Elle a été turque, indépendante, russe, ukrainienne, indépendante, et enfin russe à nouveau. Mais qu’est-ce qui peut bien attirer les convoitises en Crimée ?
Il faut remonter à Catherine la Grande, Impératrice de « toutes les Russies » au 18e siècle. Elle fait la guerre à la Turquie, qui occupait Sébastopol, sur la rive nord de la Mer Noire. La Crimée en profite pour déclarer son indépendance : il est vrai que sa population n’est pas russe, encore moins turque : la presqu’île est depuis « toujours » occupée par les Tatars de Crimée.
Catherine ne laisse pas au « pays » le temps de s’y croire : elle l’annexe, tout simplement, trop tentée de disposer pour sa flotte d’un grand port qui contrôle de près son voisin turc, et donnant accès, si la paix revient, à la Méditerranée orientale. Toujours bon à prendre.
Les Tatars n’ont pas eu beaucoup de veine depuis qu’au 15e ou 16e siècle, ils ont pris possession de la péninsule, venant de leur Asie Centrale au climat beaucoup moins doux. Déjà durant la Première Guerre mondiale, ils se font laminer par les Russes. Lors de la suivante, Staline les accuse même de trahison et les déporte : retour en Asie Centrale par wagons entiers ! Et dans l’autre sens, il repeuple la région avec des Russes.
Après 45 ans d’exil, les Tatars sont autorisés à rentrer « chez eux », mais entretemps, la Russie avait « offert » le territoire à l’Ukraine. Et puis en 1992, l’U.R.S.S. éclate, et la Crimée en profite pour se déclarer indépendante de l’Ukraine… pendant 5 jours ! Après, elle change d’avis. Même velléité de départ en 2014, et sécession qui dura… 1 seul jour ! La Russie fait main basse, ou récupère si on veut, la péninsule de Crimée.
Sur place, les Tatars, très minorisés, n’ont pas voix au chapitre. Les autres habitants, russophones, n’ont ni préférence ni a attachement à aucun de leurs grands voisins. Mais ils en ont à leur argent ! Lequel est dans des banques locales. Or la monnaie ukrainienne a été interdite : tout profit pour l’Etat russe, mais une population finalement très frustrée.
Le tourisme en Crimée dépend essentiellement de l’obtention d’un visa. Mais une fois sur place, c’est assez dépaysant : c’est la Russie avec un climat méditerranéen. La côte est assez sauvage, entrecoupée de quelques plages relativement bien équipées.
Il y a quelques ruines (grecques entre autres) vraiment intéressantes, un monastère troglodytique, un bon demi-millier d’hôtels du traditionnel au plus moderne. L’artisanat local ? disons qu’il faut aimer… La cuisine subit toutes les influences mondiales, on n’a aucun mal à trouver un restaurant russe, italien, japonais, etc.
Nous n’avons pas essayé récemment de nous y rendre, mais il semble que c’est toujours par Kiev qu’il faut passer, malgré le changement de souveraineté. Mais rien n’est moins sûr : aucun site de réservation n’accepte même la destination Sébastopol… Il vaut donc mieux avoir de très bonnes relations en Russie !