« Ces anecdotes devraient calmer l’arrogance des économistes »

Quelques mois après que la crise des subprimes ait éclaté en Europe, la Reine d’Angleterre s’était rendue à la prestigieuse London School of Economics. Elle y avait posé une question toute simple: comment se fait-il qu’avec autant d’économistes et de brillants esprits, personne n’a vu venir cette crise, dont nous payons encore le prix aujourd’hui ?

À l’époque, personne n’a pu donner une réponse correcte à la Reine Elisabeth II. Et si je parle aujourd’hui de cette anecdote, c’est parce que les économistes ne le savent toujours pas aujourd’hui.

Pire encore, cette crise, qui aurait dû les rendre modestes, n’a pas servi de leçon… Sinon, comment expliquer cette autre anecdote qui concerne cette fois la femme la plus puissante au monde – non, pas Angela Merkel, mais Janet Yellen, la présidente de la Banque centrale américaine (Fed) – qui, avec son comité de direction, décide de l’évolution des taux d’intérêt aux États-Unis ?

Cette brillante économiste est venue, elle aussi, participer à un colloque à Londres, et elle a eu l’impudence ou l’imprudence de dire qu’il est improbable « qu’il y ait une autre crise financière de notre vivant ». Si ça, ce n’est pas de l’arrogance, qu’est-ce que c’est alors ?

Je rappelle que l’histoire a bien souvent démontré que lorsqu’un homme politique ou un expert officiel a annoncé qu’une crise n’aurait pas lieu, elle s’est produite quelque temps après…

« Il faudrait interdire aux économistes de faire des prévisions »

Le président américain Herbert Hoover, juste un peu avant le krach financier de 1929, avait annoncé triomphalement que son pays était proche d’avoir éliminé totalement la pauvreté. Quelques mois après, la pire crise de l’histoire des États-Unis allait démarrer.

Et sans remonter aussi loin dans le temps, souvenez-vous de ces économistes et autres professeurs d’université qui, à la fin des années 90, nous annonçaient qu’Internet allait tout changer et que les cycles en économie n’existaient plus. Ce genre de propos étaient tenus juste avant l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000.

Mieux encore, Ben Bernanke, l’ancien président de la Fed, disait début 2007 qu’il voyait un renforcement de l’économie américaine vers le milieu de cette même année. Manque de pot pour ce brillant économiste, ce n’est pas un renforcement de l’économie américaine qui a eu lieu, mais le début de la crise des subprimes qui a failli couler l’économie mondiale, et dont nous payons encore le prix aujourd’hui.

Mais attention, ce n’est pas parce que Janet Yellen, l’actuelle présidente de la Fed, a dit « qu’il n’y aura pas de crise financière de notre vivant » que forcément, il y en aura une d’ici peu, non. En revanche, vu l’historique des prédictions de ce genre de personnes, on a au moins le droit de douter de sa parole.

S’il faut interdire le cumul des mandats aux politiques, on pourrait sans doute aussi interdire aux économistes de faire des prévisions !

 

 

 

 

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