Est-ce la fin du « surtourisme » aux Baléares ? Le Parlement régional a approuvé, lundi dernier, un décret-loi de l’exécutif régional qui se veut suffisamment restrictif pour réorienter l’offre hôtelière vers un « tourisme de qualité ». En cas d’infractions, les amendes peuvent atteindre jusqu’à 600 000 euros et inclure la fermeture des locaux pendant un à trois ans. Tous les partis ont voté pour la nouvelle norme, à l’exception du parti d’extrême droite Vox, qui craint que l’archipel ne perde des touristes.
Dans les points les plus chauds de Majorque et Ibiza, la vente d’alcool est déjà interdite dans les commerces entre 21 h 30 et 8 heures du matin. Les hôtels ne peuvent plus inclure dans leurs formules « tout compris » que trois boissons par personne au déjeuner comme au dîner. Les bars devront vendre l’alcool à l’unité, sans offre 2 pour 1 ou 3 pour 1. Et plus question de concours de fellations où les jeunes filles sont récompensées par de l’alcool à volonté…
Les Britanniques particulièrement visés
Le balconing, cette étrange mode, particulièrement en vogue chez les touristes britanniques, qui consiste à sauter de balcon en balcon ou du balcon dans la piscine de l’hôtel, avec son lot annuel de morts et de blessés grave, est interdit sur tout le territoire des Baléares, sous peine d’expulsion immédiate et d’amendes allant de 6 000 à 60 000 euros. Enfin, plus aucun permis ne sera concédé aux party boats durant les deux prochaines années, le temps d’élaborer une nouvelle loi sur les activités nautiques qui régulera mieux ces embarcations où la musique est à fond et où l’alcool coule à flot.
La réputation de ces hauts lieux du tourisme de masse, à bas prix et très prisé des jeunes Britanniques, est telle que de plus en plus de touristes se rendent sur l’archipel sans avoir réservé de logement, pour passer deux jours à boire sans s’arrêter, avant de prendre l’avion de retour.
Du pour et du contre…
A l’origine d’une « Plate-forme pour la défense de la qualité hôtelière », dont le but est la protection des entrepreneurs les plus fragiles, une soixantaine de petits hôteliers de Majorque estiment que leur compétitivité ne résisterait pas à ces nouvelles mesures et qu’ils risquent de perdre 15 % de leur chiffre d’affaires et de devoir licencier de 5 % à 10 % de leurs employés. Et ils demandent plus de temps pour se préparer aux changements légaux.
Pour le gouvernement local, au contraire, pas question d’attendre un été de plus. La nouvelle norme pourra même s’étendre à d’autres zones en fonction des résultats.
[Source : Le Monde]
Certes, les excès constatés aux Baléares méritaient d’être régulés et sanctionnés. Car le déferlement de ces hordes de « visiteurs » assoiffés d’alcool et de sexe n’a évidemment rien à voir avec le tourisme. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? Les quartiers concernés de Palma ou d’Ibiza vont sans doute se vider de leurs poivrots brexités mais ce sera pour qu’ils colonisent d’autres plages et d’autres hôtels avec balcons… Et si pas aux Baléares, ailleurs en Espagne ou dans d’autres pays ensoleillés. Le « phénomène » n’a rien de spécifiquement ibérique : il est le résultat combiné d’une offre aérienne low cost et, surtout, de celle d’Airbnb, cette excroissance de l’Internet dit « collaboratif », qu’il faut brider au plus vite, comme de nombreuses villes et régions dans le monde l’ont déjà fait.