Concurrence déloyale entre Régions et Pays frontaliers: des agences wallonnes tirent la sonnette d’alarme !

Un fidèle lecteur de Pagtour, et propriétaire d’agences de voyages, Alain Degen, nous a fait parvenir ses réflexions. Il avait, auparavant, discuté et partagé le contenu avec différents collègues. Nous vous livrons, tel quel, le résumé qu’il nous a transmis. Indiscutablement concurrence il y a, mais le « Politique » est-il capable de comprendre cela ??

Marketing politique et non-assistance à entreprises en danger

Voilà plus d’un an que nos entreprises d’agences de voyages sont gravement malmenées par la crise sanitaire, et doivent accuser des pertes de chiffres d’affaires abyssales.

Depuis mars 2020 l’état Wallon, comme l’état flamand et nos voisins limitrophes, se sont mis en quête de voter des aides ‘Covid’ à notre secteur, et une étude rapide démontre, chiffres à l’appui, que ces aides, en Wallonie, sont entre 10 et 40 fois inférieures aux aides non seulement flamandes, mais aussi de nos pays voisins !!! Qui plus est les délais de liquidation de ces aides prennent chez nous entre 2 et 4 mois alors qu’en Flandres elles sont liquidées dans des délais quasi immédiats.

Ces aides en Wallonie sont évidemment très largement relayées par les médias, et annoncées à des niveaux qui font rêver tous les patrons d’AGV … sauf que les plafonds appliqués à ces aides nous font très vite déchanter.

Il y a là une situation de nature à créer des distorsions de concurrence inconcevables entre les AGV Wallonnes et celles de nos voisins, ce qui se traduit d’ores et déjà sur le terrain, et nous met à la merci de nos concurrents flamands, français, allemands ou hollandais.

Nos associations professionnelles, différentes initiatives individuelles de patrons d’agences, voire d’agences regroupées, obtiennent des réponses souvent très politiciennes, et se heurtent à la lourdeur et au désintérêt de certains de nos dirigeants wallons qui continuent à décider des aides non proportionnées à la taille de nos entreprises respectives, ce qui nous maintient dans cette situation profondément inique depuis des mois.

Nos entreprises wallonnes et bruxelloises valent-elles moins que les entreprises flamandes ?

Bruxelles et la Wallonie n’ont-elles réellement pas les moyens de nous aider à passer le cap, alors qu’on nous annonce des plans de relance en milliards d’euros pour nos régions ? Notre secteur et ses salariés ne seraient-ils donc pas éligibles à ces plans de relance et pourquoi ?

Et enfin, devons-nous nous résoudre à courber l’échine et accepter comme une fatalité incontournable que la Wallonie et Bruxelles sont des régions inférieures économiquement, et par voie de conséquence, nos entreprises et leurs salariés seraient-elles des sous-entreprises par rapport à celles de nos voisins directs ?

Il me semble impossible de nous résoudre à cette fatalité ! Néanmoins, si des mesures d’aides financières enfin proportionnées à la taille de nos entreprises, et à la hauteur de ce qui se fait chez nos voisins directs, ne sont pas très rapidement décidées, il est évident que la capacité de rebond de nos entreprises sera largement hypothéquée, et totalement incomparable avec celle de nos voisins, et nous mettrons des années à nous remettre de cette crise, au moins pour ceux qui en ont la capacité.

Qui plus est, nos entreprises wallonnes et bruxelloises seront une fois de plus une proie de choix pour des acteurs étrangers de notre secteur qui n’auront plus qu’à faire leurs emplettes à vil prix dans nos régions.

Depuis le 9 mai, l’interdiction des voyages est passée d’interdite à ‘fortement déconseillée’, nous avons donc enfin rouvert certaines de nos officines, et voyons revenir avec bonheur une proportion de nos clients qui, avides de voyages, sont prêts à braver les multiples barrières et incertitudes qui rendent encore et toujours très compliqué l’acte de voyager.

« Cette situation ramène certes les clients vers nos bureaux, mais certainement pas de façon rentable, chaque vente étant compliquée et chronophage »

Et pourtant, certains de nos médias et dirigeants aimeraient laisser planer l’idée que tout est reparti à la normale dans notre métier, que nous sommes même face à une reprise en V, et pourquoi pas de facto, limiter voire annuler les mécanismes d’aides à notre secteur.

Notre réalité est malheureusement bien différente, et même si un retour certain de la demande est sensible, nos agences vivent avec beaucoup de difficultés l’obligation de jongler entre les multiples règles nationales et internationales, les codes couleurs, les ouvertures puis annulations de vols des airlines, toutes données qui changent de jour en jour dans l’espace et dans le temps. Ce qui assimile le travail de nos agents à évoluer dans un véritable champ de mines.

Ne rêvons pas !

Certes, restons positifs, voir nos bureaux se réanimer après des mois de fermeture, est une réelle satisfaction tant pour nos patrons que pour nos salariés et nos clients.

Néanmoins ne rêvons pas, le chemin du retour à une pseudo-normalité est encore long, et si nos dirigeants wallons ne se décident pas à nous aider réellement et correctement à sortir de cette crise historique, et dans la durée, nous devrons attendre des années pour récupérer le terrain perdu, en contemplant impuissants la rédemption rapide et dynamique de nos confrères flamands, français, hollandais, luxembourgeois ou allemands, qui pourront, eux, utiliser les ressorts de cette crise, bien assumée par leurs états respectifs pour rebondir très rapidement.

Il existait une opportunité historique dans cette crise, pour nos dirigeants, de demander la collaboration de notre secteur qui aurait pu faire partie de la solution, plutôt que de nous ranger dans la catégorie des problèmes. C’était l’occasion rêvée de revaloriser une profession de conseil, malheureusement cela restera un rendez-vous manqué.

Alors que faisons-nous pour changer la donne ?

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