Gisèle Jamin, la Responsable Promotion & Evénementiel d’Atout France à Bruxelles (*), revient pour Pagtour.info sur le poids et les caractéristiques du marché belge, ainsi que sur les nombreuses opérations et initiatives prises par le GIE pour promouvoir l’Hexagone outre-Quiévrain.
Quelle est l’importance de la Belgique pour le marché français ?
Gisèle Jamin : La France est la première destination des Belges à l’international. Et c’est le cas aussi bien pour les francophones que pour les néerlandophones, même si la façon de consommer est différente selon les régions. Si l’on met à part la gastronomie, partout plébiscitée, on notera en effet que les activités “nature active” – rando, vélo… – l’emportent côté flamand, et plutôt les activités farniente et culture côté francophone.
Quelles sont les destinations des Belges ?
Leur première destination de vacances est la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le Nord répond davantage à la demande de courts séjours. Avec les vacances d’hiver, la région Rhône-Alpes vient complèter le top 3, avec l’Occitanie toutes saisons confondues. J’ajouterais que les Belges sont l’une des clientèles qui consomment le plus. Et ils se rendent majoritairement en France en voiture (72%) ; la part du train augmente mais reste encore limitée (12%), de même que celles de l’avion (8%) et du bus (7%).
Quels sont les marchés sur lesquels vous travaillez en priorité ?
Sur le btoc, nous nous employons d’abord à développer nos parts de marché sur la Flandre, tout en conservant nos positions sur la partie francophone. Dans nos campagnes à l’adresse des Flamands, nous mettons l’accent sur les vacances actives. Qu’il s’agisse du btob ou du btoc, notre stratégie s’articule autour du tourisme vert et durable, avec la volonté de mettre l’accent sur une offre “hors des sentiers battus”, sur une découverte des produits locaux.
Sur le btob, nous assurons d’abord l’organisation et la promotion d’opérations auprès de nos adhérents. L’une des opérations phare, Travel in France, salon professionnel loisir organisé en octobre, met toute l’offre française en avant, à l’adresse des réseaux associatifs, des agences de voyages et tour-opérateurs. Ce workshop existe depuis des années. Mais il ne concernait jusqu’à l’an dernier que la Flandre. Depuis l’année dernière, nous l’avons dupliqué sur le marché francophone, avec une édition en Wallonie.
Ainsi, le prochain Travel in France se tiendra le 12 octobre à Gand et le 13 à Liège (l’édition flamande se tenait auparavant à Anvers et la précédente francophone à Namur, ndr). Nous pouvons dès à présent compter sur une quarantaine d’exposants cette année, venant de tous les coins de France, des institutionnels aussi bien que des acteurs privés. Nous tablons sur la présence de 80 personnes à Gand, d’une soixantaine à Liège. Petite précision, nous offrons le billet de train aux organisateurs de séjours belges qui souhaitent se rendre sur l’événement.
Quid des autres événements à même d’intéresser les professionnels belges ?
Le siège parisien gère deux workshops, avec accueil sur place en France et pré-tours, soit Destination Montagne Grand Ski – sur l’offre hiver comme été en montagne – organisé fin janvier à Chambéry, et surtout Rendez-vous en France, dont la prochaine édition se tient en mars 2023 à Paris.
Sont également organisés à l’international des workshops thématiques plus spécifiques, lesquels ont toutefois tous les 2-3 ans. Ainsi se tient début octobre prochain Destination Vignobles dédié aux TO intéressés ou spécialisés dans l’oenotourisme. Des destinations – surtout des régions – nous sollicitent par ailleurs pour organiser des workshops en Belgique. Ainsi nous présenterons aux professionnels belges l’offre sur l’Outre-Mer (Martinique, Réunion, Tahiti et ses îles) le 27 septembre prochain lors d’une soirée à Anvers. Beaucoup d’autres événements professionnels sont déjà programmés pour 2023.
Les régions françaises manifestent un vif intérêt pour le marché belge, et encore plus depuis la fin de la pandémie de Covid. A la demande de nos partenaires, et notamment des régions, sont également organisés des éductours et des formations pour les agences de voyages, dont celles de France Montagne le 8 septembre. J’ajouterais enfin que nous apportons notre support marketing et communication aux Alpes du Sud, dans le cadre de leur présence au prochain BTEXpo.
Certaines populations d’Europe du Nord plébiscitent les formules packagées des TO. Or, la France n’est pas connue pour être en pointe sur ce type d’offres…
La France est un pays proche, familier, facile d’accès, surtout pour la partie francophone, et donc très désintermédié. Elle n’est pas une destination de tourisme de masse avec des hébergements ‘gros porteurs’ comme on peut trouver sur d’autres destinations. Son offre est très diffuse. L’offre française proposée par les voyagistes s’articule donc beaucoup autour de l’hébergement sec, comme on peut le voir avec TUI et Transeurope, deux acteurs belges importants sur la destination France. L’offre de voyages en groupe proposée par les autocaristes belges n’est certainement pas négligeable et les tour-opérateurs niches proposent également des séjours thématiques.
Quid du tourisme d’affaires ?
Le MICE belge est prioritaire, comme en témoigne notre forte présence sur ce marché. Nous participerons au salon European Mice Event, qui se tient le 29 septembre à Bruxelles, aux côtés de onze partenaires français. Une soirée networking Hauts-de-France est également prévue en novembre, ainsi qu’une soirée prestige Provence-Côte d’Azur Events en décembre. Nous organiserons également en début d’année prochaine, en février ou mars à Bruxelles et en Flandre, deux workshops en soirée spécifiquement dédiés à ce segment de marché, l’un portant sur les congrès et l’autre sur les petits séminaires et incentive. Avec toujours un focus fort sur l’innovation et la dimension durable.
Depuis la crise du Covid, beaucoup d’agences nous interrogent sur la destination France, nous briefent sur leurs besoins, sur les types d’activité recherchées, sur le type de logements souhaités. Géographiquement, la demande porte plutôt sur le Nord de la France, proche et facile d’accès. Mais je rappellerais que Lyon n’est qu’à quatre heures de train de Bruxelles, Marseille à cinq heures trente… Il faut relativiser la question des distances et souligner que le train est le mode de transport actuel le plus écologique.
(*) Ayant intégré Atout France en Belgique en 1994, Gisèle Jamin a fait presque toute sa carrière au sein de l’organisme de promotion de l’Hexagone (si l’on excepte une parenthèse de quatre années à la SNCB), comme responsable du service promotion commerciale, en charge du loisir, du tourisme d’affaires et des événements multi-cibles.