Si vous n’êtes pas investi en Bourse, vous ne savez sans doute pas de quoi je vais vous parler. En revanche, si vous êtes investi, vous savez sans doute que le gestionnaire de votre épargne a de grosses sueurs en ce moment. A cause d’un mauvais souvenir et de la Chine.
Le mauvais souvenir, c’est le 15 septembre 2008. Pour les investisseurs en Bourse, le 15 septembre 2008 est lié à la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. C’est d’ailleurs à partir de cette faillite bancaire américaine que l’onde de choc de la plus grande crise financière mondiale depuis 1929 s’est propagée au reste de la planète. Au départ de cette crise financière, il y avait des malversations et des spéculations sur le marché immobilier américain. Cette fois, l’onde de choc pourrait venir, non pas des États-Unis, mais de la Chine, et plus précisément du promoteur immobilier Evergrande.
Evergrande est le numéro deux de l’immobilier en Chine, mais c’est aussi le plus endetté. Ce géant de la brique n’arrive plus à honorer ses engagements et ses actionnaires ne veulent plus remettre de l’argent au pot. Résultat : le géant immobilier a perdu 90% de sa valeur en Bourse, et toute la planète financière a peur d’un effet domino. Même en Europe, c’est la peur, car un effet domino serait dommageable pour l’économie chinoise dans sa totalité, or, nos géants de l’automobile et du luxe sont très actifs en Chine.
En cas de ralentissement de l’économie chinoise, des actions liées à l’automobile et au luxe pourraient plonger et faire mal aux portefeuilles des investisseurs européens. On n’en est pas encore là. En revanche, en Chine des milliers d’épargnants sont rincés et des milliers de petits fournisseurs chinois pleurent à chaudes larmes, car ils ne seront pas remboursés.
Tout le monde a les yeux tournés sur le gouvernement de Pékin. La chine a, en effet, les moyens financiers de renflouer ce promoteur immobilier et nous éviter un remake d’un Lehman Brothers à la chinoise. Mais Pékin est face à un dilemme. Si Evergrande a autant de soucis, c’est aussi parce que le parti communiste chinois a édicté de nouvelle règles pour freiner la spéculation immobilière et donc freiner les inégalités sociales. Pékin veut punir les spéculateurs, mais en même temps, il ne souhaite pas d’une crise financière internationale.
La question aujourd’hui est donc : comment résoudre cette contradiction ? Comment va faire Pékin pour punir ces spéculateurs sans provoquer une crise dont on se passerait bien. La question n’est dont plus économique ou financière, mais bien politique. Et c’est ça qui rend nerveux les investisseurs, car la logique des politiques n’est pas celle du monde des affaires.