La compagnie aérienne Aigle Azur a annoncé, jeudi 5 Septembre au soir, l’annulation de tous ses vols. Le syndicat national Les Entreprises Du Voyages pousse un coup de gueule (voir notre article suivant) sur le traitement inéquitable entre agences et compagnies aériennes.
L’avenir de la deuxième compagnie aérienne française reste encore totalement incertain alors que Bruno le Maire a évoqué « une offre principale et deux offres sérieuses » de rachat. Si pour les salariés (1 150), les clients et les agences de voyages, cette situation est épouvantable, pour certains transporteurs aériens, c’est belle et bien une opportunité !
Les clients directs d’Aigle Azur
Selon diverses sources, 15.000 passagers seraient concernés par la faillite d’Aigle Azur. Les clients, ayant réservé directement via la compagnie aérienne, doivent compléter un document de demande de créance. Il y a très peu de chance qu’ils obtiennent un remboursement pour les trajets non effectués. Ils doivent donc se débrouiller pour trouver une solution de transport. Une bonne raison d’inciter les clients de réserver via une agence de voyages.
Les clients ayant réservé via une agence
Les Entreprises du Voyage ont conseillé à tous ses adhérents de mettre en remboursement tous les billets réservés, mais non encore émis. En tant que mandataire de la compagnie, les agences de voyages ne sont pas tenues de les rembourser pour des billets d’avions secs.
Par contre, dans le cadre d’un forfait, les billets doivent être remboursés.
Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage, entendait demander ces sommes à l’IATA et prévoyait, en cas de refus, de déposer un référé pour qu’elles soient bloquées, afin de pouvoir rembourser une partie des clients. En attendant, les agences et voyagistes, font le maximum pour trouver des solutions à leurs clients.
« Pour pouvoir rembourser le maximum de clients pénalisés par l’arrêt des vols d’Aigle Azur, les Entreprises du Voyage (le syndicat des agences de voyage) demande aux agences de lancer la procédure de remboursement des billets qui n’ont pas encore été émis ». « Nous demandons aux agences de lancer la procédure de remboursement des billets qui n’ont pas encore été émis et prépare un référé pour bloquer les sommes des billets émis depuis le 15 août et non encore reversées à Aigle Azur« .
Air France serait en embuscade
Dans un premier temps Air France et Vueling vont proposer aux passagers d’effectuer leur voyage à des tarifs promotionnels afin de compenser l’arrêt des vols d’Aigle Azur.
Dès Lundi 9 Septembre, les sociétés intéressées par Aigle Azur devront avoir déposé une offre de reprise. A défaut, l’entreprise sera liquidée. En fait, les créneaux horaires d’Air Azur au départ d’Orly représentent un beau trésor.
Il n’y aurait pas moins de 10 000 créneaux. Air France se préparerait à une offre de reprise partielle. Air Caraïbes et French Bee lorgne sur le dossier. Vueling (groupe IAG) avait fait une proposition pour lui racheter son activité portugaise équivalant à 4.000 créneaux.
Quelques dommages collatéraux
La compagnie Air Austral avait loué à Aigle Azur un Airbus A330-300 dédié à la ligne Mayotte-Paris pour 3 des 7 rotations prévues par semaine, les lundis, mercredis et dimanches dans le sens Mayotte > Paris et les mardis, samedis et dimanches dans le sens Paris > Mayotte.
Compte tenu des difficultés d’Aigle Azur, Air Austral annonce « des ajustements » sur une période du 7 au 21 septembre, mais affirme être « en mesure de confirmer que l’ensemble des passagers pourra être transporté« .
Une solidarité de la Fnam
Suite à la réunion qui s’est tenue vendredi 6 septembre 2019, avec Jean-Baptiste Djebbari, Secrétaire d’État aux Transports, les compagnies françaises, membres de la FNAM (Fédération Nationale de l’Aviation Marchande), se sont mobilisées, en coordination avec la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile), pour recenser les avions disponibles et mettre des sièges à disposition des passagers d’Aigle Azur.
Air Caraïbes, Air France, Corsair et XL Airways, ont proposé des solutions de rapatriement aux autorités françaises, si cela devenait nécessaire. Ces compagnies ont décidé unanimement de le faire à prix coûtant.
Des anciens du groupe Air France souhaiteraient reprendre Aigle Azur
Selon le journal La Tribune : « Lionel Guérin (ex DG d’Air France) et Philippe Micouleau (ex PDG de HOP) auraient envoyé un courrier au (comité interministériel de restructuration industrielle) et à l’administratrice judiciaire pour leur faire part de leur intérêt pour sauver Aigle Azur.
Pour éviter une vente à la découpe qui fera disparaître Aigle Azur, ils proposent de trouver de quoi faire vivre l’entreprise pendant trois mois pour permettre la mise en œuvre d’un plan de retournement ».
Ils affirment avoir l’aval de la majorité des pilotes Aigle Azur.
Dans tous les cas, les distributeurs attendent avec impatience une solution ! Non seulement, pour ne pas laisser en rade les passagers lésés mais également pour une meilleure protection contre le risque de faillite des compagnies aériennes.