Disney a décidé de faire précéder ses chefs-d’oeuvre d’une mise en garder morale. Et si pour le moment, c’est uniquement aux Etats-Unis, mais cela devrait arriver chez nous. Mais quelle est la portée sociale, psychologique et économique d’un tel avertissement moral .
En cette période de fin d’année, l’une des traditions consiste à aller au cinéma avec ses enfants ou à se blottir au chaud avec eux et à regarder, par exemple, un film de Walt Disney. Si vous êtes dans ce cas, il faudra en profiter, car l’an prochain, vos anciens films de Walt Disney seront sans doute précédés d’un avertissement : « ce programme a été présenté tel qu’il a été créé. Il peut contenir des représentations culturelles dépassées ».
Étonnant ? Non, car c’est déjà le cas depuis le 12 novembre dernier aux Etats-Unis. Comme vous le savez, Disney vient de lancer une plate-forme vidéo comparable à Netflix (elle devrait être bientôt disponible en Europe) et cette plate-forme, appelée Disney +, estime que les films comme Blanche-Neige ou Cendrillon peuvent donner une mauvaise image des femmes. D’où l’avertissement de Disney +.
Bien entendu, ceux et celles qui connaissent bien les Etats-Unis diront que c’est normal, c’est une manière pour Disney de se protéger contre d’éventuels procès dans un pays extrêmement judiciarisé. C’est en partie faux, il n’y qu’à regarder la volonté d’interdire le dernier film de Polanski en France ou la volonté de boycotter la dernière exposition de Gauguin à Londres pour voir que cela ne concerne pas que les Etats-Unis.
Selon Olivier Babeau, écrivain et auteur d’un éditorial sur le sujet dans les colonnes du Figaro, cet avertissement de Disney a aussi une autre signification : c’est quasi l’équivalent d’un avertissement avant la lecture du film violent ou à caractère pornographique.
En effet, l’avertissement suggère selon lui que certains aspects du film posent problème
Et il s’interroge : est-ce que le stigmate d’aujourd’hui, donc l’avertissement, ne risque pas de se transformer demain en interdiction pure et simple ? On commence par émettre des réserves, ensuite on déconseille et au final, on bannit l’œuvre des lucarnes.
Sur le plan économique, on en n’est pas encore là pour la simple raison que pour Disney, et tous les autres producteurs de films, il n’est pas question de jeter au rebut des films qui plaisent encore aux familles et détruire d’un seul coup des milliards de dollars. C’est impensable économiquement !