Croisière: la grande transhumance des paquebots

Les ventes de paquebots se poursuivent. Les armateurs, touchés de plein fouet par la pandémie, se débarrassent des unités les plus anciennes et les moins rentables. Dans certains cas, comme Cruise & Maritime Voyages, Pullmantur ou encore Jalesh, on assiste à la liquidation des actifs de compagnies qui n’ont pas survécu à la crise. Le mouvement pourrait bien s’accentuer dans les mois à venir.

Plusieurs de ces navires devraient cependant être convertis en hôtels flottants, en particulier au Moyen-Orient, où l’on observe un curieux début de concentration. Cela a commencé avec l’Albatros, paquebot de 205 mètres, 28.000 GT de jauge et 800 passagers vendu par le voyagiste allemand Phoenix Reisen afin d’être transformé en hôtel flottant en Egypte, dans le port d’Hurghada.

Ses deux sisterships, les Boudicca et Black Watch, ont quant à eux été vendus par la compagnie britannique Fred Olsen pour être également convertis en hébergements flottants, cette fois en Turquie.

Deux anciens paquebots de CMV ont également pris le chemin du Moyen-Orient après leur vente aux enchères : le vénérable Marco Polo, (176 mètres, 22.000 GT, 820 passagers) datant de 1965, qui avait quitté le Royaume-Uni fin novembre, est entré dans le golfe Persique et se trouve désormais au mouillage devant Dubaï. Désormais classé comme « general cargo », repris par un acheteur inconnu, il est question qu’il soit aussi transformé en hôtel flottant.

Autre vétéran de la croisière, le Magellan, l’un des deux ex-navires de CMV rachetés en octobre par l’armateur grec Seajets, qui profite manifestement de la crise pour acquérir des paquebots à très bas prix. Le paquebot de 222 mètres, 46.000 GT et 1450 passagers a poursuivi sa route vers Suez et fait officiellement route vers le port omanais de Duqm.

Dernier paquebot en date appelé à rejoindre cette « transhumance », l’Empress of the Seas (211 mètres, 48.500 GT, 1840 passagers) sorti en 1990 des Chantiers de l’Atlantique et dont l’armateur américain Royal Caribbean vient de se séparer, en même temps que le Majesty of the Seas (1992, 268 mètres, 74.000 GT, 2700 passagers), acquis par un repreneur basé dans la région Asie-Pacifique, dont le nom n’a pas été révélé.

Deux sisterships du Majesty, les anciens Sovereign (1987) et Monach (1991) ont terminé cet été chez les démolisseurs turcs d’Aliaga.

Tous ces navires ne serviront pas d’hôtels flottants dans le cadre d’activités touristiques au Moyen-Orient, le marché régional n’étant pas suffisant pour une telle capacité. Ces bateaux pourraient cependant servir éventuellement d’hébergements flottants, durant la période de la crise sanitaire, par exemple pour les nombreux travailleurs étrangers présents dans la région du golfe Arabo-persique.

Certains observateurs avancent aussi l’hypothèse d’un début de concentration de capacités hôtelières en vue de la coupe du monde de football qui se déroulera fin 2022 au Qatar.

[Source : Mer et Marine]

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