Dans le contexte flou des négociations européennes pour mettre en œuvre le Brexit, le plus gros problème porte sur les incertitudes des consommateurs et des entreprises. L’horizon 2018 n’est pas plus rassurant, et il en va de même pour les secteurs de l’aviation et du tourisme.
Incertitude
18 mois après le référendum fatidique, l’Union Européenne et le Royaume-Uni en sont toujours au stade des négociations. Parmi les thèmes discutés, un accord de principe pour signer un traité de libre-échange. Plusieurs progrès ont été réalisés dans trois domaines clés : la frontière entre le Royaume-Uni et la République d’Irlande, les droits des citoyens européens et le montant que devra payer le Royaume-Uni pour quitter l’UE.
Mais de nombreux détails doivent encore être éclaircis, et certains pourraient avoir un impact important sur l’aviation et sur le tourisme. Le Royaume-Uni reste la sixième destination et le quatrième marché touristiques. Si le Brexit impacte les libertés de circulation d’une quelconque façon, d’autres pays en ressentiront les effets.
L’aviation : éviter le désastre pour les compagnies britanniques
L’industrie aéronautique suscite les plus grandes craintes, car contrairement à d’autres domaines, il n’y a aucune règle de l’OMC sur laquelle se reposer si jamais l’UE et le Royaume-Uni ne parviennent pas à un accord.
La règlementation sur l’aviation britannique est tellement liée à celle de l’UE qu’au point où en sont les choses, aucun avion ne pourrait atterrir ou décoller au Royaume-Uni à dater du 30 mars 2019. Bien qu’il y ait peu de chance d’en arriver à ce stade, ça ne rassure pas les compagnies aériennes.
Jusqu’à présent, c’est Ryanair qui s’est fait le porte-voix le plus critique pour commenter les actions du gouvernement britannique. Son CEO, Michael O’Leary, a explicitement affirmé qu’ « il existait une forte possibilité pour qu’il n’y ait aucun vol au Royaume-Uni pendant plusieurs mois après mars 2019 ». Si d’autres compagnies aériennes partagent les craintes de Ryanair, elles n’ont pas choisi de les exprimer aussi publiquement.
Le Ministre britannique des Transports, Chris Grayling, tente de rassurer les acteurs et s’est engagé à « atteindre le meilleur accès possible aux marchés européens pour l’aviation britannique ».
Un pas en arrière pour les compagnies aériennes
Malgré les propos du Ministre et de son gouvernement, il semble désormais de plus en plus clair que peu importe l’accord qui sera conclu entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne, il s’agira d’un retour en arrière par rapport à ce dont bénéficie le Royaume-Uni actuellement.
Pour le Ministre Grayling, il est tout simplement impossible que des vols prennent fin, en particulier parce que tellement de pays membres de l’UE dépendent des touristes britanniques. « Je crois qu’il est stupide de penser que le gouvernement espagnol interdira les vols en provenance du Royaume-Uni sur son territoire à l’été 2019. Si cela arrivait, l’impact économique serait énorme pour l’Espagne », a-t-il dit.
Après tout, l’UE a négocié des accords Open Skies avec d’autres pays comme les États-Unis. La Commission Européenne, pour sa part, a clairement affirmé que « les règles européennes en matière d’aviation ne s’appliqueront plus au Royaume-Uni à la date de son retrait ».
Et le tourisme ?
Comme le gouvernement britannique la lui-même admis, le tourisme est un secteur important et stratégique. En 2015, il a rapporté $83,5 milliards à l’économie britannique et on s’attend à ce qu’il augmente de 3,8% par an jusqu’en 2025.
Bien que les professionnels du tourisme soient parmi les plus inquiets des conséquences du Brexit, force est de constater qu’ils en sont, pour l’instant, les rares bénéficiaires. La chute de la livre sterling a en effet encouragé l’arrivée et les dépenses de touristes étrangers qui en ont profité pour voyager à moindre prix.
Steve Ridgway, président de VisitBritain, a déclaré: « Nous faisons en sorte de laisser notre porte ouverte pour donner envie aux gens de visiter l’Angleterre. Le tourisme a été un grand succès depuis le référendum. Je reconnais que c’est en grande partie dû au taux de change, mais c’est aussi lié à d’autres facteurs et la façon dont nous mettons notre histoire en avant ».
Pas de visa
C’est probablement pour ces raisons que ni le Royaume-Uni, ni l’Union Européenne n’introduiront un système de visas touristiques. Les deux parties ont plutôt laissé entendre le contraire: les touristes n’auront pas besoin de visas. En revanche, il est fort probable que les citoyens britanniques ne puissent plus habiter et travailler librement sur le continent européen.
Les voyageurs britanniques devront toutefois s’acquitter d’un formulaire d’autorisation (et de 5€) que l’UE met progressivement en place pour les voyageurs en provenance de pays-tiers, un peu à la façon des États-Unis.
Pénurie de main-d’œuvre
Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration a, pour sa part, de bonnes raisons de s’inquiéter. Cette inquiétude, c’est l’immigration. En effet, la British Hospitality Association estime qu’environ 15% des travailleurs du secteur sont des immigrés européens, ce qui correspond à environ 700.000 personnes.
La bonne nouvelle, c’est que les deux parties ont accepté de préserver les droits des immigrés. Le problème pour l’industrie de l’hôtellerie, c’est qu’elle ne sait pas d’où viendront les travailleurs. Le travail est surtout saisonnier et on observe une baisse d’attractivité pour les travailleurs européens depuis le référendum. Si aucune forme d’accord sur l’immigration future n’est trouvée, il y a un véritable risque de pénurie de main-d’œuvre.