En ce moment, une partie du monde économique wallon s’étripe avec le ministre des Finances fédéral. La raison de cette dispute: la réforme de l’impôt des sociétés.
Comme vous le savez sans doute, le gouvernement fédéral a fait baisser l’impôt des sociétés pour les PME de 34% à 20% dès cette année. Mais comme cette réforme se doit d’être budgétairement neutre et qu’il faut éviter que des indépendants n’en profitent pour se mettre en société afin de bénéficier de ce taux réduit, le gouvernement fédéral a pris des mesures de correction.
En clair, les PME auront un taux d’impôt des sociétés réduit à 20%, mais les dirigeants de ces PME devront se rémunérer à hauteur de 45.000 euros par an, et non plus 36.000 euros comme c’était le cas auparavant. Et c’est sur ce point que la guerre a été déclarée entre l’UCM, l’Union des Classes Moyennes, et le ministre fédéral des Finances.
La réforme de l’impôt des sociétés, une mesure taillée pour les entreprises flamandes ?
En résumé, l’UCM reproche à cette réforme d’être taillée sur mesure pour les entreprises flamandes et de désavantager les PME du sud du pays. Pourquoi ? Parce que s’octroyer une rémunération de 45.000 euros par an ne pose pas de souci aux entrepreneurs flamands, mais bien aux plus petits entrepreneurs wallons. Bref, l’UCM voudrait que l’on baisse l’impôt des sociétés, mais que l’on garde l’ancienne rémunération de 36.000 euros minimum pour en bénéficier. L’UCM ajoute qu’elle n’a pas été assez impliquée dans l’élaboration de cette réforme de l’impôt des sociétés.
Ce qui est assez ironique dans cette histoire, c’est que non seulement une mesure technique – comme l’est la baisse de l’impôt des sociétés – est devenue, étonnement, un sujet de discorde communautaire, mais le plus piquant, c’est que ce sont des socialistes qui ont défendu au parlement fédéral le point de vue des indépendants et des petits patrons affiliés à l’UCM. Au MR, on apprécie modérément ce débat qui donne l’impression que le parti libéral ne se soucie pas assez des PME et petits indépendants, bref, sa base électorale.
Le débat est donc très virulent en ce moment et chacun s’accorde pour dire que l’autre n’a rien compris à cette réforme. Les uns disent que cette baisse de l’impôt des sociétés va uniquement profiter aux entrepreneurs flamands. Les autres disent que si un patron d’une PME ne peut pas se rémunérer 45.000 euros par an, c’est-à-dire 2.300 euros net par mois, c’est qu’il ne doit pas être en société et qu’il doit rester indépendant, point barre. Et puis, d’autres encore disent que si cette baisse de l’impôt des sociétés risque de favoriser plutôt les grandes entreprises, ce n’est pas grave, car après tout, les PME en profiteront via leur carnet de commandes. En tout cas, le débat est toujours en cours…