Pour Emmanuel Marill, directeur d’Airbnb France, c’est le « grand virage » de la plate-forme collaborative depuis huit ans qui veut de plus en plus compter comme un acteur incontournable du tourisme… quitte à s’asseoir sur la législation européenne…
Invité dimanche soir de l’émission Écosystème sur Europe1, le patron d’Airbnb France a fait le point sur l’activité et les projets de développement de la plate-forme collaborative. Aujourd’hui, en France, ce sont 350.000 annonces annoncées et 10 millions de touristes accueillis, ce qui place l’hexagone comme deuxième marché après les USA, Paris étant la 1ère destination mondiale des clients d’Airbnb…
Désormais, 19.000 communes réparties sur tout le territoire sont désormais accessibles. Mais, comme l’explique le patron d’Airbnb, les possibilités de développement sont énormes… « Il y a en France 3 millions de résidences secondaires dont 2,7 millions qui ne sont jamais louées. Ça offre un formidable potentiel »… Ainsi, à l’approche des sports d’hiver, Airbnb offre pas moins de 15.000 adresses à la montagne, ce qui permet à Airbnb de se « différencier de la concurrence »
« Airbnb veut être un acteur du tourisme »
Interrogé sur le profil moyen d’un hôte Airnbnb, Emmanuel Marill indique qu’en moyenne, un logement est loué environ 26 nuitées par an pour un « profit » annuel d’environ 2.100 €, ce qui « est plus qu’un treizième mois », remarque-t-il.
Sur les projets à venir de la plate-forme, la patron d’Airbnb est on ne peut plus clair « Airbnb veut être un acteur du tourisme ». Pour cela, la plate-forme vient de lancer il y a quelques semaines « Expériences », un concept qui va révolutionner la consommation touristique selon le patron d’Airbnb France.
« Jusqu’à présent, elle se résumait à Transport, Hébergement, Activités sur place ». Avec « Expérience », « Airbnb veut donner à chacun la possibilité d’être un acteur du tourisme »… Ainsi, des passionnés de peinture, sculpture, street art… même s’ils ne proposent pas d’hébergement référencé sur la plate-forme, pourront se transformer en guide touristique… Aujourd’hui, 12 villes dans le monde proposent« Expérience ». Elles seront 50 l’an prochain selon le patron d’Airbnb France. On rappellera juste, en passant, que l’activité de guide nécessite un diplôme … au moins en France..
« Nous ne sommes pas une agence de voyages »… Mon œil !
A la question du journaliste lui demandant justement « s’il ne faut pas une formation pour cela ? », la réponse d’Emmanuel Marill laisse sans voix. « Nous avons un luthier à Paris. Il a son expérience incontournable qu’il se propose de partager .. Il sait de quoi il parle »… Fermez le banc !
Il précise toutefois que « nous ne sommes pas une agence de voyages … nous ne vendons pas de billets d’avions »… pour l’instant… Mais le patron d’Airbnb n’exclue pas (loin de là), dans un proche ou futur avenir, de proposer cette offre… Sans être devin, cela semble la voie de développement la plus envisageable pour la plateforme… Mais pour être un acteur du tourisme, il y a aussi des lois à respecter en France et en Europe…
Ce que le patron d’Airbnb visiblement ne connaît pas, c’est la législation concernant la vente de produits touristiques en France et dans l’UE. Et ce que semble visiblement ignorer Emmanuel Marill, c’est que la combinaison de deux éléments constitutifs d’un voyage (et pas forcément avec un billet d’avion à la clé), ça s’appelle un forfait (un package), et qu’il faut une licence en Belgique, ou une immatriculation en France pour pouvoir le vendre… Mais, visiblement, Airbnb s’en contrefiche. Il suffit d’aller sur le site à la rubrique « Expérience » pour s’en convaincre…