La direction de notre poste nationale n’est pas peu fière de son dernier coup. En rachetant l’entreprise américaine Radial pour 700 millions, bpost se positionne très intelligemment dans l’e-commerce.
L’an dernier bpost a essayé de mettre la main sur la poste néerlandaise, elle a hélas dû abandonner ce projet, car le gouvernement néerlandais avait vu d’un mauvais œil ce rachat par des Belges. Mais un an après cet échec, bpost a frappé un grand coup, cette fois-ci en achetant Radial, une entreprise américaine qui n’est pas seulement active dans la livraison de paquets, mais est également spécialisée dans toute la logistique de l’e-commerce.
Radial propose en effet aux exploitants de magasins en ligne des solutions informatiques qui leur permettent, par exemple, de gérer leurs commandes, leurs stocks et leurs flux de livraison de la manière la plus optimale possible. Autrement dit, grâce à Radial, un colis peut-être expédié depuis un entrepôt, un magasin ou l’usine du fabricant directement.
Tout cela pour dire quoi ? Eh bien que bpost, notre poste nationale, sait qu’elle est concurrencée par le numérique depuis longtemps déjà, une partie de son activité consiste d’ailleurs à acheminer des colis commandés sur Amazon. En rachetant pour 700 M€ une entreprise américaine active dans l’e-commerce, bpost se positionne donc très intelligemment dans ce secteur. En clair, la direction de bpost a compris que si le numérique est une menace pour son activité historique, il peut aussi être une opportunité. Avec ce rachat, bpost va glisser vers ce nouveau monde, vers ce nouveau métier.
« La Bourse ne s’intéresse hélas pas au long terme »
L’idée est de s’inspirer de ce qui se fait aux États-Unis pour tenter ensuite de le dupliquer en Europe, car l’e-commerce y est moins développé qu’aux USA. Et puis, Amazon ne peut pas occuper tout le marché, il y a de la place pour des concurrents. Surtout que le géant maltraite parfois ses clients – je parle des entreprises, pas du client final.
Mais si l’idée de ce rachat est plutôt bonne, la Bourse de Bruxelles n’a en revanche pas aimé ce deal. Le cours de l’entreprise a chuté de 3,5% après son annonce. Il s’agit sans doute d’une erreur de myopie de la Bourse qui a eu peur que le dividende actuel versé par bpost ne soit plus versé à l’avenir, car le profil de risque de l’entreprise belge a changé.
C’est là une vision à court terme, comme le dit Koen Van Gerven, le CEO de l’entreprise: « il faut bien préparer l’avenir de notre société, assurer sa pérennité. Or, le marché du courrier s’évapore. Il faut bien trouver autre chose ». Le CEO de bpost a bien entendu raison, mais la Bourse ne s’intéresse hélas pas au long terme.
Souvenez-vous, elle avait également très mal réagi à la stratégie de Solvay, un autre fleuron industriel belge, en massacrant son cours, il y a deux ans. Mais aujourd’hui, le cours de l’action Solvay a récupéré sa perte et est au plus haut, car la politique de ses dirigeants est enfin reconnue à sa juste valeur ! Espérons que ce sera aussi le cas pour bpost.