A380 : Pourquoi Airbus a jeté l’éponge

L’annonce jeudi de la fin de la production de l’A380 suscite plus de regret pour la fin d’une aventure que d’inquiétude sur l’emploi. « Même si la rumeur courait depuis un certain temps, tout le monde espérait un miracle« , a notamment affirmé Jean-François Knepper, délégué syndical central de Force ouvrière (FO), premier syndicat à Airbus.

Il évoque un « traumatisme, une blessure, pour l’ensemble des salariés« . L’emblématique géant des airs entré en service en 2007, en bout de course faute de commandes, cessera d’être livré en 2021.

L’avionneur européen a promis que les 3.000 à 3.500 salariés concernés d’ici trois ans par la fin du programme seraient aisément reclassés en interne, mais M. Knepper reste prudent.

« On sait qu’Airbus ne manque pas de ressources et les salariés pourront être recasés », dit-il. Mais il y a « toujours une inquiétude sur l’emploi car la concurrence est féroce avec les États-Unis« .

« C’est aussi un drame pour les sous-traitants, les fournisseurs, les entreprises assurant la logistique« , relève le représentant FO. Le plus important pour lui, aujourd’hui, est de « faire l’autopsie de cet échec, pour que ça ne se reproduise plus« .

Une grande part d’affect

Boudé par les compagnies, le programme avait été maintenu en vie ces trois dernières années grâce à un ralentissement du rythme de production et à la bouffée d’oxygène offerte il y a un an par une nouvelle commande du principal client de l’A380, Emirates.

Mais la compagnie du Golfe a finalement décidé de réduire ses achats, douchant définitivement les espoirs de survie du plus gros avion de ligne au monde.

« Nous attendons maintenant des rencontres avec la direction pour mesurer les conséquences sociales« , explique quand à elle Mme Vallin, coordinatrice du deuxième syndicat à Airbus, la CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres).

Elle se dit toutefois « confiante sur la bonne santé d’autres programmes devant permettre de redéployer les salariés, en France en tout cas« . Même si, « en Espagne ou en Angleterre ce sera peut-être différent« .

« Les employés d’Airbus sont attachés aux avions, il y a une grande part d’affect dans notre travail« .

L’Etat et les collectivités locales avaient aidé à l’envol de l’A380, avec notamment le grand chantier de 250 km d’itinéraire routier à grand gabarit (IGG), lancé en 2002 pour permettre à l’avionneur d’acheminer les pièces.

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