Cumul de jobs, faux indépendants… Quel avenir pour le marché de l’emploi?

En Belgique, un indépendant sur trois ne dépend financièrement que d’un seul client. C’est ce que révèle la dernière enquête de Securex, dont nous parle aujourd’hui Amid Faljaoui.

Aujourd’hui encore, le statut social qui fait rêver le plus les Belges, c’est bien entendu celui de salarié avec un contrat à durée indéterminée. Le conseil supérieur pour l’emploi l’a encore fait remarquer dans son dernier rapport, en Belgique, 90% des salariés sont encore en CDI. Mais ce rapport n’a pas empêché le secrétariat social Securex de se pencher sur les nouvelles formes d’emplois, autrement dit, ces emplois qui ne correspondent pas au statut salarié ou d’indépendant totalement autonome.

Les résultats de cette enquête sont assez édifiants: elle montre par exemple une véritable croissance de travailleurs qui sont dans la forme indépendants mais qui en réalité sont très dépendants d’un seul et unique client! En clair, on est à la limite du faux indépendant. D’ailleurs, les chiffres de cette enquête de Securex le démontrent: des indépendants qui n’avaient qu’un seul client, c’est-à-dire dont les revenus proviennent à plus de 75% d’un seul client, ne représentaient que 13% du nombre total des indépendants en 2010. Cinq ans plus tard, en 2015 donc, cette proportion est montée à 29%!

« En cinq ans, la proportion des indépendants qui n’ont qu’un seul client est montée de 13 à 29%! »

Ce genre de chiffre pourrait laisser à penser qu’on assiste à une précarisation du travail en Belgique, comme c’est déjà le cas ailleurs et notamment aux Pays-Bas. Mais comme signalé plus haut, ce n’est pas encore le cas vu que 90% des salariés sont encore en CDI. Mais c’est vrai que la tendance de fond est là. Mes confrères du journal L’Echo ont donné la parole à des experts qui estiment que l’avenir dépendra de la manière dont les entreprises belges « vont remplacer la génération des baby-boomers – autrement dit, des 45-65 ans – qui s’apprêtent à quitter le marché du travail dans les années à venir ».

En clair, est-ce que les entreprises vont remplacer cette génération par des contrats de salariés CDI ou par de nouvelles formes d’emplois comme on en trouve beaucoup aujourd’hui, soit des temps partiels, des emplois temporaires ou des indépendants isolés? Personne n’a encore de réponse.

En revanche, une autre enquête de Securex montre que le statut d’indépendant complémentaire a la cote. Et le plus étonnant, c’est que les personnes qui prennent ce statut en plus de leur statut de salarié ne le font pas principalement pour arrondir leurs fins de mois comme on pourrait le penser, mais surtout par passion.

En tout cas, c’est ce que 41% d’entre eux ont dit aux enquêteurs. Comme quoi, entre les indépendants qui dépendent d’un seul client et les salariés qui sont obligés de prendre un job complémentaire pour s’épanouir, il y a de quoi s’interroger sur l’avenir de notre marché de l’emploi. Ce sera sans doute le grand chantier des futurs gouvernements au niveau fédéral. Sans quoi, comme l’expliquent mes confrères de L’Echo, nous risquons d’aller vers une multiplication des conflits sociaux.

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