Lamartine, Victor Hugo, Courbet : c’est le tiercé que la Région Bourgogne-Franche-Comté, d’où ils sont originaires, espère gagnant pour cette saison d’été. Ou quand la culture vient au secours du marketing d’un territoire riche, aussi, d’un patrimoine naturel, architectural et gastronomique à découvrir absolument.
Si une première « route Lamartine » avait vu le jour en 1990, le Comité régional du tourisme a en effet eu l’idée d’associer la mémoire de ces « grands hommes » à la promotion de la Région, ils n’ont pas été choisis au hasard : on célèbre cette année le 150ème anniversaire de la disparition de Lamartine avec de nombreux rendez-vous culturels et conviviaux durant toute l’année. Et le 200ème de la naissance à Ornans du peintre Gustave Courbet, auteur de l’Origine du monde mais surtout chef de file de l’école réaliste. Quant à l’immense Victor Hugo (1802-1885), né à Besançon, avoir été contemporain des deux autres suffit…
Un homme engagé
Alphonse de Lamartine publie, à 30 ans, ses Méditations poétiques, dont Le Lac (O temps, suspends ton vol !), considéré comme un des fleurons de la poésie romantique française, qui le rendent célèbre et lui ouvrent les portes de l’Académie française.
Mais Lamartine, fils d’un viticulteur aisé puisqu’il possédait quelque 40 hectares, est aussi, on le sait souvent moins, un homme engagé : député, puis conseiller général de Mâcon, nommé ministre des Affaires étrangères et chef du gouvernement provisoire en 1848, opposé à la peine de mort, il milite aussi pour l’abolition de l’esclavage.
C’est un homme résolument de gauche mais qui n’obtiendra que moins d’un demi-pour cent des voix à la première et seule élection présidentielle de la Deuxième République, remportée haut la main par Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III.
Sur les traces, donc, de Lamartine, le Comité régional du tourisme propose ainsi d’admirer le château de Monceau, à Prissé, (photo) dont Lamartine avait hérité et où il reçut George Sand, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac ou Eugène Sue. Aujourd’hui propriété de la société Saint Vincent de Paul de Lyon, il accueille encore, à la belle saison, quelques Lyonnais nécessiteux.
La Solitude convient à l’écriture…
De l’église du village, on aperçoit, vers le sud, les premiers coteaux du Beaujolais et même, dans le lointain à l’ouest, par-delà le Rhône, la Roche de Solutré dont François Mitterrand fit un lieu de pèlerinage. Et c’est dans un petit pavillon planté au milieu des vignes du Mâconnais, qu’il baptisa La Solitude, que Lamartine écrivit Le Voyage en Orient.
Il n’y était pourtant pas né, non plus que dans la maison familiale de Milly-Lamartine, robuste immeuble en carré protégé par une grille de fer forgé ‘ci-contre) où il passa toute son enfance auprès d’une mère attentionnée. Toujours dans la famille aujourd’hui, qui la fait volontiers visiter, la maison est agrémentée de meubles et de souvenirs pour la plupart d’époque.
Un monument discuté
A Mâcon, le musée des Ursulines, qui invite à un voyage dans la Bourgogne d’antan, possède plusieurs maquettes du monument érigé après sa mort à Lamartine, qui fit l’objet d’une souscription nationale… et d’un intense débat quant à son emplacement. Le musée ouvrira en juillet prochain un espace permanent consacré au poète et à l’homme politique, illustré par des œuvres d’art et manuscrits liés à son souvenir.
Des vins à découvrir
Les vins blancs de Franche-Comté se limitent au Chardonnay et au Savagnin, ce dernier n’existant qu’ici et servant, majoritairement, à la production d’un vin de paille — qui n’existe qu’en demi-bouteille ! — et du fameux vin jaune, vieilli en fûts de chêne 6 ans, 3 mois et 6 jours et embouteillé dans des « clavelins » de 62 cl, une exception à la législation européenne qui veut désormais que toutes les bouteilles de vin aient une capacité de 75 cl.
A découvrir aussi, le Macvin, produit de l’assemblage de moût et d’eau-de-vie de marc du Jura, qu’on peut aussi boire à l’apéritif.
L’ombre du grand homme plane encore, aussi, au château de Pierreclos, imposante bâtisse à l’architecture complexe, à l’époque habité par deux belles-sœurs dont l’une (au moins ?) fut sa maîtresse…
De nos jours, Anne-Françoise et Jean-Marie Pidault y ont aménagé cinq délicieuses chambres d’hôtes, mais la viticulture reste leur vrai métier, grâce à des cépages bio de Pouilly-Fuissé et de Saint Véran, qui produisent de belles bouteilles, à déguster aussi sur la pelouse de la terrasse ou au bord de la piscine.
Victor Hugo, Bisontin
Victor Hugo est bien né à Besançon, même s’il ne vécut que… six mois dans la maison natale, quand la famille déménagea, sans doute au gré d’une autre affectation de son général de père (Mon père ce héros au sourire si doux…).
Mais la maison natale est toujours là, où la Grand-rue s’élargit en direction du fort. Au rez-de-chaussée, la pharmacie a été bien restaurée mais les Hugo vivaient à l’étage, aujourd’hui musée aux salles thématiques et sponsorisées, comme la première, consacrée à la liberté d’expression, parrainée par Reporters sans Frontières.
On y suit le cheminement de l’oncle Victor, du royalisme à la République, de ses combats pour la liberté, de ses emportements contre la misère et les inégalités à travers ses livres et ses innombrables contributions.
A Besançon, il a tout de même sa statue. Mais la ville a vu naître d’autres célébrités encore : à découvrir chemin faisant avec son portable, grâce à l’application gratuite « Balade des gens célèbres ».
(à suivre)