Le Forum de Davos, réunion annuelle de l’élite mondiale, vient de refermer les portes de sa 47e édition. Les médias parlent beaucoup des grands patrons ou des chefs d’État qui y participent, mais Davos, ce n’est pas que la réunion des riches et des puissants, c’est aussi un rendez-vous d’économistes influents, d’universitaires distingués ou d’intellectuels.
Ils étaient tous là, pendant quelques jours, dans cette station de ski suisse, pour débattre de l’avenir du monde. Et le mot qui est revenu sans cesse dans les débats, c’est populisme. Normal, ce populisme exprimé par le Brexit, le vote Trump, le « non » italien ou la montée des partis populistes en Europe est en réalité un phénomène de rejet des élites. En gros, des participants au Forum de Davos.
Les grands patrons redoutent la politique protectionniste de Donald Trump, car en surfant sur la colère de ses concitoyens, les mesures qu’il veut prendre pourraient conduire à une guerre commerciale, dont tout le monde sortirait perdant. Y compris et surtout les classes populaires qui ont voté pour Donald Trump. La raison ?
Le protectionnisme n’a pas de sens quand la production, les chaînes de valeurs sont fragmentées sur plusieurs pays ou continents. Prenez le cas de l’iPhone: il est assemblé dans un seul endroit, mais ses composants proviennent de différents endroits du monde. Comment pénaliser un pays davantage que d’autres ? Cela n’a aucun sens !
Mais selon plusieurs participants au Forum de Davos, le populisme va continuer à prendre de l’ampleur, car les hommes politiques vont exploiter la peur et l’angoisse de leurs concitoyens. Pour Martin Sorrel, le patron de la plus grande agence publicitaire du monde, demain, la peur ne viendra plus de la mondialisation, mais bien de la révolution numérique. Et en particulier de l’intelligence artificielle, qui va détruire les emplois des cols blancs, les cadres moyens et supérieurs qui s’estimaient protégés d’un licenciement par leurs diplômes.
« Il est impossible d’avoir un consommateur confiant et un salarié inquiet »
Nos confrères des Echos ont noté que l’un des participants au Forum de Davos s’est même inquiété de voir l’intelligence artificielle créer ce qu’il faut bien appeler… des réfugiés numériques. Un seul exemple de cette peur: l’élection de Trump et l’arrivée de la voiture autonome (pur produit de l’intelligence artificielle) ne sont pas des phénomènes étrangers l’un à l’autre.
La meilleure preuve, indiquent Les Echos, c’est que dans les 26 États américains où le métier de chauffeur est la profession la plus répandue, donc les États les plus susceptibles de perdre des jobs à cause de la voiture autonome, c’est Donald Trump qui y est arrivé en tête !
Bref, les élites de Davos ont compris que l’anxiété de la classe moyenne est désormais un problème économique que les économistes devront scruter de près. Normal, il est impossible d’avoir à la fois un consommateur confiant et un salarié inquiet, a fait remarquer le patron de Microsoft.
Prenez l’exemple d’une grande banque belge qui a annoncé des licenciements massifs, notamment pour tenir compte des nouvelles contraintes du numérique. À l’heure où j’écris ces lignes, les noms des personnes concernées ne sont pas encore connus. Pour réduire l’angoisse du personnel, on a déjà trouvé mieux comme système …