Cordoue et ses paradis cachés (2)

Les écuries royales de Cordoue fondées en 1570 sont contigües à l’Alcazar et abritent de bien séduisantes cavalières

Cordoue, une ville masquée où une baie dans un mur cache un passage qui débouche sur une placette en cul-de-sac, abondamment fleurie de jardinières accrochées aux murs chaulés. Au fil des rues, des grilles en fer forgé laissent apercevoir des cours ornées de colonnes, de fontaines, d’arcades, de pots de fleurs et de tableaux.

Havre de paix et de tranquillité, le patio cordouan offre un lieu de vie clos où il fait bon se retrouver en profitant d’un ombrage bienvenu lors des étés toujours chauds dans le sud andalou.

L’eau est au cœur des jardins de l’Alcazar, son seul murmure suffit à lui donner vie.

A l’époque romaine, le patio servait d’agora, de lieu de rencontre. Quand les arabes ont conquis la péninsule ibérique, ils ont conservé le modèle de la maison romaine mais ils ont décoré les cours de parterres de fleurs et y ont creusé des puits.

Ces jardins clos sont devenus des espaces de repos et de divertissement. Toutes les pièces de la maison donnent directement sur la cour, soit à travers les fenêtres et les balcons, soit à travers les arcades qui soutiennent des galeries ouvertes.

Chaque patio raconte le même combat pour gagner un peu d’ombre et de fraîcheur. Mais il témoigne aussi du manque d’horizon et du besoin de s’offrir un paysage.

Rumeurs, odeurs et couleurs, tels sont les axes autour desquels se décline le patio cordouan. Murmures des fontaines de marbre rosé ou de pierre recouverte de carreaux de faïence, chants des oiseaux enfermés dans de petites cages suspendues entre les arbustes. Parfums des célestines, des bougainvillées, des rosiers pimprenelles qui grimpent le long des murs et des colonnes.

Ailleurs, ce sont des ficus, des orangers ou des citronniers qui s’accrochent sur un espalier. Des socles de pierre servent de support à d’autres jardinières, envahies de jasmins bleus et de lauriers roses.

De nombreux patios sont jalousement gardés secrets derrière les hauts murs des venelles.

Certains murs sont recouverts de dizaines de pots de géraniums rouges qui s’élèvent si haut qu’il faut se servir d’une longue canne dont le bout maintient un récipient qui permet d’arroser les fleurs.

Jardins raffinés qui explosent de couleurs délicatement parfumées et qui créent le miracle de la quiétude au cœur de la ville.

Il reste encore près de 400 mètres de l’ancienne muraille crénelée élevée par les maures autour de la ville. Une statue de Averroes, un écrivain arabe né à Cordoue et éminent philosophe, se trouve adossée à la muraille.

L’Unesco y a reconnu aussi un lieu de rassemblements interculturels qui encourage un mode de vie collectif durable basé sur des liens sociaux forts avec les voisins, les réseaux de soutien mutuel et d’échange, la connaissance et le respect de la nature.

Les patios connaissent leur heure de gloire au cours du festival de mai quand les propriétaires de lieux clos ouvrent leurs portes au public qui peut ainsi partager avec eux cette ambiance paisible en journée et festive le soir.

En soirée d’un patio à l’autre, les Cordouans savent où se rendre pour écouter pleurer les guitares.

A lire ou relire : Cordoue et ses paradis cachés (1)


Infos pratiques : www.turismodecordoba.oprg. Notez que les patios peuvent se découvrir durant toute l’année par le biais de visites guidées. La vieille ville distille un irrésistible pouvoir de séduction qui lui vaut d’être un joyau classé Patrimoine de l’Humanité par l’Unesco depuis 1984. Incontournable visite, celle de la Mezquita qui exprime l’essence même du califat de Cordoue.

Une époque empreinte de tolérance, où musulmans, juifs et chrétiens cohabitaient et prospéraient. Opposés à toutes les ségrégations religieuses, les émirs et califes musulmans ont voulu ériger Cordoue en capitale du savoir.

 

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