La Somalie est divisée en provinces que le pays a bien du mal à garder sous son contrôle. C’est ainsi que le Somaliland a déclaré son indépendance, tandis que le Puntland qui nous occupe a demandé -sans l’obtenir- son autonomie.
C’est un très vaste territoire six ou sept fois plus étendu que la Belgique et relativement peu peuplé au regard de son climat et de sa géographie : un peu moins de 5 millions d’habitants.
Le choix du nom de Punt, ou Pount en français, est très symbolique : il s’agit de rattacher ce pays à la tradition multimillénaire venue d’Egypte, et donc a liu donner des racines légendaires, sur lesquelles nous reviendrons ci-dessous.
La Somalie a été l’objet involontaire des « jeux » de la Guerre Froide, aidée d’abord par l’URSS, qui choisit ensuite d’aider plutôt l’Ethiopie, ce qui fit basculer la Somalie dans le camp américain, jusqu’à la fin de la guerre froide où le pays fut tout simplement laissé pour compte. C’est alors le temps des guerres civiles entre Somalie et Somaliland, plus ou moins arbitrées par l’ONU jusqu’en 1994. Et depuis les luttes internes portent plutôt sur l’application de la loi islamique.
En 1998, le Pount se déclare autonome, en grande partie parce qu’il est habité par une ethnie différente de celle de la Somalie, et il trouve là l’occasion de fédérer ses divers clans de l’ethnie Darod. La capitale de Somalie, Mogadiscio, est loin, à près de 1000 km, et l’Ethiopie soutient évidemment les mouvements séparatistes propres à affaiblir son ennemi traditionnel, la Somalie. En plus de cela, les peuples du Nord (Somaliland et Puntland) se considèrent comme plus développés économiquement que ceux du sud -éternel problème Nord-Sud!
Ce n’est pas tout : le Pount et le Somaliland se disputent aussi, parce que leur frontière commune n’est pas fixée et ne correspond pas aux limites des clans.
La ville principale du Pount est aussi un port : Bosasso. Il existe une route partant de là vers Mogadiscio, et l’aéroport est relié à Dubaï, Oman et le Yemen.
Mais revenons sur ce pays de Pount, déjà mystérieux dans l’Antiquité. Il avait une aura de légende, comme le pays du Prêtre Jean que l’on situait en Inde ou en Ethiopie : il faut dire que dans l’Antiquité, on utilisait le mot « Inde » pour désigner tous les pays au sud de l’Egypte.
Dans l’Egypte antique, on disait que pour atteindre le Pount, il faut passer par le « wad wr », le Grand Vert pour certains, l’eau verte pour d’autres. On pensait alors à la mer… Rouge, imaginant que le Pount pouvait se trouver en Arabie. D’autres pensaient que l’eau verte était le Nil, qu’il fallait remonter, en franchissant les cataractes et en portant les bateaux pour les éviter. En effet, le Nil en crue prend parfois la couleur verte quand il charrie des plantes arrachées à la forêt et aux rivages.
Les dernières hypothèses abandonnent le Nil pour revenir à la Mer Rouge, d’où l’on atteint le Pount en allant vers l’Ouest, entre l’Érythrée et Khartoum. Il reste que le commerce, lui, n’était pas légendaire : on échangeait les denrées alimentaires d’Égypte contre des trésors de l’Afrique Noire, des minéraux et des métaux précieux, du bois d’ébène, de l’encens et de la myrrhe, des aromates, des épices, et des animaux alors extraordinaires tels que la girafe.
Il semble, au regard de tout ceci, que les actuels habitants du Pount se sont purement et simplement appropriés le nom légendaire et prestigieux, profitant du fait qu’on n’arrive pas à localiser vraiment le pays. À moins qu’une très ancienne tradition locale s’est perpétuée de génération en génération, et que finalement, ces habitants aient raison: ils sont du Pount !
Avouons que pour le tourisme, il faut aimer l’aventure en plus d’avoir le goût du risque. La population côtière se livre au piratage dans le golfe d’Aden, ce qui n’incite pas les navires de croisière à s’y rendre. On comprend mieux pourquoi les navires de marchandise sont tellement gigantesques : l’escalade y est impossible.