Si la réputation du carnaval de Binche a depuis longtemps dépassé les frontières de la petite cité hennuyère, celle de sa célèbre dentelle reste à (re)découvrir.
Dentelle séculaire, dentelle d’aujourd’hui
Pour approcher ce que fut mais aussi ce qu’est encore l’art dentellier de Binche, il faut se rendre sur la Grand’Place de la ville et repérer un petit commerce judicieusement appelé « Le Fuseau ».*
Un espace, à la fois de vente et d’exposition, certes assez confiné, où le visiteur peut se faire une idée de la maîtrise de cet art dentellier, encore aujourd’hui.
Et cette (re)découverte est très concrète puisque vous rencontrerez au Fuseau Caroline Guerriero et Luciana Stefanini, deux dentellières binchoises chevronnées pour qui le fameux et très difficile « Point de Binche » n’a plus aucun secret !
Elles se feront un plaisir de vous faire redécouvrir cet art dentellier binchois que Victor Hugo a magnifié dans un passage des « Misérables » consacré aux noces de Cosette.
Si les premières archives mentionnant la dentelle de Binche remontent à l’extrême fin du 17ème siècle, c’est dans le courant du 18ème siècle que Binche va connaître une grande activité dentellière avec des milliers d’ouvrières concernées !
Relance
Si la Révolution française marque un temps d’arrêt à l’expansion européenne du Point de Binche, elle reprendra de plus belle par la suite avec un pic en 1856 où les statistiques recensent pas moins de 1.800 dentellières à Binche sur une population totale qui n’excèdait pas les 6.000 habitants.
Mais le succès grandissant de la dentelle mécanique –qui n’atteindra toutefois jamais la finesse du Point de Binche- va peu a peu affaiblir l’artisanat dentellier binchois qui ne survivra que très très difficilement dans les premières décennies du 20ème siècle.
Si un sursaut est constaté au milieu des années 50, il faudra attendre l’extrême fin des années 80 pour que Willy Burgeon, ancien parlementaire et président du Parlement wallon, s’engage à fond pour redonner vie à cette tradition à travers diverses initiatives d’envergure heureusement soutenues par la Région, la ville de Binche et la Province du Hainaut.
Expositions et formations
La naissance du « Fuseau » date de cette époque comme aussi ensuite les nombreux déplacements à l’étranger des dentellières de Binche chargées de promouvoir cet art local multi-séculaire à l’occasion d’événements internationaux comme des Expositions universelles.
Une renaissance soutenue aussi par des écoles supérieure binchoises (Promotion sociale notamment) qui, vu les demandes soutenues, organisent des formations ciblées sur l’art dentellier.
Une tradition donc qui se poursuit et se concrétise, au Fuseau, par des commandes de dentelles contemporaines (utilisant à la demande le délicat Point de Binche) pour des événements familiaux ou encore la création de pièces originales d’habillement comme des chapeaux.
Nouvel écrin
Les efforts de relance de Willy Burgeon, concrétisés aussi régulièrement par des expositions ou encore des publications sur l’art dentellier binchois, seront couronnés prochainement avec le redéploiement d’un Centre de la Dentelle dans de nouveaux espaces qui jouxteront le superbe Musée International du Carnaval et du Masque.
Un magnifique espace avec rez-de-chaussée pour le magasin et les démonstrations et un 1er étage dédié à des expositions permanente et temporaire.
Une investissement de l’ordre du million d’euros soutenu par la Région Wallonne.
D’ici la fin de l’an prochain, le Centre de la Dentelle devrait être logé dans son nouvel écrin.