Déjà englué dans la crise du 737 MAX, Boeing a rencontré des problèmes techniques jeudi dernier lors des tests de son futur long courrier 777X au cours desquels une porte de l’avion a été arrachée !
Ces tests, dits de pressurisation, consistent à soumettre l’appareil à des conditions qui dépassent les conditions opérationnelles réelles pour s’assurer de sa fiabilité, de son intégrité et de sa sécurité. Ces tests devaient être les derniers d’une série que Boeing est en train de conduire sur le 777X depuis plusieurs mois. Un porte-parole de Boeing s’est refusé à dire si cet incident allait reporter le premier vol d’essai du 777X, prévu début 2020.
C’est un nouveau coup dur pour l’avion, dont le premier vol d’essai prévu initialement cet été avait été repoussé en raison de problèmes survenus lors des tests du nouveau moteur GE9X de General Electric.
Cet incident accroît les incertitudes sur la date de l’entrée en service de ce gros porteur — entre 400 et 425 passagers — qui a déjà été commandé par huit compagnies aériennes, dont Emirates, et est censé concurrencer l’A350 d’Airbus. [Source : BFM.tv]
Un mauvais moment
Il arrive surtout au mauvais moment pour Boeing, en train de boucler les changements pour obtenir la levée de l’interdiction de vol frappant son monocouloir 737 MAX après deux accidents ayant fait au total 346 morts.
Voilà bientôt six mois que le Boeing 737 Max est interdit de vol dans le monde entier. Et l’avion va encore rester au sol encore plusieurs semaines. Parmi les obstacles qui figurent encore sur la route de l’aéronef figure le processus d’examen des modifications sur l’appareil, qui a pris du retard. La remise en service de l’avion ne devrait pas intervenir avant octobre, si tout se passe bien.
Un retour par étapes ?
Mais un feu vert aux USA n’entraînera pas automatiquement l’approbation de l’Europe. Le retour opérationnel du 737 Max pourrait se faire par étapes, a laissé entendre le patron de l’agence européenne de la sécurité aérienne.
Pour Boeing, c’est un souci de plus. Le retour rapide au service actif du 737 Max pourrait en réalité se morceler dans le temps, en fonction de chaque agence de sécurité aérienne. Les compagnies aériennes qui exploitent l’avion seront aussi confrontées à un casse-tête, car il faudra tenir compte des régions où il est autorisé et de celles qui le refusent encore. [Source : Numerama]
TUI, victime collatérale
Conséquence des deux accidents successifs du Boeing 737 MAX, ces appareils sont cloués au sol depuis près de six mois. Les compagnies aériennes utilisatrices ont dû les remplacer par d’autres appareils et modifier leurs plans de vol. Exemple : TUI, le plus gros utilisateur de ces appareils en Europe avec quinze 737 MAX, dont quatre via la compagnie belge TUI fly. Le seul tour-opérateur allemand estime les coûts de l’interdiction de vol des Boeing 737 MAX à 300 millions d’euros, pour la période allant jusque fin septembre. [Source :La Libre]
Autre « victime » collatérale : Norwegian, qui a été la première compagnie à annoncer son intention d’attaquer Boeing en justice.
Le plus gros sinistre de l’histoire
Plus de 3.000 exemplaires du 737 MAX ont été commandés dans le monde dont, depuis le crash d’Ethiopian le 10 mars dernier, pas moins de 200 par le groupe IAG, maison mère de British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling et Level. Soit autant que les commandes précédentes de Southwest Airlines ou Lion Air, deux fois plus que American Airlines et United, Norwegian et Ryanair, mais moins que Flydubai, qui en a commandé 250. Des compagnies qui, si elles ont versé un acompte à la commande, attendront d’être livrées pour régler leur facture à Boeing… De leur côté, les sous-traitants de l’avionneur sont également payés à la livraison de l’appareil et doivent faire face à un manque à gagner temporaire. Chez Safran, par exemple, on estime que « chaque trimestre supplémentaire coûtera de l’ordre de 300 millions de cash ».
Pour les assureurs, conjugué à une cascade potentielle de litiges et d’éventuelles amendes, le dossier Boeing 737 MAX promet de se révéler « le plus gros sinistre de l’histoire », indiquait l’analyste S & P Global Ratings. [Source : 20Minutes.fr]