Le nombre de morts liés au Coronavirus grimpe chaque jour et la Bourse reste de bonne humeur alors que les risques de ralentissement de l’économie mondiale sont réels.
Ma dernière chronique consacrée à la Bourse et à l’épidémie de Coronavirus a suscité pas mal de réactions. Raison pour laquelle, je reviens aujourd’hui sur ce thème.
Pourquoi l’indice phare de la Bourse de New York, le fameux S&P 500 ainsi que l’indice phare des valeurs technologiques, le non moins célèbre Nasdaq, sont à des records historiques, alors qu’au même moment, nous apprenons que le nombre de morts imputable au Coronavirus a dépassé les 1700 personnes.
Les plus cyniques diront que pour le moment cette épidémie tue nettement moins que la grippe et qu’on ne fait pas autant de foin médiatique pour la grippe. Les plus pessimistes diront qu’il y a encore trop d’incertitudes liées à la progression du Coronavirus pour baisser la garde. Bref, à défaut de paniquer, il faut rester vigilant.
Lorsque l’on sait qu’historiquement la Bourse est une grande trouillarde, et déteste l’incertitude, on ne comprend pas sa bonne humeur actuelle. Surtout que toutes les études économiques montrent que cette épidémie aura des conséquences sur la croissance mondiale, ne serait-ce que parce que des zones géographiques représentant presque 50% du PIB de la Chine sont sous quarantaine, avec des déplacements limités des personnes et des usines et des entreprises tournant au ralenti lorsqu’elles ne sont pas fermées. Alors, comment expliquer cet optimisme des Bourses avec ce genre de constat ?
D’abord, les investisseurs se focalisent sur un précédent historique d’épidémie : le fameux SRAS de 2003 dont l’impact négatif a été limité dans le temps. Les investisseurs se disent que ce sera le même scénario pour le Coronavirus. Ensuite, comme la Chine tourne au ralenti et que c’est le premier pays consommateur de matières premières au monde, le cours des matières premières a chuté. C’est plutôt positif pour les pays occidentaux et importateurs de matières premières. Le malheur des uns fait le bonheur des autres et explique le calme de la Bourse.
Et puis, comme les taux d’intérêt sont au plus bas, et que les obligations d’Etat les plus solides ne rapportent rien, les investisseurs n’ont pas d’autres choix que de se tourner vers les actions pour trouver un peu de rendement. Comme les derniers résultats des entreprises cotées n’étaient pas mauvais, les investisseurs sont rassurés. Voilà qui explique le paradoxe actuel.
Mais les économistes les plus sérieux savent aussi qu’à cause du Coronavirus, l’économie mondiale n’a plus de matelas de sécurité. Il ne faudrait pas un deuxième choc. En clair, les Iraniens, les Coréens du nord, et tous les autres dictateurs ou dirigeants populistes du monde entier sont priés de rester calmes jusqu’à ce qu’on trouve un vaccin pour le coronavirus.