Le débat sur la mixité dans les entreprises publiques de la semaine dernière est en partie tronqué et fait l’impasse sur le fait que les jobs qui seront créés à l’avenir dans le numérique seront des jobs occupés surtout par des hommes. Et ça, c’est le vrai scandale, nous dit amid faljaoui, notre chroniqueur éco.
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Tempête dans un verre d’eau ou vrai problème ? Les deux à la fois, mon général ! Rétroactes: le départ à la pension de Marcia De Wachter comme membre du comité de direction à la Banque Nationale de Belgique a laissé un goût amer à cette dernière. Elle ne s’en est pas cachée et l’a dit par Tweet interposé.
Elle regrette que le gouvernement ait choisi un homme (Steven Vanackere, ancien ministre des Finances CD&V) et non pas une femme pour la remplacer.
La remarque est de bon sens et personne ne trouve bon que la mixité ne soit pas respectée au sein de notre vénérable Banque nationale ou ailleurs.
Mais c’est là, où l’on en vient à la tempête dans un verre d’eau : en dépit de ce qui a été écrit ici ou là, la BNB n’est pas responsable de ce choix masculin.
Pire encore, son rôle est celui de simple… boîte aux lettres ! La Banque nationale a en effet respecté la procédure. Elle a indiqué au ministre des Finances qu’un poste de directeur était à pourvoir et elle a indiqué – noir sur blanc – les critères à respecter pour ce poste, notamment…. tenir compte du fait qu’avec le départ de Marcia De Wachter, il n’y aura plus de femme au sein du comité de direction.
Gênant ? Oui, sauf pour les politiques
Le ministre des Finances était bel et bien au courant, mais tout comme la BNB, il n’a rien à dire car un accord au sein du gouvernement donnait la main libre au CD&V pour choisir le profil idéal.
De source sûre, nous savons même que des candidates de haut niveau proches du CD&V ont postulé pour cette fonction mais se sont entendu dire par les pontes du parti que le poste était déjà octroyé à Steven Vanackere.
Quant à la BNB, elle a auditionné le récipiendaire même si certains en son sein se sont inquiétés d’éventuelles retombées négatives pour l’image de la BNB dans le cadre du dossier des « fonds Libyens ». Tout le monde s’accorde pour dire que les futurs emplois seront dans le numérique.
Hélas, en matière de numérique, la présence des femmes est maigrelette
Dossier dans lequel le rôle de l’ancien ministre des Finances Steven Vanackere reste encore à préciser. En d’autres mots, la BNB n’était pas heureuse de ce choix mais a été mise devant le fait accompli par les politiques.
La critique à l’encontre d’une BNB misogyne est donc déplacée. Le vrai scandale de l’absence de mixité n’est pas (ou pas totalement) à la Banque nationale de Belgique, il est et sera encore plus dans le secteur privé.
Tout le monde s’accorde pour dire que les futurs emplois seront dans le numérique. Hélas, en matière de numérique, la présence des femmes est maigrelette.
A tel point que suite à un sondage européen alarmiste, Digital Wallonia a lancé, il y a quelques semaines, une campagne de sensibilisation auprès des jeunes filles francophones. Pour leur expliquer que la moitié de l’humanité ne peut pas se détourner des jobs d’avenir.
Mais hélas, ces postes en gestation risquent d’être monopolisés par les hommes, pour la simple raison que les filières scientifiques sont « squattées » par des hommes : sciences de l’ingénieur (80% d’hommes) et sciences exactes (66% d’hommes).
Quant aux doctorants scientifiques, il n’y a quasiment que des mâles. Et là, on ne parle pas d’un poste symbolique à pourvoir, mais de l’avenir de plus de 50% de la population.
Les raisons de cette désaffection sont multiples et paradoxales (les filles réussissent en moyenne mieux que les garçons aux études), mais de cela, les médias parlent peu.
Pendant ce temps, soucieux de ne pas apparaître misogyne, le ministre des Finances s’amuse à allumer des contre-feux médiatiques.
Du genre, diminution des salaires et simplification des organes de décision de la BNB. En France, pays des énarques, on dirait qu’il « légifère par anecdotes ».
Dans la cour de récréation de mon fils, on dirait qu’il jette des « boules puantes » pour détourner l’attention de l’instituteur (médias). C’est moins distingué mais tout aussi efficace.