Le Venezuela est aujourd’hui à deux doigts de la faillite. Comment ce pays, cité en exemple par des partis de gauche radicale en Europe et qui est à la tête des plus grandes réserves de pétrole au monde, devant l’Arabie saoudite, en est-il arrivé là ?
Et si nous parlions du Venezuela, ce pays si proche et si lointain à la fois ? Si proche, car la gauche radicale – Jean-Luc Mélenchon en France, le PTB en Belgique – a de la sympathie pour ce pays qu’elle voit en modèle social et économique à suivre. Et si lointain, parce qu’à y regarder de près, il ressemble à un pays du tiers monde: une inflation actuelle de 700 %, et sans doute de 4.000 % à l’horizon 2020, des rayons de supermarchés vides et plus de trois quarts des ménages vivant sous le seuil de pauvreté. Bref, vu comme cela, le Venezuela apparaît plutôt comme un repoussoir pour n’importe quel Européen.
Et depuis mardi, ce pays, qui je le rappelle est cité en modèle par Mélenchon et le PTB, se rapproche de la faillite. En effet, le Venezuela n’a pas pu honorer les intérêts d’une dette publique. Le pronostic est donc simple: suite à ce défaut partiel, les économistes pensent que ce pays a une chance sur deux de faire faillite.
Pour le moment, le président Maduro compte sur ses alliés chinois et russes, auxquels il doit respectivement 28 et 8 milliards de dollars, pour garder la tête de son pays au-dessus de l’eau. Il espère aussi que le prix du pétrole va se redresser pour tenter de survivre politiquement. Bref, le président Maduro essaie de gagner du temps. Et en attendant, il utilise l’armée pour réprimer les manifestants…
« Le pétrole a tué le Venezuela, ainsi qu’une très mauvaise gestion »
Mais la vraie question, c’est comment ce pays, qui a les plus grandes réserves de pétrole au monde, devant l’Arabie saoudite, a pu à ce point déraper économiquement ? N’est-ce pas ce pays qui était considéré comme l’un des plus riches d’Amérique latine, au point qu’en 1976, Air France avait ouvert une ligne Paris-Caracas en Concorde ? La réponse est simple, c’est le pétrole qui a tué le Venezuela, ainsi qu’une très mauvaise gestion.
Le pétrole ? C’est exactement comme pour l’Algérie. La manne pétrolière a endormi les gouvernements successifs qui tantôt n’ont pas su, et tantôt n’ont pas voulu, diversifier leur économie comme le fait aujourd’hui l’Arabie saoudite et hier les Émirats. Ou comme l’a fait la Norvège qui a créé un « matelas » financier pour lui permettre de faire face aux mauvaises années. Au Venezuela, on a, au contraire, nationalisé la principale compagnie pétrolière, on l’a trait comme une vache et avec cet argent on a acheté, au sens premier du terme, la paix sociale avec une politique très généreuse.
Le seul problème, c’est que ce qui pouvait être fait avec un baril de pétrole à 100 dollars – ce qui était le cas sous Chavez – ne peut plus l’être avec un baril à 50 dollars – ce qui est le cas aujourd’hui avec Maduro, successeur de Chavez. Autrement dit, les dirigeants du Venezuela ont acheté pendant plusieurs années leur prospérité à crédit, et aujourd’hui, par leur incompétence, leur pays est revenu en arrière de manière extrêmement brutale.
Pire encore, comme la compagnie pétrolière nationale a été dépossédée de tout son cash, elle n’a pas pu investir dans la modernisation de ses usines. C’est un drame, car le pétrole vénézuélien est aujourd’hui l’un des plus chers à produire au monde, il coûte en effet 2,5 fois plus cher qu’au Moyen-Orient.
Voilà, en grand résumé, comment un pays à la tête des plus grandes réserves mondiales de pétrole se retrouve à laisser sa population subir des pénuries sur des produits de base et les hôpitaux dans le dénuement le plus total.
Maintenant que ce modèle vénézuélien a montré ses failles, il ne reste plus qu’à attendre que d’autres beaux esprits en Europe nous vantent les vertus du modèle économique nord-coréen…