Amsterdam s’attaque au tourisme de masse

La ville d’Amsterdam vient de lancer sa campagne « Enjoy & Respect », qui vise particulièrement les touristes britanniques, réputés pour leur indiscipline, et menace désormais d’amendes sévères ceux d’entre eux qui sont à l’origine de la majorité des troubles de voisinage dans le centre-ville, notamment dans le « red district ».

Panneaux sur le mobilier urbain, diffusion de messages sur grands écrans aux endroits les plus fréquentés, avertissements sur les sites de réservation d’hébergement ou de voyage : quatre messages suggérant les situations proscrites et celles recommandées sont diffusés sur un mode ludique plutôt que répressif.

« Le but est de faire prendre conscience aux gens de ce qui est ou non autorisé dans la ville en présentant la bonne conduite comme un libre choix », indique l’agence Amsterdam Marketing chargée du lancement de la campagne diffusée en anglais et en néerlandais

Ainsi, une affiche « Une envie pressante ? » montre à droite un urinoir avec la mention « gratuit », et à gauche une rue déserte où apparaît en gros caractères « 140 € », le montant de l’amende à payer si l’on se soulage dans la rue.

Ce même tarif s’applique au tapage ou si l’on jette des déchets sur la voie publique (photo). Quant à ceux qui déambulent dans les rues en état d’ébriété, l’amende s’élève à 95 euros.

D’un coût de 225.000 €, la campagne est financée par la ville, nombre de musées et d’entreprises ainsi que le secteur de la restauration et des associations de PME locales.

30 millions de touristes en 2025 !

Ces nouvelles mesures s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre une arrivée massive de touristes prévue ces prochaines années. On estime que le nombre de visiteurs à Amsterdam, aujourd’hui de 18 millions par an, pourrait atteindre 30 millions en 2025.

Certes, dans le même temps, les taxes touristiques vont augmenter pour alimenter les caisses de la ville de quelque 105 M € à partir de 2022. Mais cette nouvelle politique va compliquer sérieusement la vie du touriste à Amsterdam.

Ainsi, nombre de moyens de transport qui leur sont destinés vont se raréfier, voire disparaître. Comme les taxis circulant sur les canaux, mais aussi les calèches attelées, ou les Segways, qu’il ne sera plus possible de louer. Quant aux bateaux-mouches, ils devront accoster hors du centre-ville.

Les péniches aménagées en hôtel sont aussi appelées à quitter le paysage touristique. De même, les paquebots de croisière ne seront plus les bienvenus puisque le terminal, situé près de la gare centrale, va disparaître. Les cars de tourisme, eux, n’auront plus accès au centre-ville.

Les petits commerces sont également visés

Aucun nouveau commerce ne sera désormais autorisé à ouvrir dans le centre-ville s’il a pour seule cible les touristes étrangers. La mairie entend ainsi lutter contre la prolifération des officines vendant des tickets d’excursion, des boutiques « loges de concierge » pour les clés d’Airbnb, des commerces alimentaires opportunistes (glaciers, snack-bars, magasins de fromage, de babioles et d’autres colifichets « made in Holland »).

Et les grandes chaînes de magasins de vêtements ou de restauration n’obtiendront à l’avenir que des permis d’exploitation au compte-gouttes.

Quant aux locations de meublés, dont celles faites via Airbnb, déjà limitées à 60 jours par an, elles seront encore réduites de moitié. C’est sans doute grâce à sa politique de lutte contre ce type de locations qu’Amsterdam est déjà la seule capitale européenne où dormir à l’hôtel revient moins cher que d’utiliser Airbnb.

[Source : Les Echos]

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