La crise sanitaire et économique n’est pas terminée mais la Bourse franchit déjà des records historiques. Notre chroniqueur éco revient sur ce paradoxe.
Et si nous parlions de la Bourse, pour changer ? Je souhaite le faire parce que la Bourse est en hausse. L’indice S&P 500, qui est l’indice phare de la Bourse de New York, a même franchi un nouveau record historique. Et alors, direz-vous, mais en quoi cela me concerne-t-il si je ne suis pas investi en Bourse ?
Ben pour la curiosité. Comment expliquez-vous que la Bourse caracole et fasse la fête, alors que chacun sait que la crise sanitaire n’est hélas pas encore terminée et que de nombreux pays sont en confinement ou imposent des restrictions qui font mal à l’économie ? Bonne question en effet.
Pour le moment, pour justifier ce paradoxe, tous les économistes nous disent que c’est normal, ce n’est pas que les investisseurs boursiers sont aveugles, mais ils ne font qu’anticiper la sortie de crise depuis que les vaccins sont quasi prêts à notre disposition.
Mais justement, la question est de savoir si la Bourse est une bonne machine à anticiper ou si elle n’exagère pas ? Prenez le cas de Tesla, voilà une société cotée en Bourse qui est aujourd’hui évaluée à 500 milliards de dollars. C’est même pas énorme, c’est ahurissant comme chiffre.
Comme me le disait hier soir un ami analyste financier, cela revient à dire que la Bourse anticipe que Tesla fabriquera la moitié des voitures électriques dans le monde d’ici quelques années. C’est complètement aberrant bien entendu. Et ça prouve que l’explication de la Bourse qui anticipe la sortie de crise est une chimère, une belle histoire qu’on se raconte entre bohémiens.
En revanche, l’explication la plus simple, proposée par Marc Fiorentino, l’un des commentateurs boursiers les plus intéressants, c’est que le monde croule sous les liquidités. Et ces liquidités ne savent pas où se placer. Regardez autour de vous, tous les placements sans risques, que ce soit votre compte d’épargne ou des obligations de l’Etat belge ou français : tous ces placements ne rapportent rien. Zéro, nada.
Et donc, la Bourse reste le seul lieu où il est encore possible de trouver du rendement positif. Et pendant ce temps, un organisme international a fait le calcul, la dette mondiale a dépassé les 277.000 milliard de dollars. En clair, la dette mondiale équivaut aujourd’hui à 365% du PIB mondial, donc 365% de la richesse annuelle mondiale.
Est-ce que ça fait peur ? oui et non. Car même s’ils n’osent pas encore trop le dire ouvertement, beaucoup d’analystes pensent que cette dette ne sera jamais remboursée, voire même qu’elle sera en partie annulée.
En revanche, il y a un danger que les gouvernements sous-estiment, selon Marc Fiorentino, les citoyens ont vu que les gouvernements pouvaient trouver de l’argent quand c’était nécessaire, vont-ils accepter demain de se serrer la ceinture ou de payer plus d’impôts ?
En Europe, ne l’oublions pas, l’exceptionnel devient un acquis et un acquis, c’est bien connu, on n’y touche pas !