Dubaï vit en ce moment une crise silencieuse : les prix de l’immobilier ont chuté et le chiffre d’affaires de ses « malls », les gigantesques centres commerciaux, a aussi chuté. La faute à qui ? Aux Qataris qui ne viennent plus dépenser leurs sous à Dubaï. Mais les Qataris ne le font plus, car ils sont interdits de séjour à Dubaï.
Pour beaucoup d’Européens, Dubaï est synonyme de richesse, de tours extravagantes et d’argent qui coule à flots. C’est bien simple, cette ville-monde est devenue un lieu touristique incontournable en quelques années. Mais ce que le touriste ne voit pas, c’est que cette ville est en crise, une crise silencieuse. Personne n’en parle, car à Dubaï et plus généralement dans les Emirats Arabes Unis, il n’est pas trop recommandé de dire tout haut ou d’écrire que les affaires vont mal.
Cette crise aurait pu être évitée. Depuis 2017, sous l’influence et la pression de l’Arabie saoudite, Dubaï et les autres Emirats Arabes Unis ont décidé de punir leur voisin, le Qatar. Les Qataris qui vivaient à Dubaï ont eu royalement deux semaines pour faire leurs bagages et quitter le pays. Ce qu’on reproche au Qatar ? C’est d’avoir des liens avec l’Iran et les frères musulmans. Et donc, ni une ni deux, depuis 2017, il y a un embargo maritime et aérien à l’encontre du Qatar.
Le souci, c’est qu’on est un peu dans l’histoire de l’arroseur arrosé. Après avoir été sonné par cet embargo, le Qatar s’est ressaisi, et grâce à ses immenses richesses gazières, ce micro-Etat a trouvé de nouvelles sources de ravitaillement alternatives. En revanche, Dubaï souffre le martyre.
Les « malls », ces fameux centres commerciaux sont toujours aussi impressionnants à Dubaï, mais si vous parlez avec un responsable sous couvert d’anonymat, il vous dira que leur chiffre d’affaires a fortement baissé depuis que les Qataris ne peuvent plus venir faire du shopping chez eux.
Pire, les prix de l’immobilier ont dégringolé d’un bon tiers si pas plus et ont atteint le niveau de 2009. Souvenez-vous, à l’époque Dubaï avait été touchée par la crise et n’a pu éviter la faillite que grâce à l’argent d’Abou Dhabi, le puissant voisin de Dubaï. D’ailleurs, la plus haute tour de Dubaï a été rebaptisée du nom de l’émir d’Abou Dhabi pour le remercier.
Ce qui manque aussi, c’est une forme de confiance. Les investisseurs étrangers ont vu que Dubaï n’a pas pris de gant pour expulser en deux semaines les Qataris qui vivaient sur leur sol, et ils se disent que s’ils font cela à leurs frères du Golfe, que peuvent-ils faire à quelqu’un qui ne leur ressemble pas et qui ne parle pas leur langue.
Pour passer le cap de cette crise silencieuse, les autorités misent sur l’exposition universelle de 2020 qui va amener 20 millions de visiteurs et fera de Dubaï une vitrine mondiale. Mais que fait-on après ? La réponse se fait encore attendre.
Amid Faljaoui, à Dubaï