« Bye-bye LSD, bonjour Prozac: le numérique a tué l’esprit d’entreprise aux USA »

Le numérique et les livreurs de pizza ont tué l’esprit d’entreprise aux États-Unis. C’est en tout cas ce que pense un célèbre économiste américain. Il a rédigé un livre-choc qui secoue les Américains, car il leur démontre qu’ils sont passés d’une culture de la contestation à une culture du Prozac et des tranquillisants.

Les livres de l’économiste américain Tyler Cowen n’ont pas encore été traduits en français, et c’est vraiment dommage car son dernier ouvrage The Complacent Class, consacré aux États-Unis, fait un tabac auprès de ses compatriotes. C’est simple, il décrit par le menu une Amérique qui est bien souvent aux antipodes de ce que le monde pense, et surtout de ce que les Américains pensent d’eux-mêmes.

Contrairement à ce que l’on croit, Tyler Cowen démontre que les Américains ont une aversion croissante au risque. Eh oui, ils ne sont pas tous des entrepreneurs nés, on est loin de l’image d’Épinal. La preuve, c’est qu’ils déménagent moins que par le passé. Et quand je dis déménager, c’est bien entendu entre les différents États américains. Les migrations inter-États ont baissé de moitié depuis les années 60. C’est fou, parce qu’historiquement, si les Américains habitaient souvent dans des maisons en bois, c’était pour faciliter leur mobilité. En cas de crise dans un État, hop, ils partaient dans un autre pour refaire leur vie. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui.

Autre constat établi par l’économiste Tyler Cowen, et relaté par le journal Les Echos: les Américains entreprennent moins ! La presse parle à longueur de journée de Google, Facebook, Apple et autre Amazon – autant de succès Made in America – mais ces arbres gigantesques cachent la forêt. Le nombre de chefs d’entreprise de moins de 30 ans a baissé de deux tiers depuis les années 80. Pire encore, Tyler Cowen, qui aime susciter la polémique, remarque que le numérique et la pizza ont tué l’esprit de conquête des Américains. Selon lui, grâce ou plutôt à cause d’Amazon et des livreurs de pizza, les Américains ne sont jamais aussi peu sortis de chez eux.

« Alors que les USA étaient connus pour leur culture de liberté, ils sont passés à une culture de l’aliénation dans le smartphone »

Tyler Cowen estime même que l’innovation numérique est surtout mise au service du divertissement de ses compatriotes. Les Américains sont devenus passifs, selon lui. Alors que les États-Unis étaient connus pour leur culture de liberté, incarnée justement par la voiture personnelle, ils sont passés, selon lui, à une culture individuelle de l’aliénation dans le smartphone. Bref, les Américains s’abrutissent et deviennent risquophobes. La preuve en est selon lui que leurs adolescents passent 70 heures devant des écrans divers chaque semaine. Ce chiffre à lui seul explique la nouvelle passivité qui a saisi l’Amérique profonde.

Mes confrères des Echos précisent que ce même économiste, toujours à la recherche de phrases-choc, décrit une jeunesse américaine qui est passée du LSD au Prozac. Bref, d’une culture de la contestation à une culture de la passivité où les jeunes sont gavés de tranquillisants dès l’enfance. Et pendant ce temps-là, la Chine bouge et est en pleine effervescence.

Il s’agit donc d’un livre à lire cet été, car rien de ce qui se passe aux États-Unis ne peut nous laisser indifférents.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici