La crête de neige éternelle qui couronne (pour combien de temps encore) le plus haut sommet d’Afrique (5.895 m) va-t-elle bientôt s’orner de dizaines de poteaux de téléphérique accompagnés de centaines de mètres de câble ? La question peut se poser puisque Constantine Kanyasu, vice-ministre tanzanien des Ressources naturelles et du Tourisme, souhaite faciliter la visite de cette montagne iconique pour les touristes âgés. Selon lui, cet équipement permettrait des visites dans la journée au lieu de la randonnée actuelle, qui dure environ huit jours.
Le travail préparatoire à la réalisation de ce téléphérique a commencé avec des études d’impact. Mais selon le journal tanzanien Exchange, « voyagistes, guides et porteurs ont vivement protesté contre la nouvelle installation, affirmant que l’ascension à pied de la magnifique montagne du Kilimandjaro est une expérience de toute une vie qui ne devrait jamais être compromise par les téléphériques ».
Emplois et recettes touristiques en danger
Le journal précise que quelque 250.000 porteurs vivent annuellement de la montagne qui accueille environ 50.000 touristes par an. Autre critique, la construction de ce téléphérique porterait atteinte à la politique de conservation de la nature « car il encouragera le tourisme de masse et constituera une menace majeure pour l’écologie du mont Kilimandjaro ».
Enfin, souligne le journal, la construction du téléphérique pourrait paradoxalement réduire les recettes touristiques du pays en raccourcissant la durée de séjour des visiteurs de huit à un jour. Les professionnels du tourisme « craignent que l’effet multiplicateur du déclin des frais d’entrée, de camping, de sauvetage et d’équipage se répercute sur l’économie nationale ».