Oui bien sûr me direz-vous, c’était un acteur holywoodien qui fut le partenaire, le mari et l’amant de Liz Taylor. Vous n’avez pas tort, mais figurez-vous qu’il avait un homonyme, peut-être même plusieurs, car ni le nom, ni le prénom ne sont rares, mais un d’entre eux était un fameux personnage.
Mon choix de lecture se porte volontiers sur des romans historiques ou à connotation exotique. C’est ainsi que j’ai mis la main sur un roman dont le titre « Le pire caprice d’Allah » n’a vraiment rien à voir avec le contenu qui est l’histoire de la quête de la source du Nil, par un certain Richard Burton et son ami John Speke, tous deux explorateurs au XIXème siècle.
Pour moi, tant que le Nil coule et fertilise l’Égypte, peu me chaut qu’il vienne d’Ouganda, du Congo ou d’Ethiopie. Savoir où se situe sa (ou ses) source(s) n’a aucun intérêt et de plus ça ne rapporte rien à personne. Mais si !
Au XIXème siècle, siècle qui fut le siècle de l’exploration de l’Afrique, des gens investissaient leur fortune personnelle pour financer une expédition, étaient prêts à affronter la jungle, la chaleur, l’humidité, les moustiques, les mouches tsé-tsé, les scorpions, les serpents et les crocodiles, sans compter les populations autochtones pour la plupart hostiles et pratiquant le cannibalisme.
Pourquoi ?
Pour être reconnus par la National Geographic Society comme le découvreur de telle ou telle chose. En l’occurrence, ici, la source du Nil. Fallait-il être c… pour ainsi chercher la gloriole, qui comme chacun le sait est éphémère. La preuve ? C’est que vous ne connaissez pas ce Richard Burton-là.
Le pire de tout, c’est qu’il a échoué. Il a en effet cherché du côté du lac Tanganika alors encore inexploré, pour revenir en arrière tant il était malade. Cela s’était tellement mal passé que le matériel destiné à effectuer des relevés avait disparu : perdu ou volé. Il fallait donc pouvoir monter une autre expédition. Il a finalement été vérifié bien plus tard, que le Nil est alimenté par l’eau du lac Victoria, situé plus au Nord.
Pourtant le Richard Burton dont je vous parle n’est pas n’importe qui.
Déjà, physiquement, c’était un géant au poil noir, arborant une impressionnante moustache, il ressemblait probablement plus à Raspoutine qu’à un anglais moyen blond-roux. Grandement intéressé par le sexe, car dans ses rapports de voyage, il s’est intéressé aux coutumes des tribus rencontrées en la matière.
Ce qui, soit dit en passant, n’était pas un sujet convenable à l’époque victorienne. Il n’était donc pas indifférent à la sexualité, mais on ne sait trop s’il préférait les femmes ou les hommes.
Ce fait n’a rien à voir avec l’intérêt du personnage, mais pour rappel, à cette époque, et pour longtemps encore, l’homophilie était considérée comme un crime dans les Etats de sa gracieuse majesté. On comprend dès lors qu’il ait été extrêmement discret sur sa vie intime.
Doué pour les langues
Enfin, j’en viens au fait. Son nom a été retenu pour la postérité pour ses explorations, ses écrits et ses recherches, mais pas que…. Ce drôle de personnage était ce que l’on nomme un orientaliste, qui non seulement pratiquait différentes langues européennes comme le français, l’allemand ou l’espagnol, mais pouvait également s’exprimer, en indi, en ourdou, et surtout en arabe chose bien utile en Afrique de l’Est où les seuls blancs que l’on rencontrait étaient des Arabes esclavagistes.
Il semble en outre qu’il avait la faculté d’apprendre rapidement les rudiments de langages étrangers, ce qui le servait évidemment pour communiquer avec les populations locales. Mais il n’a été explorateur que quelques années de sa vie, il avait débuté sa carrière dans l’armée et il l’a terminée dans la diplomatie.
Il a profité de ses différents postes pour parfaire sa connaissance des langues et étudier les populations indigènes. Prenant beaucoup de notes, il a pu publier différents ouvrages mais son leg est intéressant dans un autre registre. Sa connaissance de l’arabe lui a permis de traduire l’intégralité des Contes de Mille et une Nuit et de les faire publier.
Il a en outre traduit en anglais et fait publier le Kama Sutra, ce qui dans la prude Angleterre Victorienne fut un fameux pavé dans la marre ! Merci donc à Richard Burton, sans lui, nous n’aurions peut-être jamais connu Shéhérazade, ni l’escarpolette du Népal, ni la brouette de Zanzibar !
N.B. Richard Burton fait l’objet d’un long article dans wikipedia, mais ce qui est le plus impressionnant, c’est de voir le nombre de livres, de films ou de séries qui ont été consacrées ou font référence cet érudit très singulier.