Enthousiasmés par notre séjour au Center Parcs De Haan, l’an dernier en pleine pandémie, nous avons repris la même famille pour tester le parc homonyme surnommé Villages Nature® Paris. Si les grandes lignes de la formule sont similaires – un site dédié aux familles, avec des activités pensées par tranches d’âge -, l’expérience s’est avérée moins qualitative.
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Première semaine d’avril. Les Belges, les Anglais, les Irlandais, une partie de l’Allemagne et de l’Italie sont en congé. Pas négligeable. Entre la montagne et Eurodisney, proche, on nous a dit que les Center Pars faisaient carton plein pour ces vacances – dites « de Pâques » en Belgique. Facile d’accès (de l’autoroute sur 300km au départ de Bruxelles ou à vingt minutes de la gare de Marne-la-Vallée), à quarante minutes de Paris pour une halte culturelle à l’aller ou au retour, la perspective de se reposer un peu puisque les enfants sont occupés, tout est en place pour les « beaux moments » annoncés à travers cinq univers récréatifs.
Résa laborieuse
L’excitation de la destination nous fait oublier combien nous avons galéré pour la réservation. Les prix qui changeaient chaque fois à la fin de l’étape du paiement, un message demandant de s’inscrire après avoir confirmé notre inscription et reçu les mails de confirmation, deux jours de tentatives avant de s’en remettre au call center et comprendre qu’il faudra évidemment payer le deuxième prix et pas le premier – malgré la tentative de notre interlocuteur désolé de notre infortune. La prochaine fois, nous irons dans une agence de voyages.
Où sont les clés ?
Sur place, première surprise, après une première entrée classique où un gentil jeune homme scanne nos QR code qu’il a fallu télécharger la veille, il faut trouver la Welcome House où se trouvent les clés de notre bungalow. Peu ou pas d’indication le long de la route principale, personne ne nous a dit qu’il n’y a pas de parking proche de cette réception qu’il faut rejoindre à pied, impossible de tout déposer dans la maison puisqu’il faut les clés. Compliqué donc pour un adulte seul dans une voiture bourrée d’enfants et de bagages et sous la pluie. Première douche froide.
Cottage seventies
Au bout d’une demi-heure à tourner dans tout le parc, le bungalow, très chauffé et fort bien isolé, nous accueille en mode minimaliste. Le parc a été ouvert en 2017 mais notre Cottage Comfort semble dater des années septante – couleurs orange et vert, mobilier à la suédoise, un peu comme une garderie moderne. Il paraît que les matériaux sont locaux et durables. Nous ne savons pas si cela émeut les visiteurs plus occupés à chercher en vain le kit de bienvenue (trouvé le dernier jour, vide) avant d’aller acheter les produits de base pour laver la vaisselle et maintenir la cuisine en bon état. Nous ne devions pas être les seuls dans cette situation car il a fallu attendre le deuxième jour pour trouver ces produits dans les rayons du Franprix plutôt bien fourni et ouvert jusqu’à 22h. On note avec soulagement que les deux poubelles sont équipées d’un petit sac sélectif – rapport au concept de développement durable que le parc aime rappeler. C’est un logement ‘deux chambres’ mais il ne faut pas être épais. Un lit 160cm et trois planches d’étagère sans tringle dans la parentale, deux lits simples, trois planches et quatre cintres dans l’autre. L’espace restant est occupé par deux lits pliants en bois pour enfants. Ce qui signifie qu’on peut ajouter deux petits, alors que tout est calculé pour… presque deux, enfin quatre. Six assiettes, six couverts, quatre verres, quatre tasses, un four/micro-onde sans doute fabriqué par la Nasa tant il est compliqué d’utilisation – donc opération vaisselle obligatoire après chaque passage à table. En revanche, deux salles d’eau (une douche, un bain) sont agréables en termes d’espace et d’utilisation maïs on aurait pu les concevoir autrement pour éviter le WC à l’intérieur et, peut-être, gagner de la place dans les chambres.
Le digital à toutes les sauces
On passe par le restaurant italien Vapiano avant de tester les (excellents) matelas et les rideaux occultants qui assurent une longue nuit. On revient avec la moitié de nos plats – les portions sont très grandes, un plat sur quatre très bon, le reste pas top rapport qualité/prix mais ça fera le diner du jour suivant. Drôle de service : on attend longtemps avant d’être placés, on ne reçoit pas d’explication et on comprend seuls qu’on doit passer sa commande via un QR code puis tout de même se lever pour aller payer avant que cela soit enregistré. Bon, le responsable se rachète en récupérant une balle envoyée dans le lac à la sortie et en profite pour nous demander une bonne note sur son site.
Aqualagon, le must !
Le lendemain, on cherche ses marques, c’est effectivement plus simple à pied. Le parc est peu fréquenté et heureusement car on a la sensation que le démarrage est laborieux, ou que nous sommes carrément hors saison. Des ouvriers et des petits travaux ça et là, des activités à l’intérieur fermées et le Parc Aventure à l’extérieur, avec sa canopée vantée sur les prospectus, « indisponible » malgré l’absence de pluie et « demain aussi car il va peut-être pleuvoir ». On se rabat sur le super Aqualagon gigantesque (9.000m2 intérieur, 2.500m2 extérieur, bassins, jets d’eau, cascades, parcours avec courant, la totale) mais où il fait froid, loin des 30° annoncés assurés par un système de géothermie. Une partie des toboggans et tous les jacuzzis pour se réchauffer sont « en maintenance ». Malgré qu’aucune des activités encadrées répertoriées sur le site n’est prévue, les enfants adorent. Pour les adultes, malgré le potentiel évident, c’est une deuxième douche froide – au propre comme au figuré.
