Pour découvrir le charme de la riviera britannique, il suffit de mettre le cap sur Brighton, au sud du pays. Une ville sans tabous, idéale pour se poser entre plages et patrimoine historique, quartiers bohèmes et restaurants sympathiques. Dépaysement assuré !
Au 18ème siècle, les Anglais s’offrent volontiers un Tour, entre autres pour prendre les eaux, une activité qui n’apparaît plus comme une corvée thérapeutique mais bien comme le plaisir mondain de l’été avec de longs séjours dans des stations à la mode. Après Bath en Cornouailles apparaît Brighton, et sa variante balnéaire océanique. Suivront ensuite les premières stations balnéaires sur le continent européen dont Ostende est pionnière !
Le Deauville anglais
Le plus fameux curiste qui semble avoir encouragé le concept de Riviera est sans aucun doute le prince régent, futur George IV, convaincu des qualités curatives de l’eau de mer. Il faut dire que quelque peu rebelle au protocole de la cour, le jeune régent était trop heureux d’y trouver refuge en compagnie de la jet-set royale de l’époque. Il soutint donc l’ouverture du premier établissement de bains et y construisit même sa résidence, non loin de la jetée.
Le Royal Pavilion, ce palais hérissé de dômes bulbeux, de tourelles et de pinacles se veut d’inspiration indienne très à la mode à l’époque. L’exotisme se poursuit dans la décoration intérieure à prédominance chinoise avec des escaliers dont les rampes en acajou imitent le bambou, avec des chandeliers en forme de lotus, avec des dragons enroulés autour de colonnes dorées, avec des tapisseries aux couleurs pourpre et or qui racontent des mythes chinois, etc… un luxe qui épate toujours autant 200 ans plus tard. On imagine aisément les somptueux banquets préparés dans une immense cuisine et servis dans la spacieuse salle à manger éclairée par un lustre monumental de 15000 cristaux tout aussi exotique que le reste du palais.
A la mort de George IV, son successeur Guillaume IV y résida également durant ses séjours à Brighton tout comme la reine Victoria qui finalement le jugea inadapté pour y accueillir ses 9 enfants. De plus elle n’appréciait pas la trop grande proximité des jardins avec le centre de la ville et sa population. Elle fit vendre le pavillon qui fut racheté par la ville en 1849.
Aujourd’hui, cette étonnante curiosité architecturale qui ne manque pas de raffinement est devenue un des emblèmes de Brighton, illustrant avec brio toute l’excentricité dont elle peut se targuer à bien des égards. Depuis l’inauguration d’une voie de chemin de fer en 1840 reliant Londres à Brighton, la station s’est ouverte à toutes les classes sociales et y accueille de très nombreux Londoniens en villégiature, sans oublier les étudiants, les retraités, les artistes de tout poil et la plus grande population gay du pays.
Une ville éclectique
Cette cohabitation apparemment harmonieuse de personnalités aussi diverses surprend autant qu’elle séduit et rassure. Il devient aisé dès lors de se fondre dans la foule des promeneurs qui s’étire depuis la tour i360, une attraction verticale aux couleurs de la British Airways qui emmène ses passagers dans une nacelle qui s’élève à 137 mètres de haut offrant une vue unique sur la ville et les falaises contre lesquelles elle s’adosse.
La promenade sur la digue ou sur la plage se poursuit ensuite en direction de l’emblématique Brighton Palace Pier. Cette jetée ouverte en 1899 qui s’avance dans la mer sur 525 mètres est dotée d’un complexe de loisirs plutôt festif avec de nombreuses animations et une ambiance familiale propre aux kermesses de village.
A la recherche de plus de tranquillité, rien de tel que se plonger dans l’exploration des venelles toute moyenâgeuses du quartier des Lanes, un entrelacs de placettes, coursives, ruelles toutes bordées de petites boutiques indépendantes souvent équitables et de pubs dont les terrasses étroites et fleuries attirent les regards. Dans le même esprit les North Lanes offre une scène plus créative avec de nombreuses boutiques alternatives artisanes ou vintage.
