbretagne.fr; les Ateliers du Vent, un collectif d’artistes et un lieu de convivialité www.lesateliersduvent.org
Se loger : A mi-chemin entre la gare et la vieille ville, le Garden Hôtel, un hôtel à taille humaine autour d’un patio verdoyant paisible, une véritable oasis dans la ville www.hotel-garden.fr . A noter que les produits offerts au petit-déjeuner sont issus pour la plupart d’entre eux de producteurs locaux auprès de qui les propriétaires de l’hôtel s’approvisionnent directement.
Un réservoir à compost est installé dans le patio pour qu’y soient déposés tous les déchets verts ainsi que marc de café et sachets de thé. Enfin le jardin arboré d’un vieux chèvrefeuille abrite des nids d’oiseaux qui accompagnent les levers matinaux !
Se nourrir : A Rennes les produits du terroir breton, de la terre à la mer toute proche, sont sublimés par des cuistots créatifs. Incontournable, la crêperie Saint-Georges dans une belle demeure à pans de bois offre un large éventail de galettes sarrasines autour des Georges célèbres www.creperie-saintgeorges.fr.
On a été bluffé par le jeune cuistot du restaurant Debrin qui improvise dans sa mini-cuisine un menu surprise en fonction du marché et de son inspiration www.debrin-restaurant.fr .Oh my biche, un coffee shop tendance aux plats à la fois sains et gourmands, idéal pour un déjeuner www.ohmybiche.fr .
Chez @Pierrerestaurantdecopains, un franc bistrot qui fait plaisir avec en toile de fond une cuisine fraîche du marché inventive. Le must c’est Paris-Brest, le restaurant gastronomique de la gare où Christian Le Squer, le chef triplement étoilé du « Le V » à Paris, a renoué avec ses origines bretonnes en confiant les rênes de cette table à son jeune chef Benjamin Le Coat avec qui il concocte d’anciennes recettes qui mettent la Bretagne à l’honneur pour un prix doux www.parisbrest.bzh.