Les Britanniques sont décidément très forts quand il s’agit de rebondir. En 2003, un magazine décernait à Kingston-upon-Hull le titre peu glorieux de « UK’s crappest town », soit la ville la plus nulle d’Angleterre, juste après Liverpool….
Cinq ans plus tard, Liverpool portait fièrement l’étendard de Capitale européenne de la Culture et en 2017, Kingston-upon-Hull sera the UK City of Culture, à la surprise des Anglais eux-mêmes ! Un titre mérité ?
City-trip incontournable à Kingston-upon-Hull en 2017
La petite ville portuaire de Kingston-upon-Hull est davantage connue par son diminutif Hull comme la désigne la compagnie de ferries P&O qui en a fait sa destination au départ de Zeebruges.
Rien de tel qu’une nuit sur le ferry pour aborder cette escapade en Grande-Bretagne. Une étape rythmée par le roulis du bateau, l’idéal comme transition pour passer d’un jour à l’autre à la conduite à gauche si vous optez pour une escapade motorisée.
Petit historique…
En 2008 Liverpool a gagné le titre de Capitale européenne de la Culture. L’occasion d’une extraordinaire métamorphose pour la ville portuaire qui avait sombré dans le marasme économique.
Inspiré par ce succès inattendu, le gouvernement anglais a décidé d’octroyer tous les 4 ans le même insigne à l’échelle du Royaume-Uni à une cité désignée sur base de candidatures volontaires. Après Londonderry en 2013, c’est Kingston-upon-Hull qui s’est réveillée un matin de 2013 future UK City of Culture 2017. Un titre qui en a surpris plus d’un au Royaume Uni !
Porte d’entrée en Angleterre bien pratique pour partir à la découverte du Yorkshire, Hull se voit quotidiennement traversée, voire encombrée par le charroi des camions et des voitures qui empruntent le ferry, à l’aller comme au retour du continent.
Lorsque le gouvernement décide d’accorder à la ville portuaire le titre quadriennal de Capitale de la Culture 2017, c’était lui donner l’opportunité de se faire enfin connaître comme destination en soi, version city-trip.
C’est que la ville, stratégiquement située le long de l’estuaire du fleuve Humber, à une dizaine de kilomètres de la mer, a une longue histoire à découvrir, entre autres dans le Musée Maritime installé dans les prestigieux anciens bureaux portuaires.
Hull était jadis une plaque tournante du commerce maritime et fluvial avec la Scandinavie, les ports baltiques et même l’Amérique. Ancien comptoir de la Hanse, la ville était spécialisée dans la pêche à la baleine. Plus tard ses marchands se sont enrichis grâce au commerce triangulaire, quand les navires partaient chercher des esclaves sur les côtes africaines pour les emmener aux Antilles britanniques et revenir au pays chargés de tabac, de sucre, de café et de rhum.
De quoi bâtir de belles fortunes qui vont redessiner la ville. Des docks appartenant aux armateurs sont construits à l’embouchure de la rivière Hull sur le fleuve Humber, prolongés par de belles maisons de briques rouges cernées de jardins.
C’est dans cet ensemble remarquablement préservé que se sont installés plusieurs musées regroupés sous le nom de Museum Quarter, tous gratuits pour le plus grand plaisir des visiteurs.
Flâner dans un centre compact.
La première maison-musée est celle qui vit naître et grandir William Wiberforce, un politicien philanthrope de la seconde moitié du 18ème siècle méconnu de tous. Pourtant il fut en Angleterre l’un des meneurs influents du mouvement abolitionniste.
Profondément heurté par le juteux marché aux esclaves qui entachait sa ville enrichie par les produits des plantations, un commerce qu’il considérait dépravé et immoral, il consacra 25 ans de sa vie à faire campagne pour l’abolition de la traite des nègres dans les colonies britanniques, cause gagnée en 1833, trois jours avant sa mort et une quinzaine d’années avant que le même décret ne soit signé en France.
Les familles se défouleront dans le Streetlife Museum consacré aux différents modes de transport au siècle dernier : wagons, tramway, bus scolaire, véhicule de pompiers et même une carriole aux allures de diligence où sitôt installés, les visiteurs y vivront, grâce à un programme virtuel, le peu de confort de ces véhicules de voyage ainsi que les bruits et les odeurs qui accompagnaient cette entreprise.
On sort de cette visite convaincu que le trafic devait être infernal jadis dans les venelles pavées de Hull où transitaient à la fois des passagers et leurs malles mais aussi des commerçants pressés et de nombreuses marchandises tractées par des mules ou des charrettes à bras.
Plus didactique mais tout aussi intéressant, l’East Riding Museum retrace le passé historique de la région depuis la préhistoire jusqu’au Moyen-Age, visite animée par une muséographie particulièrement attrayante.
Le Fish Trail, un chemin de découverte e ville balisé par des gravures de poissons, permet une autre approche de Hull. Si l’ensemble de ses bâtisses historiques, pour la plupart de style géorgien, a été magistralement restauré, elle affiche cependant quelques audaces architecturales contemporaines qui s’intègrent harmonieusement dans cette composition de briques rouges, un matériau exploité depuis des siècles car l’argile se récoltait directement sur les berges de la rivière Hull dont le nom signifie d’ailleurs en langue scandinave « boue ».
Le Princes Quay avec sa longue galerie marchande vitrée offre de très belles vues sur le quai envahi par les pubs et sur la place centrale du City Hall surmonté de coupoles dorées.
Autre création moderne, le Deep, un aquarium qui évoque par sa forme un iceberg érodé par la puissance des vagues.
Si la petite ville invite à la flânerie, elle est aussi connue pour ses pubs d’âge vénérable qui en font une tradition incontournable d’autant que les habitants sont ici particulièrement chaleureux, sans doute, disent-ils, parce que leur histoire singulière les a toujours tournés vers le monde.
Indépendants, ils le sont et le manifestent entre autres avec leurs cabines de téléphone qui, ici et seulement ici, sont blanches et gérées par le City Council de Hull, non pas par le fameux British Telecom.
C’est aussi à Hull que chaque été se tient en septembre le Freedom Festival qui accueille pendant trois jours quelque 200 performances d’artistes originaires de 25 pays dans le monde de l’art, de la danse, du théâtre et de la musique, de quoi transformer le cœur de la ville en espace unique de streetlife déjantée ouvert à tous.
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux
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Infos pratiques.
Y aller : la compagnie P&O Ferries offre un départ quotidien en début de soirée avec arrivée le lendemain matin. Tous les passagers voyagent en cabine avec sanitaires privés et outre différentes formules de restauration, d’autres activités (cinéma, piano bar, shopping, live entertainment, etc..) sont proposées pour que chacun se sente en vacances dès qu’il est monté à bord. www.POferries.com
Programme de l’événement : l’année 2017 sera divisée autour de 4 thèmes associés aux 4 saisons. La première saison baptisée Made in Hull a montré comment cette ville portuaire a pu inspirer de grandes idées et de grandes icônes. Dès avril, avec Roots and Routes, Hull s’affirmera encore plus la porte d’entrée vers le Royaume Uni mais aussi cité connectée vers le monde actuel.
De juillet à septembre, avec Freedom, l’été célébrera la liberté comme plateforme ouverte aux créateurs et à l’imagination, aux conférenciers et aux débats centrés sur une même interprétation de l’émancipation tout en respectant une idée de justice sociale. Enfin Quirky, la dernière saison sera centrée sur tout ce qui fait l’originalité de Hull www.hull2017.co.uk