Appliquer le principe de précaution au virus et pas au vaccin ?

Si les Britanniques vaccinent plus vite que les autres Européens, c’est parce qu’ils ont appliqué le principe de précaution au virus et non pas au vaccin comme nous l’avons fait en Europe continentale. Explications.

Et si pour expliquer le retard pris par l’Europe dans sa campagne de vaccination, la culture, l’état d’esprit de notre vieux continent nous en disait plus sur nous-mêmes que n’importe quel discours ? Interrogé à ce propos, l’économiste français Nicolas Bouzou constate – comme vous et moi – que la Grande-Bretagne a plus rapidement vacciné sa population que nous autres sur le continent.

Selon lui, cette différence est imputable au principe de précaution, vous savez, c’est ce principe qui, grossièrement résumé, dit qu’en cas de doute, qu’en cas de moindre risque, on ne fait rien, on s’abstient jusqu’à preuve absolue du contraire.

Selon lui, les Britanniques ont appliqué ce principe au virus et nous sur le Continent nous l’avons appliqué au vaccin et notamment contre Astrazeneca dont l’utilisation avait été suspendue pendant plusieurs jours dans plusieurs pays d’Europe.

J’en parlais hier encore avec un dirigeant hospitalier qui m’indiquait que si Frank Vandenbrouck pouvait être critiqué, il fallait aussi lui tirer son chapeau pour n’avoir pas craqué face aux critiques sur le vaccin Astrazeneca.

En fait, les Britanniques sont d’abord des Anglo-saxons, bref, des gens très pragmatiques, et comme le dit l’économiste Nicolas Bouzou, ils ont appliqué le principe de précaution contre le virus pour des raisons de bons sens. Ils n’ont pas perdu de vue qu’il s’agissait de la crise sanitaire la plus grave depuis 100 ans et de la crise économique la plus difficile depuis 80 ans.

Donc, en gros, il ne fallait pas hésiter à tout mettre en oeuvre pour combattre un ennemi qui menace de faire imploser nos sociétés et tuer notre jeunesse. La différence culturelle se remarque aussi sur un autre front, celui des impôts. En Belgique, en France, vous avez des politiques qui estiment qu’on est riche à 4.000 euros net par mois, c’est leur droit ou leur ressenti.

Aux États-Unis, Joe Biden, le nouveau président, qui n’est pourtant pas un gars ultralibéral, vient d’augmenter l’impôt sur les sociétés, mais aussi sur les contribuables les plus riches. Sauf qu’aux États-Unis, le seuil pour être considéré comme riche nécessite de gagner plus de 400.000 dollars par an, preuve supplémentaire que chacun a une définition de la richesse.

L’administration Joe Biden a envoyé un chèque de 1400 dollars à chaque famille américaine dans le besoin. C’est bien, oui, sauf que ce chèque a aussi été envoyé à des ménages qui gagnent 75.000 dollars par an, comme quoi, là encore, en Europe, particulièrement en Belgique et en France, on considérerait qu’à ce niveau de revenus, vous n’êtes pas dans le besoin.

C’est l’un des rares avantages de cette pandémie : montrer ou rappeler aux Européens que leur vision du monde n’est pas partagée par les autres, ni par les Chinois, ni par les Américains et ni même par les Britanniques.



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