A Almaty au Kazakhstan considérée comme le berceau de la pomme nous recevrons chacun une pomme rouge. Depuis que le Turkménistan n’ouvre plus ses portes aux étrangers quels qu’ils soient, nous passerons par le Tadjikistan et il n’est pas exclu qu’un prochain voyage intègre également le Kirghizistan tant ces cinq pays d’Asie centrale créés artificiellement en 1922 par Staline s’emboîtent les uns dans les autres.

C’est ce voyage en train que nous avons testé en octobre. Et pour avoir croisé plusieurs voyageurs qui avaient déjà fait le Transsibérien (à bord duquel ses voyages sont aujourd’hui annulés), il semble bien que Lernidee – l’entreprise spécialisée dans ces croisières ferroviaires – ait répété sur le Silk Road la même formule que celle qui a fait le succès du Tsar’s God.

Tout avait commencé en 1986 quand Hans Engberding, un allemand, a organisé un cours de langue russe sur le chemin de fer transsibérien. Ce fut un tel succès que le voyage a été présenté dans le New York Times. De quoi donner à Hans Engberding l’idée de fonder une entreprise qui allait répéter cette destination d’année en année en ne donnant plus de cours de langue mais bien un aperçu de la culture, de l’histoire et des paysages de la région transsibérienne lors de voyages exclusifs.

Le nom de l’entreprise veut évoquer cette naissance : lern pour learn, apprendre et idee pour idées. Depuis 2000, Lernidee installé en Allemagne est devenu le numéro un des agences de voyage pour l’organisation de séjours exclusifs sur des trains privés en Russie et ailleurs dans le monde : le Jewel of the Desert en Afrique du Sud, le Spanish Symphony qui traverse l’Espagne du Nord au Sud ou l’Al Ándalus qui part de Lisbonne vers Barcelone, le South Caucasus qui relie Batumi en Géorgie à Baku en Azerbaïdjan, et enfin le Orient Silk Road Express qui offre un parcours unique au cœur de l’Asie Centrale.

Notre train arrêté au village de Karataka dans le désert de Kizil Kum

Une belle occasion de remonter le temps le long de l’antique route caravanière de la Soie au cœur de steppes immenses, de montagnes majestueuses et d’oasis légendaires. Nous allons parcourir quelque 4100 kilomètres en une quinzaine de jours depuis Almaty, l’ancienne capitale du Kazakhstan jusque Tachkent capitale de l’Ouzbékistan en découvrant au fil des escales différentes facettes de cette région du monde qui ne manque pas de sites classés à l’Unesco !

Avant que les Soviétiques ne s’emparent de toute la région, il y avait 3 khanats dont les capitales étaient toutes en Ouzbékistan. Pour casser les ethnies et toute idée de séparatisme, Staline a dessiné des frontières improbables avec de nombreuses entités enclavées et les 5 nouvelles capitales se sont toutes trouvées proches des frontières pour empêcher également toute tentative d’autonomie. Les 5 républiques, indépendantes depuis 1991, sont encore marquées par l’héritage soviétique que nous découvrirons lors de notre périple.

Rien de tel que le train pour capturer des images de la vie locale le long de notre périple

Ne croyez pas que l’Orient Silk Road Express soit un train de luxe comme l’on parle d’un hôtel de luxe mais ce train affrété spécialement pour ce voyage permet de découvrir la région dans un confort remarquable sans avoir à parcourir de longues distances en bus sur des routes pour la plupart mauvaises. Nous passerons toutes les frontières en douceur dans notre cabine après avoir confié nos passeports à notre « chef de voiture » qui nous les restituera le lendemain. Comme pour une croisière fluviale ou maritime, nous déposons nos bagages dans notre cabine et ne devrons plus en changer. Nous aurons cependant le plaisir de retrouver le confort d’un hôtel pour 2 nuits à Samarcande et une à Boukhara et un simple sac de voyage suffira pour l’occasion. Nous aurons aussi l’occasion de suivre dans notre restaurant les conférences passionnantes de notre accompagnatrice, une archéologue chevronnée, qui nous aideront à décoder l’histoire et la culture des régions traversées si éloignées des nôtres. Chaque jour nous poserons pied à terre pour partir à la découverte de villes modernes, de sites Unesco, de folklore, de villages perdus dans le désert, de bazars colorés et de restaurants sous la treille ou chez l’habitant.