Restauration décevante !
Le soir, on tente un autre resto. On a compris que ce ne serait pas la semaine bio-bon goût-équilibre, bien que le parc parle de terroir et de produits locaux, et on cède à l’enseigne Miam Miam Burger. Des frites noires, un hamburger comme une semelle et un manager qui n’a que deux tables à gérer et qui tourne les talons quand on répond honnêtement à sa question – « Désolé, non, ce n’est pas très bon. » L’autre famille a l’air d’aimer, ou n’ose rien dire – ce ne sont pas des Belges.
Une équipe aimable mais pas informée
Le lendemain, après avoir téléchargé l’indispensable app pour réserver activités et restaurants (ça, c’est quand le parc est rempli, ici, pas besoin de réserver les restaurants qui sont presque vides) et s’être perdu dans une offre qui reprend les activités d’Halloween en avril, des infos incomplètes ou pas claires, et un laborieux échange téléphonique avec le call center dédié aux réservations, retour à la Welcome House. Là, tous les employés de l’accueil sont charmants mais complètement désemparés. Ils ont les mêmes outils que nous : affichage pauvre et app qui ne reprend pas les activités, ateliers et initiations annoncées sur le site. « On découvre tout au jour le jour. En même temps que vous. Personne ne sait quand les jacuzzis vont rouvrir et même pourquoi ils sont fermés, le Parc Aventure est géré par Disneyland et nous n’avons pas les infos, mais nous pouvons vous réserver un bowling. » Troisième douche froide – d’autant que c’est à l’Aqualagon qu’on finit lorsqu’on n’a pas accès aux activités suggérées, et il fait toujours froid. Ok, pas pour les enfants qui courent partout.
Lait’s Play : l’autre incontournable
Pourquoi pas le bowling ? Mais tentons d’abord la Ferme Bellevie et la plaine de jeux intérieure Lait’s Play adossée à l’enclos des biquettes et des paons qui font les malins pour faire sourire les adultes un peu refroidis. Peu d’activités encadrées à la ferme, sauf un sympathique spectacle une fois sur la semaine et une promenade à dos de poney. L’unique plaine de jeux intérieure, très bien aménagée mais un gruyère de courants d’air pour les parents en mode surveillance, sera donc, tout le séjour, le principal point d’intérêt. Les enfants et leurs nouveaux copains – ça c’est l’avantage des lieux, les petits sont forts en relationnel – ressortent avec des éraflures un peu partout, les engins sont sympas mais pas si bien entretenus, les petites têtes de clous et les échardes font des ravages. Quand les parents côtoyés apprennent que le parc n’est ouvert que depuis cinq ans, ils n’en reviennent pas.
Beaucoup de « hors service »
On promet donc un Bowling d’enfer après une étape Disco pour les petits où les gentils animateurs découvrent la chorée en même temps que les enfants et quittent avant l’heure. La partie de bowling est très sympa mais entachée par un problème de quilles qui ne redescendent pas bien et de joueur qui n’a, une fois sur deux, pas le droit à sa deuxième boule. Là encore, le personnel est très aimable mais impuissant : « Nous sommes barman et serveurs, il faut le signaler à la Welcome House, nous allons vous faire un papier que vous leur donnerez pour une partie gratuite. Non, pas maintenant, il y a déjà quatre pistes hors service. » Chouette, nous irons demain, ou avant de partir ! Ah non, cela n’ouvre qu’à 14h ou 16h.
« Vous êtes satisfait du service ? »
Dernier essai pour faire plaisir aux papilles de tous : la Crêperie Suzette. Comme on pense qu’on est trop difficile, on se dit que ce n’est pas si mal. Petit et cher mais correct. Personnel toujours très prévenant, toujours pressant pour nous faire remplir les questionnaires de satisfaction avant même la dernière bouchée. Laissons le bénéfice du doute à l’établissements restant : le Cépage, annoncé plus qualitatif. Le Bar Bowling ne proposait que des nachos (mais des beaux cocktails colorés) et le Lagon Café était fermé avant l’heure.
Deuxième chance en été ?
A côté du Mini-golf fermé, dans la Forêt des légendes, une très belle aire de jeux dans les bois, avec ponts suspendus et toboggans, on se laisse rêver à ce que cela pourrait être avec les activités promises, ou en été peut-être. C’est vrai que le site et les espaces (on parle de 28.000 arbres et 430.000 plantes) sont attirants, les Jardins extraordinaires doivent être très beaux quand ils sont mis en valeur et entretenus et qu’on y organise les chasses aux trésors, la Plage de sable et la Baignade naturelle donnent envie. On a bien compris que la semaine prochaine, début des vacances de printemps de la France, déjà, il y aura beaucoup plus d’activités ouvertes et ça nous frustre. Malgré notre regard critique, on se surprend à imaginer un deuxième essai à la belle saison. De là à se dire qu’il faut aligner son séjour sur celui des Français pour profiter totalement du parc, c’est en revanche une autre décision que les Belges ont toujours cherché à éviter. Il faudra sans doute y penser un peu plus, surtout quand on se vante d’être ouvert toute l’année. En attendant, nous avons grimpé sur la Tour Eiffel à l’aller et nous sommes passés par la Cité des Sciences au retour. C’était super.