Et si la Grande-Bretagne, l’Italie et les États-Unis avaient un point commun? Ce point commun, c’est de ne pas écouter ce que disent les économistes et de le regretter ensuite en payant le prix fort, surtout pour la population la plus pauvre? Amid Faljaoui, notre chroniqueur éco, nous en dit plus sur cette surdité qui confine parfois au suicide collectif, selon certains observateurs.
Je ne sais plus quel économiste disait qu’il y a parfois des peuples qui décident de se suicider collectivement.
C’est le cas des Britanniques qui ont décidé de sortir de l’Union européenne et en quelque sorte de l’Histoire avec leur Brexit. Un Brexit qui a surtout fait appel aux sentiments nationalistes, sans aucune réflexion et aujourd’hui, ce pays est bloqué politiquement et ses élites sont en train de partir qui à Paris, qui à Francfort.
C’est aussi le cas de l’Italie avec une classe politique qui joue avec le feu. Hier encore, les taux d’intérêt italiens ont grimpé fortement suite aux déclarations d’un politique qui n’exclut pas une sortie de l’euro.
Là encore, les marchés financiers ont pris peur. Et les premières victimes d’une hausse des taux et d’un désordre monétaire seront les plus pauvres, ceux et celles qui auront cédés aux sirènes des chants populistes.
Aux États-Unis, c’est le même scénario. Ceux et celles qui ont voté pour Donald Trump découvrent aujourd’hui que les idées de leur héros risquent de leur coûter très cher.
Quand Trump a érigé des barrières commerciales, les Américains qui ont voté pour lui se sont dit « Enfin quelqu’un qui nous défend contre la concurrence extérieure ».
« Ceux et celles qui ont voté pour Donald Trump découvrent aujourd’hui que les idées de leur héros risquent de leur coûter très cher. »
Les économistes ont été unanimes pour dire que ce genre de propos ne tient pas la route et qu’une guerre commerciale ne fait que des perdants. Mais les seuls perdants, ce sont les économistes que personne n’a voulu écouter aux États-Unis.
Et aujourd’hui, on découvre que le patron de Ford, qui n’est quand même pas la PME du coin, a annoncé que la taxe sur l’acier de Donald Trump a déjà coûté à son entreprise… un milliard de dollars !
Le même chiffre avait été avancé par le patron de General Motors au début de l’été. Et c’est normal, quand un président impose des taxes sur l’acier étranger, il augmente leur prix à l’importation, mais il donne aussi un avantage aux producteurs d’aciers locaux. Généralement, ceux-ci ne sont pas très rentables et ils profitent de cette protection artificielle pour augmenter leurs prix et se refaire une marge : mais sur le dos de qui ? Des consommateurs et des clients américains, pardi !
En fait, ces aciéristes américains ne sont pas bien gérés, et donc ne sont pas rentables, mais au lieu de s’adapter à la concurrence internationale, ils bénéficient d’une sorte de manne céleste.
Et au final, ce sont des entreprises zombies, des sortes de morts-vivants dangereux pour l’économie américaine. En clair, pour protéger des fabricants d’acier – peu nombreux relativement – on tue des emplois chez les utilisateurs d’aciers, qui eux sont nettement plus nombreux. Quand on vous dit que le marché politique est un marché myope, en voilà une preuve supplémentaire.