Comment nous serons entraînés dans une petite fête locale pour danser avec nos hôtes.

Le train propose au moins deux formules de compartiments. Nous avions choisi la plus simple, celle de la catégorie Aladdin avec deux banquettes sans doute étroites (70cm sur 190cm) mais toutes deux situées au niveau inférieur contrairement aux cabines de type Khalife qui offrent deux lits, un inférieur plus large de 120cm sur 184cm et un supérieur de 80cm sur 174cm. Notre formule nous évitait d’avoir à grimper ou à descendre durant la nuit. La catégorie Khalife offre aussi une salle de bain personnelle complète tandis que la catégorie Aladdin propose une douche commune et deux toilettes au bout du wagon. Il faut s’inscrire sur un avis affiché sur la porte de la vaste salle de bain pour y prendre sa douche et à l’usage, cela n’a jamais posé de problème durant le voyage. Les habitants d’un même wagon finissent par former une petite famille d’autant que nous laissions les portes ouvertes pour profiter du paysage sur les deux côtés du train. La différence de coût entre les deux formules s’élève quand même à 4000 euros par personne, ce qui n’est pas rien.

Notre cabine catégorie Aladdin

Il faut aussi souligner la qualité des services et des prestations à bord. Chaque wagon est veillé par deux « chefs de voiture » qui peuvent répondre à vos besoins à toute heure du jour comme de nuit. Un médecin particulièrement efficace est également à bord. Chaque jour nous trouverons deux bouteilles d’eau minérale dans la cabine et les serveurs du restaurant se décarcassent pour assurer un impeccable service de table. La gastronomie, que ce soit dans le train ou dans les restaurants fréquentés, ne nous laisse aucun souvenir impérissable, sans doute parce qu’elle se répète d’un lieu à l’autre, tributaire de l’isolement de ces régions et des conditions désertiques qui ne facilitent pas la culture maraîchère. Un exemple, les fruits proposés durant deux semaines ont été à chaque repas melon et pastèque, juteux à souhait en cette saison mais nous avons sans doute perdu l’habitude de nous contenter de fruits de saison… Enfin, last but not least, un guide ouzbek francophone nous a accompagnés durant tout le voyage laissant toutefois la parole au Kazakhstan et au Tadjikistan à des guides locaux. Il s’est avéré disert à souhait pour nous apporter le maximum d’informations sur notre environnement.

Pour être complets, nous étions une quarantaine de passagers dont 18 francophones, les autres se partageant entre germanophones et anglophones. Deux restaurants étaient ouverts pour assurer les repas en un seul service. Chaque groupe avait son guide et nous étions souvent accueillis en VIP dans les gares. Nous avons même eu la chance de voir nos tables se déployer sur le quai de la gare de Chakhrisabz autour d’un repas en formule barbecue avec dégustation de vins ouzbeks. En ce début d’octobre les journées étaient ensoleillées dans ces régions continentales et les soirées particulièrement douces, ce qui a également largement contribué au plaisir de cette croisière ferroviaire.

Préparation de notre soirée barbecue au pied du train

Information : Nous avons voyagé avec Voyages d’Exception, le spécialiste des voyages et croisières francophones avec conférenciers, www.voyages-exception.fr qui propose cette croisière ferroviaire l’an prochain toujours avec Chantal Forest en conférencière. Vous pouvez également découvrir les informations sur tous les voyages en trains proposés par Lernidee www.lernidee.de

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