Alors que la France prévoyait de sortir du capital d’Air France l’année dernière, les Pays-Bas viennent de monter au capital d’Air France-KLM sans en avertir les autorités françaises. Les conséquences sont nombreuses.
Les Pays-Bas se renforcent au capital du groupe aérien
L’annonce du gouvernement néerlandais de l’achat de 12,68 % du capital d’Air France-KLM s’est fait en catimini. La volonté du gouvernement néerlandais est d’avoir une participation égale à celle de la France qui possède 14,3 %. Il semblerait que nos amis hollandais veuillent influer plus fortement sur les décisions du groupe aérien.
Une réaction mesurée de la France
Bruno Lemaire, ministre des finances précise : « Je prends acte de cette prise de participation du gouvernement néerlandais, qui s’est faite sans information du conseil d’administration ni du gouvernement français ».
Au travers de la réponse, on peut percevoir l’irritation du gouvernement français. Reste à savoir ce que décidera la partie française après ce coup bas qui intervient quelques jours après des décisions de Benjamin Smith, le patron d’Air France-KLM.
Les néerlandais veulent protéger leurs intérêts sur l’aéroport d’Amsterdam Schipol
Du côté de KLM, les tensions ont été vives autour d’un éventuel remplacement de Pieter Elbers. Les employés de KLM ont menacé de faire grève et avaient lancé une pétition. Benjamin Smith avait rencontré le ministre des transports et le ministre des finances des Pays-Bas.
Ce dernier, Wopke Hoekstra, avait déclaré aux journalistes qu’ils avaient eu des « discussions intensives » avec le patron du groupe AF-KLM. Au-delà du fait que KLM a réalisé près de 80 % du résultat du groupe en 2018, la volonté néerlandaise se porte sur la volonté de protéger les intérêts de Schiphol.
Les synergies devaient être centrales entre Air France et KLM
Pieter Elbers était renouvelé à son poste de patron de KLM. En contrepartie il devait accepter la nomination du patron d’Air France- KLM au conseil de surveillance de KLM.
Cette solution allait dans le sens d’un rapprochement entre Air France et KLM pour profiter des synergies. Si la solution de Ben Smith se voulait logique ; les néerlandais voulaient conserver une surprenante indépendance.
Le cours de bourse en baisse
Après l’intervention des Pays-Bas, le cours de bourse est en baisse le mercredi 27 février 2019 de plus de 10 %. La France garde la main en ayant des droits de vote double.
Cependant, les Pays-Bas pourront accéder à ce statut au bout de 24 mois, comme tous les actionnaires au nominatif. Pour le moment, ils n’ont juridiquement peu de poids sur les décisions stratégiques.
Les français ont encore un peu de temps pour réagir face à cette attaque surprise des hollandais. Si rien n’est fait, ils pourraient remettre en question les intérêts économiques de la compagnie Air France-KLM.
Serge Fabre