AF-KLM : Lettre ouverte à Macron

Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’État français, des leaders syndicaux d’Air France et de KLM, anciens ou actuels, demandent que l’état ne s’immisce pas dans les nomination au sein du groupe. Nous la reproduisons dans son intégralité…

Monsieur le Président de la République,

Voilà des semaines que le feuilleton de la nomination du successeur de Jean-Marc Janaillac à la tête du Groupe AF KL s’étale pitoyablement dans les médias. Cela n’a que trop duré. De deux choses l’une : – soit l’État que vous représentez, fort de ses 14%, fait comme il l’a toujours fait et décide en lieu et place du conseil d’administration du groupe mais alors l’indépendance et la compétence des personnalités qui y siègent pourraient être légitimement questionnées; – soit l’État n’intervient plus du tout dans le processus de désignation de l’exécutif et laisse des personnalités qui représentent l’ensemble des actionnaires du groupe décider de ce qui est bon pour la compagnie.

La crise de gouvernance fragile Air France-KLM

Air France-KLM traverse aujourd’hui une grave crise de gouvernance qui la fragilise, ruine son image de marque, celle de l’État, éloigne la clientèle et sape le moral des salariés. Les différentes parties prenantes, dans des jeux de pouvoir qui n’ont pas grand-chose à voir avec le bon fonctionnement d’un acteur majeur de l’économie française, ne se focalisent aujourd’hui que sur le nom du successeur de Jean-Marc Janaillac.

De notre point de vue, c’est une erreur. Cette analyse est confortée par le fait que le futur patron d’Air France-KLM sera le quatrième en cinq ans. L’histoire récente prouve donc que cette méthode occulte de désignation, avalisée par votre Administration, est un échec et, sans aucun doute, une des explications des mauvais résultats de la compagnie. Aucune entreprise, publique ou privée, ne peut se permettre un tel renouvellement de son exécutif… Ainsi, la question qui doit être tranchée de manière urgente au plus haut niveau de l’Etat est celle de son ingérence directe, et indirecte, dans les affaires d’une entreprise privée dans laquelle il ne détient que 14% du capital mais exerce de facto un pouvoir absolu.

Gouvernance adéquate

Ensuite, le conseil d’administration devra décider de la gouvernance adéquate et de l’organisation correspondante du groupe. Le patron d’Air France-KLM doit-il aussi être en charge d’Air France, comme c’est le cas actuellement, ou bien les différentes entités du groupe doivent-elles avoir plus d’autonomie dans leur gestion quotidienne à l’image de ce qui se passe chez IAG ou Lufthansa? Le patron d’Air France-KLM doit-il consacrer autant de temps aux affaires purement Air France ou se consacrer prioritairement celles qui concernent le groupe tout entier… Le futur Président d’Air France-KLM doit-il aussi présider le Conseil d’administration ou bien les fonctions doivent elles être séparées ?

Ensuite, le Comité de Nomination devra rechercher une ou plusieurs personnalités, françaises ou étrangères, dotées d’une très grande expérience dans l’industrie du Transport Aérien, d’une vision, d’un solide charisme et d’une bonne dose de courage, pour exercer les fonctions de CEO.

Monsieur le Président, à laisser l’histoire se répéter, il est fort probable qu’Air France subisse le même sort qu’Alitalia, Sabena, Malev et tant d’autres en Europe, disparues et remplacées par une concurrence étrangère qui n’aura que peu de considération pour le tissu économique national.

Nous pensons que l’État n’a plus vocation à gérer une entreprise privée soumise à une concurrence féroce mais c’est à vous et vous seul qu’il appartient aujourd’hui d’en décider. Rapidement, publiquement. La survie d’un des fleurons de l’industrie française en dépend.

LES SIGNATAIRES :

Erick DERIVRY Commandant de Bord B777 Air France, ancien Président du SNPL France ALPA,

Bernard PÉDAMON Commandant de bord B777 Air France, ancien membre du Conseil d’Administration d’Air France-KLM,

Philippe RAFFIN Commandant de bord A320 Air France, ancien Vice-Président du SNPL Air France ALPA,

Robert SWANKHUIZEN Mécanicien KLM, Président de NVLT

Steven VERHAGEN Commandant de bord A330 KLM, ancien Président de VNV, ancien Président SPAAK.

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