Dans les Gorges et sur le Causse en roue libre

Le vélo est un des meilleurs moyens pour découvrir la Lozère. Road-movie sur deux jours le long du Tarn et dans les hameaux caussenards, à la redécouverte de la nature et des rencontres étonnantes.

Mon escapade débute à Ispagnac, où commencent les gorges du Tarn, pas très loin du Mont Lozère où il prend sa source. Je laisse très vite derrière moi l’église romane et les nombreuses plantes aromatiques de Laurence Bonel, pour filer à Quézac, où son eau minérale l’a rendu prospère.

Pour atteindre Castelbouc, la route s’élève et les mollets se durcissent. Arrive Sainte-Enimie et ses ruelles médiévales. L’endroit est tout indiqué pour une pause café. Je croise un bon groupe de cyclistes d’Albi.

«Evadez-vous à travers la Lozère sauvage, lâche Nicole, employée à l’office du tourisme, à Sainte-Enimie. Nous proposons des sentiers balisés extraordinaires, 80% des touristes viennent pour la randonnée. »

Sainte Enimie revit à l’office du tourisme

Personnage authentique que cette dame, qui a été engagée pour ses grandes connaissances de la région. A plus de mille ans de différence, on la confondrait avec la princesse mérovingienne Enimie, qui aurait été guérie de la lèpre par les eaux de la source de la Burie.

Vautour« Elle ne voulait pas se marier, c’est ainsi qu’elle a été victime de la lèpre. Moi, j’ai un compagnon, avec lequel je vis dans un hameau où se trouvent moins d’une quinzaine de personnes. On ne s’ennuie jamais. Nous coupons du bois, on va aux fêtes dans les environs. Ici, on ne parle jamais en kilomètres, mais en temps. » À peine reparti, Saint-Chély se propose et s’impose.

« C’est ici que débute le premier chemin le long du Tarn, raconte Rose Guevarra, l’hôtelière. À l’année, nous sommes quatorze à vivre ici. Un autre chemin mène au Causse. Lorsqu’il y avait des élections, il n’y avait ni droite, ni gauche, seulement les candidats du Causse et ceux de la vallée. La grand-mère de mon mari était l’institutrice avec parfois trois élèves. »

Les bateliers

Autre bijou, après Prades, Pougnatoire et Hauterive, voici La Malène et ses barques. Alors qu’au temps jadis, elles avaient un rôle strictement utilitaires, aujourd’hui, elles oeuvrent pour le tourisme.

«Il est possible négocier avec le batelier pour qu’il embarque le vélo, sourit une jeune allemande, qui accomplit un tour de Lozère. On peut ainsi découvrir des sites qu’on ne peut approcher et voir qu’en barque, comme la grotte de la Momie ou la dame à l’ombrelle au-dessus de La Croze. »

2-La route des gorges du Tarn, avec dans son voisinage les cirques des Baumes et de Saint-Marcellin, me conduit au Rozier, à la limite de la Lozère et l’Aveyron, où la Jonte rejoint le Tarn. Déjà 53 kilomètres, l’endroit semble approprié pour arrêter, d’autant que dans le ciel depuis quelques kilomètres, les vautours planent au-dessus de ma tête. C’est pourtant à Meyrueis, que je passerai la nuit.

De borne en borne

Le lendemain, après une courte visite de l’ancienne cité lainière et tailler une bavette avec quelques cyclistes toulousains, je prends la direction du causse Méjean. En quelques lacets, la rumeur de la route des Gorges se tarit. Le chemin grimpe entre les étendues. Sur le Causse, un nouveau monde s’ouvre à moi. Des hommes et des femmes vivent ici. Ils n’ont pas d’autres choix que de composer avec la nature. Et c’est immense! La faune et la fore s’y déploient en toute liberté.

La route s’élève aussi, de borne en borne, j’apprends que je pédale à mille mètres d’altitude, ce n’est pas une découverte, les mollets me le rappellent constamment. Ici, je tutoie les alouettes des champs, les mouflons et les chevaux sauvages …

Le cheval de Przewalski

Originaire de Mongolie, ce cheval est l’ancêtre du cheval domestiqué que nous connaissons tous. Peu à peu, sous l’influence de l’homme et des catastrophes climatiques, cette espèce sauvage s’est éteinte. En 1960, il n’était plus présent que sous forme captive dans des zoos.

Chevaux de PrzewalskiC’est pour redonner à cette espèce sa nature sauvage qu’en 1993, l’association TAKH a décidé de composer un troupeau de onze chevaux issus de zoos et d’en faire un élevage en semi-liberté.

Le site du Causse Méjean a été choisi pour ses caractéristiques proches de celles de l’habitat d’origine de ces chevaux : la Mongolie. Le but de cette opération étant de redonner à ces chevaux leur instinct sauvage pour pouvoir les réintroduire en Mongolie.

Hommage aussi à une architecture où la pierre entretient un lien entre le sol et le bâti, où les toitures tombent souvent jusqu’au sol. Que dire de ces villages semi-troglodytes ?

Le retour vers les gorges se fait par une route vertigineuse, je crois même voir le causse Sauveterre et le causse Méjean s’entrecroiser. Plus d’une fois, je m’arrête pour faire plaisir à mes yeux.

Comment y aller 

Par la route, Ispagnac se situe à 1.000km de Bruxelles. Le moyen le plus rapide est l’avion. Chaque lundi et vendredi, au départ de Charleroi, Ryanair propose un vol pour Rodez en Aveyron. Ceci de Pâques à la Toussaint.

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