En 2004, Patrick le Lay, ancien patron de TF1, avait choqué la France entière et avait réussi à coaliser tous les intellectuels contre lui avec une simple phrase: il avait dit que le métier de TF1 consistait à vendre du temps de cerveau disponible à des annonceurs comme Coca-Cola !
Ce n’était évidemment pas l’idée que se faisait le public de la mission ou de l’objet social d’une télévision, mais en réalité, Patrick le Lay ne disait que la stricte vérité, même si celle-ci était dérangeante et maladroite dans la formulation !
Sa phrase était même prémonitoire, car lorsqu’il l’a formulée, l’usage d’Internet était encore loin d’être aussi massif qu’aujourd’hui ! Depuis lors, avec les ordinateurs portables, les tablettes, les smartphones, les télévisions connectées, le marketing digital, etc. la pub digitale fait partie de notre quotidien !
Il est donc vrai que tous ces terminaux ont considérablement augmenté le temps passé par les consommateurs sur les médias. Mais la contrepartie de cette augmentation du temps, c’est que l’attention des consommateurs, notre attention donc, est plus volatile !
Et c’est là aujourd’hui le défi des publicitaires: avec la multiplication des objets connectés, notre attention est plus difficile à capter, et surtout à retenir, car nous sommes tous assaillis de messages publicitaires, que ce soit sur notre PC, nos tablettes ou nos smartphones.
Par conséquent, quand le consommateur est ainsi assailli quotidiennement par la pub, il adopte une attitude de défense. Soit il se montre indifférent à cette pub – ce qui est un comble puisqu’elle est supposée être plus ciblée grâce aux données numériques privées que laisse trainer sur la toile le consommateur – soit ce même consommateur se défend et installe sur ses outils numériques des logiciels anti-pub !
« Comment les géants du Net parviennent à vendre du « temps de cerveau disponible »
Patrick le Lay avait donc raison, surtout aujourd’hui. Plus que jamais, le défi des médias qui vivent de la publicité sera de capter l’attention des internautes. Et c’est un pari difficile à relever, car le consommateur est noyé par ce qu’on peut appeler de l’info-obésité !
Certains annonceurs l’ont compris et essaient de trouver des solutions intelligentes pour capter cette fameuse attention. D’autres n’ont encore rien compris et continuent de marteler leur message comme si le monde n’avait pas changé !
Les géants du Net, eux, ont compris cela, et c’est la raison pour laquelle un Facebook arrive à régner en maitre sur la publicité mobile: il arrive à s’octroyer 30 à 40% du temps d’usage des smartphones ! Et si vous vous demandez pourquoi une application comme Whats App a été rachetée par Facebook aussi cher – 22 milliards de dollars – c’est parce que les applications qui arrivent à capter l’attention des consommateurs sont rares et donc extrêmement chères !