C’est aussi au cœur de ces passages piétons que l’on déniche de savoureuses tables pour y manger sur le pouce ou en soirée. Qui dit bord de mer dit fruits de mer et bien sûr fish’n’chips servi avec une sauce tartare faite maison. Méfiez-vous des mouettes dont les cris aigus déchirent l’air, elles ont appris à repérer les pique-niqueurs et n’hésitent pas à se servir dans votre plat si vous leur semblez distraits !
Hove c’est encore Brighton
Ceux qui préfèrent les promenades en bord de mer à l’agitation permanente qui enfièvre Brighton, sachez que la ville se prolonge vers l’Est par une autre bourgade qu’elle a complètement absorbée en 1997 et qui se révèle un véritable paradis pour ceux qui apprécient la tranquillité et l’architecture géorgienne.
Hove n’était qu’une petite bourgade regroupée autour de son église St-Andrew quand Brighton est sortie de l’ombre au 19ème siècle. Cet essor subit a encouragé les riches familles anglaises à construire à Hove des ensembles architecturaux à caractère résidentiel qui se laissent découvrir aisément car ils donnent sur la plage et souvent sur un square verdoyant.
Brunswick Square, Adelaide Crescent ou Palmeira Square, autant de lieux qui invitent à flâner le regard admiratif sur cet alignement de bâtiments couleur vanille rompu régulièrement par d’élégants bow-windows qui dessinent de belles courbes ouvertes sur les jardins.
Les boutiques qui se succèdent dans la rue parallèle à la jetée sont autant de services pour les habitants de ces quartiers chics, trop heureux de vivre à dix minutes à pied de la marée humaine de Brighton. C’est aussi à Hove qu’on trouve de jolies cabines de plage, toutes identiques mais de couleur différente et rarement ouvertes. C’est que si le soleil brille souvent dans ce coin du Sussex qui bénéficie d’un micro-climat plus généreux que dans le reste de l’Angleterre, il n’en reste pas moins que le vent est décoiffant et l’eau toujours fraîche !
Infos : www.visitbrighton.com
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux
Se loger : l’hôtel The Grand, plus qu’un palace, une véritable institution britannique face au front de mer, à mi-chemin entre Hove et Brighton. La table y est savoureuse avec un menu 3 services pour 2 pour un total de 45 Livres Sterling en semaine www.grandbrighton.co.uk
Se nourrir : osez le restaurant végétarien Terre à Terre dans The Lanes pour découvrir une cuisine inventive et joliment mise en scène https://terreaterre.co.uk
Y aller : il n’y a qu’un pas à franchir pour rejoindre les rives anglaises depuis Calais, à peine une trentaine de km. La compagnie P&O Ferries l’a bien compris qui propose un départ toutes les heures, 24h/24h pour une traversée d’à peine 90 minutes.
Juste le temps nécessaire pour se poser surtout si vous choisissez la formule Club Lounge qui propose gracieusement le verre de champagne ou d’autres boissons fraîches ou chaudes à volonté, avec outre le confort de profonds divans, une terrasse exclusive qui offre une vue imprenable sur le port de départ. Sans hésiter c’est Douvres qui assure le plus beau dépaysement avec ses hautes falaises crayeuses.
www.poferries.com ou 028085020 pour acheter des billets (flexibles disponibles). La compagnie offre également un service de transport de nuit avec location de cabines entre Zeebrugge-Hull, idéal pour entamer reposés un séjour en Angleterre ou s’offrir une mini-croisière avec restauration variée à bord à partir de 89 euros. Possibilité de changer de l’argent sur le bateau. Depuis Dover, comptez deux heures pour rejoindre Brighton, largement suffisant pour s’acclimater à la conduite à gauche !
Seven Sisters : Bien sûr, les célèbres falaises crayeuses ne sont pas à Brighton mais sur la route du retour vers Douvres. Une escale indispensable à Beachy Head, un endroit battu par les vents mais la promenade est possible sur les hauts des falaises blanches, une découverte de toute beauté !