Peu de présidents avaient fait autant pour le tourisme avant Obama. Plusieurs de ses mesures ont légué à son successeur une industrie en plein essor. Mais de nombreux programmes et initiatives nécessitent de nouveaux efforts. Qu’en est-il depuis l’investiture de Trump, qui fêtera bientôt son premier anniversaire ? Petit tour d’horizon après sa dernière déclaration sur « les pays de merde ». Ceci n’est pas une fake news.

L’héritage positif d’Obama

Vieille américaine à Guardalavaca – Cuba ©Hervé Ducruet

La présidence d’Obama a été marquée par 156 visites à l’étranger dans plus de 50 pays, dont le Japon, le Vietnam et Cuba, où les restrictions de voyage ont été levées.

Il a également mis en lumière le patrimoine américain des parcs nationaux à l’occasion du centième anniversaire du Parc Yosemite.

Mais plus important, son administration a mis en place le Travel Promotion Act, qui a notamment créé la Brand USA, premier véritable outil marketing pour le pays. De plus en plus de pays ont rejoint le programme d’exemption de visas, les délais d’attente à l’immigration ont diminué, le TSA PreCheck Program a été crée et le Global Entry Program a été étendu. Différentes mesures qui ont permis d’augmenter de 40% le nombre d’arrivées de voyageurs internationaux sur le territoire américain entre 2009 et 2016.

Tandis que le Président Obama annonçait un plan pour attirer plus de 100 millions de voyageurs étrangers aux États-Unis chaque année d’ici 2021, le nombre de voyageurs américains vers l’étranger est passé de moins de 40 millions en 2009 à près de 80 millions l’année dernière.

Winthrop – Washington State ©Hervé Ducruet

Le virage Trump

Depuis janvier 2017, Trump a décrété plusieurs interdictions de voyage, réintroduit les restrictions pour Cuba, et a fait preuve d’une mauvaise gestion des dégâts causés par les ouragans à Puerto Rico. Conséquence : le nombre d’arrivées internationales aux États-Unis a chuté.

Après les fameux « 100 jours » de la présidence Trump, les professionnels du secteur ont exprimé leurs premières inquiétudes. Il est devenu clair que ni l’hôtellerie, ni les compagnies aériennes n’atteindraient leurs objectifs en 2017.

Ceci étant dit, plusieurs grands groupes ont bien accueilli la réforme fiscale du 22 décembre dernier. Le CEO de Best Western (David Kong), le CFO de Delta Air Lines (Paul Jacobson) et le CEO de Priceline Group (Glenn Fogel) ont par exemple affirmé que la réforme fiscale allait directement bénéficier à leur entreprise et leurs actionnaires. Les projets d’investissements dans les infrastructures ont également suscité un certain enthousiasme, néanmoins tempéré par l’idée du « Mur » avec le Mexique.

Travel Ban: le coup d’arrêt

Ce sont évidemment les interdictions de voyage et de séjourner aux États-Unis qui impactent le plus l’industrie du tourisme américain, qu’il s’agisse du nombre d’entrées en baisse ou de la dégradation de l’image du pays. La première interdiction entrée en vigueur le 27 janvier 2017 a interdit et bloqué l’arrivée de voyageurs en provenance de sept pays à majorité musulmane.

Au-delà du chaos engendré aux aéroports, les compagnies aériennes ont tiré la sonnette d’alarme tandis que toute une série de professionnels du MICE ont préféré éviter les États-Unis tant que le travel ban était en place.

Un sondage réalisé par la Association of Corporate Travel Executives a établi que 45% des personnes interrogées affirmaient que ces interdictions allaient poser de grandes difficultés pour leur entreprise.

De nombreux employeurs continuent à craindre que ces restrictions ne s’étendent à d’autres marchés plus porteurs ou significatifs pour le tourisme américain et le voyage d’affaires, ce qui équivaudrait à des pertes d’emplois dans le secteur.

L’ère Trump prend forme

L’arrivée des touristes internationaux a baissé de 4% au mois de juillet 2017, ce qui correspond aux données les plus récentes publiées par le Département du Commerce. On constate que ce déclin a débuté à la fin de l’année 2016 pour se poursuivre tout au long de l’année 2017.

Sachant que le Président de l’U.S. Travel Association Roger Dow a déclaré que l’économie américaine perdait 2,5$ milliards pour chaque baisse de point sur les arrivées internationales, ceci correspondrait donc à une perte de 10$ milliards. À l’Office de Tourisme de New York, on prévoit 300.000 touristes internationaux de moins en raison de la rhétorique xénophobe du nouveau président. D’autres villes américaines comme Los Angeles ont lancé une campagne « Everyone is Welcome » pour tenter de rattraper les déclarations de Trump.

Au niveau de la dépense publique, une partie des fonds alloués à la Transportation Security Administration (TSA), Amtrak et le trafic aérien vont être réaffectés à la construction du « Mur » avec le Mexique.

L’organisation Brand USA créée par Obama est également sur la sellette. Elle devait normalement être supprimée mais il semble qu’elle sera encore de la partie, au moins pour l’année 2018.

Dans le secteur aérien, le laptop ban qui interdisait aux passagers d’emporter leur ordinateur portable à bord, a clairement été considéré comme une tentative d’affaiblir les compagnies comme Emirates, Etihad et Qatar Air, concurrents des compagnies américaines sur les longs courriers. Paradoxalement, l’administration Trump a déclaré vouloir discuter d’accords Open Skies avec le Qatar et les Emirats Arabes Unis en Décembre, mais il est difficile de savoir ce qu’il en est à ce stade.

Si on constate malgré tout des créations d’emploi entre janvier et avril 2017, plusieurs observateurs attribuent encore cela à l’administration Obama, qui a pris fin juste avant cette période. Au final, on constate que l’industrie du voyage emploie 309.000 personnes de moins au 31 décembre 2017 qu’à la même date en 2016.

 

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