On a lu dans la presse généraliste aussi bien que spécialisée, que Brussels Airlines vient de réaliser un premier vol avec du carburant SAF, c’est-à-dire Sustainable Aviation Fuel (*). Ce n’était qu’un pourcentage somme toute limité de SAF qui était mélangé au traditionnel kérosène, mais tout de même ! Il a fallu rassurer les clients, en précisant bien que ce mélange fonctionnait aussi bien que le carburant traditionnel.
Quelles réactions une telle initiative suscite-t-elle ? On peut en voir se dessiner trois.
La première réaction, c’est de se dire que l’aviation est l’une des branches du transport qui fait le plus d’efforts pour devenir “propre”. Curieux d’ailleurs de savoir que le SAF est plutôt “sale” au départ, puisqu’il est fait à partir de déchets de la biomasse, voire d’huiles diverses usagées et de déchets ménagers. C’est donc du bon recyclage, qui devrait plaire aux environnementalistes.
Deuxième réaction : on imagine qu’elle pourrait venir des grincheux. Sachant que ce carburant coûte (pour l’instant) près de quatre fois plus cher que le kérosène, on pourrait qualifier ce vol d’”effet d’annonce”. Il est évident qu’une utilisation à grande échelle serait invivable en termes de concurrence pour la ou les compagnies qui utiliseraient le SAF. Pourtant, un effet d’annonce à ceci de bien qu’il produit… des effets sur la population. C’est mieux que rien, cela indique en tout cas une possible voie à suivre et à développer.
Enfin, la troisième réaction émanera des écologistes politiques intégristes, dont le but n’est pas vraiment de rendre les carburants propres, mais de clouer les avions au sol, parce qu’ils sont des symboles du capitalisme (et des nationalismes, soit dit en passant). Oui, l’avion est un symbole du monde qui bouge, qui vit, qui découvre, qui achète et qui vend : crime impardonnable, discrimination intolérable par rapport à tous ceux qui doivent rester chez eux faute de moyens. Les avions électriques ou à hydrogène ou quoi que soit qu’on pourra inventer subiront la même condamnation.
Moralité : soyez préoccupés par l’environnement, agissez tous les jours pour le protéger, favorisez les sociétés qui s’en préoccupent activement, mais ne tombez pas dans les travers de l’intégrisme, il n’en vaut pas la peine.
(*) Depuis le 1er janvier 2023, le pipeline de l’OTAN qui approvisionne Brussels Airport en kérosène est ouvert au transport de SAF. Brussels Airlines transporte désormais i la toute première cargaison de carburant d’aviation durable à Brussels Airport. La compagnie aérienne effectuera aujourd’hui un premier vol SAF symbolique, de Bruxelles à Malaga. Brussels Airport est le seul aéroport belge entièrement approvisionné en kérosène via le pipeline de l’OTAN. Désormais, ce système permet également de fournir des carburants durables de manière rapide et écologique. Le Neste MY Sustainable Aviation Fuel utilisé par Brussels Airlines est produit à partir de déchets et de matières premières résiduelles d’origine durable et 100% renouvelables, notamment des huiles de cuisson usagées et des déchets de graisse animale. Brussels Airlines a acheté 2 000 barils de 1 000 litres chacun avec un mélange de 38 % de SAF pour ce projet pilote. Brussels Airport et ses partenaires visent 5% de SAF d’ici 2026 dans le cadre du projet Stargate.